Candidate aux élections législatives de 2012 (candidate d'union EE-LV/PS ) j'étais particulièrement ravie de porter l'engagement relatif à la fin du cumul des mandats alors qu'en 2009, avec quelques abonnés de Médiapart, nous avions tenté la création d'un collectif pour mobiliser contre le cumul des mandats.
Faute d'être audacieuse, la forme allégée que vous aviez choisie était au moins un vrai pas dans le bon sens pour sortir enfin de cette anomalie bien peu démocratique que constitue la concentration entre quelques mains de pouvoirs locaux et nationaux.
La forte revendication des militants PS et écologistes dans leurs instances respectives de mettre fin au cumul était évidemment porteuse d'espoir alors que l'alternance en 2012 était déjà l'option la plus probable. Les parlementaires de ces deux partis devaient rendre leurs mandats exécutifs locaux dès leur élection. Certains l'ont fait. Trop peu. Certains ont expliqué que la réforme pouvant s'appliquer pour tous à partir de 2014, il n'était pas nécessaire d'anticiper.
En juin 2012 un sondage IFOP montrait que 91% des français était favorable à cette promesse. Difficile de trouver plus grande unanimité!
Le respect de cet engagement dès l'ouverture de la nouvelle mandature aurait été un geste fort. Une façon de dire "Nous, parlementaires de gauche et écologiste affirmons notre volonté de sortir notre République de l'oligarchie dans laquelle elle s'est enfermée depuis trop longtemps. Notre intérêt personnel n'est pas notre priorité". Oui, cela nous aurait fait du bien...
Vous nous avez assuré le 28 mars que cet engagement serait respecté "avant la fin du quinquennat".
Beaucoup disent que vous vous apprêtez à suivre l'avis du Conseil d'Etat. Que dit-il? Que vous pouvez prendre les enfants de la République pour des débiles profonds à seul fin de préserver les intérêts personnels de quelques parlementaires cumulards qui ne veulent rien lâcher de leur pouvoir personnel! La Constitution n'interdit en rien de limiter les conditions de cumul des membres des exécutifs locaux et territoriaux à l'occasion des élections à venir.
Faire le choix de la procrastination en attendant fin 2016 ou 2017 pour honorer cette promesse revient à faire dire aux parlementaires de la majorité, hélas par extension même à celles et ceux qui veulent le respect rapide de cette promesse: "Notre intérêt personnel d'abord! Nous avons gagné quelques années!". Face à la défiance croissante de la population à l'égard de ses représentants, c'est démocratiquement effarant.
Parce que c'est le pire choix que vous puissiez faire, j'ose encore espérer que vous ne le ferez pas et que votre projet portera sur la mise en place progressive au fil des prochaines élections.