PLUMES, BATTUES, DEMOCRATIE, MACRON.
Nous étions habitués à décrypter les lois.
A les comprendre, à les traduire, à les appliquer. Mais jamais nous n’avions approché leur processus d’élaboration d’aussi près.
Nous avons suivi, heure par heure, minute par minute, les débats, les échanges, les reculs, les blocages.
Nous avons vu des élus détachés, indifférents, hypocrites. D’autres impliqués, sensibles, mobilisés.
Nous avons découvert les débats ouverts, publics, en Commission des Lois, où chacun défend son amendement, négocie, recule.
Nous avons alors vu un Ministre, entouré des deux députés ayant établi des rapports sur la loi, l’un pour, l’autre contre, confondus dans un même élan de soutien, déclamer en pleine Assemblée le vocabulaire de circonstance, à l’emporte-pièce, cosmétique fumeuse de la communication politique : malthusianisme, rentes de situation, privilèges, cooptation, verrouillage…
Nous avons vu heure par heure, la volonté acharnée de détruire une profession, en place depuis Saint Louis, qui a accompagné la France dans toutes ses étapes de croissance, ses guerres, ses réformes.
Nous avons vu une profession de juristes, assermentés, délégataires de l’autorité publique, qui accomplit quotidiennement de nombreuses missions de services publics, vilipendée car portant l’infamie de gagner, pour certains d’entre eux seulement, un peu plus que la moyenne (alors que ce même Ministre, qui s’indigne qu’on lui reproche des années passées dans une banque d’affaires, revendique le droit pour une jeunesse, soit-disant épanouie, d’être milliardaire…)
Et nous avons entendu, surtout, de la bouche même de ce Ministre, que des menaces de mort, ont été proférées par « DES officiers ministériels ».
Stupeur…
Nous découvrons finalement, quelques semaines plus tard, que LA menace, n’était qu’une photo parmi 140 autres, un brin potache et provocante, adressée par une Association de collaborateurs, sur le réseau public Twitter, et sur laquelle un notaire corse se mettait en vente et affichait ses compétences en matière de « plumes, battues, Macrons, Ferrand …».
Un mois après #JesuisCharlie, et les émois suscités par la Liberté d’expression, en France, le droit de rire de tout, même de ce qui peut choquer, même de ce qui peut ne pas être drôle, Maître Bartoli du fonds de ses montagnes corses, a froissé le Ministre.
Maître Bartoli s’est retrouvé convoqué, entendu, et va être prochainement sanctionné par ses instances professionnelles qui n’ont pas d’autre choix que d’anticiper ce qu’aurait pu exiger le caprice du Ministre courroucé, et vont ainsi éviter qu’il ne soit puni pour l’exemple.
Maître Bartoli a suscité un énorme élan de solidarité, aussi réactionnel en proportion que la manipulation du Ministre.
Maître Bartoli devenu quelque part aujourd’hui, à son corps défendant, le symbole d’un gouvernement sans argument, préférant brandir l’opprobre de ses contradicteurs à une dialectique sensée, étayée, pour construire une loi.
Nous avons découvert ainsi que nos impôts payent des Ministres, et c’est normal, payent des parlementaires, et c’est normal, payent des hauts fonctionnaires, et c’est normal, mais payent aussi des agences de com pour démolir l’honneur des officiers ministériels.
Et ça, ce n’est pas normal.