C’est une drôle de bestiole.
Mi-profession libérale, mi-profession réglementée par l’Etat.
Sa dualité n’est pas due au hasard. Gérer des fonds publics en gagnant suffisamment sa vie pour ne pas être tenté de piocher dedans, et rendre des services à l’Etat sans que cela ne coûte à ce dernier.
Pour satisfaire aux deux objectifs, un délégataire de l’autorité publique exerçant sous forme libérale avait alors paru à ses créateurs le statut idéal.
Un ornithorynque, quoi.
Une bestiole à part dans la variété de la création.
Oui mais voilà.
L’espèce est en voie de disparition.
Les changements de société actuels, qui repoussent les lisières du Droit Continental, qui déforestent le Service Public au profit de la Finance, rendent incongrue l’espèce unique qui ne rentre dans aucun cadre.
La Loi Macron, poussée par l’élan de nombreux rapports et de Commissions, demandés et écrits par Bruxelles et la Troïka, aux ordres des prédateurs que sont les Financiers, s’est attaquée à l’espèce :
En restreignant et en modifiant son alimentation, donc en affaiblissant ses ressources et sa force vitale.
En modifiant son espace de vie, l’obligeant à multiplier ses congénères désormais de tous poils.
En la forçant à s’accoupler avec ses prédateurs.
GreenPeace ne s’est pas encore penchée sur le sujet, mais la disparition programmée sur le sol européen, de cette espèce endémique, a tout de même fortement alarmé les scientifiques (les grands professeurs de Droit et la communauté des juristes).
Va-t-il falloir garder un couple ou deux, quelque part dans un zoo ou une réserve, au cas où, la disparition faisant place à un dysfonctionnement de l’éco-système juridique, il faille les réintroduire ?
En les étudiant de près, on s’est toutefois aperçu que l’espèce était en train de muter.
Les agressions répétées dont elle fait preuve depuis quelque temps ont déclenché un phénomène naturel de défense, qui tend à s’amplifier ces derniers temps : il a d’abord grogné, ensuite il s’est débattu, mais aujourd’hui il mord.
La réaction que l’on est en train d’observer chez notre « orNotairynque » est assez inédite : on lui trouve désormais des gènes de pitbull.
L’espèce, menacée, va donc sans doute prendre un peu plus de temps que prévu à disparaitre.