Le 28 mars dernier Olivier VERAN, actuel Ministre de la Santé, annonce enfin officiellement "la commande de plus d’1 Milliard de masques à la Chine pour 1,5 millions d'euros" (soit 0,0015 cts l'unité). Ces masques, payés grâce aux impôts et taxes des contribuables, ont commencé à être livrés le 29 mars, soit, dès le lendemain, sur le territoire français.
En entendant Robert SEBBAG, infectiologue de la Salpêtrière, s’insurger un mois plus tard, le 25 avril : "Je n’en peux plus, pour un bout de papier de Masque on est en train de souffrir et de contaminer !', je me suis bêtement demandé :
"Mais, où sont passés tous ces masques et à qui sont-ils destinés ?"
Les deux réponses sont tombées ce 1er mai 2020 :
- depuis un mois, la grande majorité de ce matériel de protection sanitaire (500 millions environ) est stockée, au détriment de la santé des citoyens et des personnes en danger dans les EHPAD.
- Et à qui sont-ils destinés ? En partie aux grandes surfaces, déjà privilégiées depuis plus de deux mois, par un monopole de la commercialisation des denrées non-alimentaires.
Quelle chance ! Un nouveau "marché", autorisé à revendre nos propres produits 0,95 cts l’unité, soit 600 fois plus cher que ce que nous les avons déjà achetés, et qui va rapporter des centaines de millions d'euros.
Face à cette décision, les pharmaciens expriment leur « dégoût » : souvent en rupture pendant cette période de réquisition gouvernementale (y compris pour leurs clients professionnels de la santé), ils ont dû refuser la vente aux particuliers sous peine de condamnation et doivent encore attendre pour recevoir leurs masques en tissu.
Au début, j'ai pensé à une mauvaise plaisanterie. Mais, en recherchant un peu, il s'est avéré que, visiblement, cette gestion de la pénurie ne date pas d'aujourd'hui…
Le gouvernement a-t-il honoré son devoir de « protection des populations » ?
« Nous avons des dizaines de millions de masques en stock en cas d’épidémie, ce sont des choses qui sont d’ores et déjà programmées », affirmait la Ministre de la Santé Française le 26.01.2020. Une intervention qui, factuellement, prouve que ce gouvernement était parfaitement conscient du devoir d’anticiper ces situations « à risques », sans pour autant, respecter son rôle et ses engagements.
En réalité, aucun Ministre ne pouvait ignorer, en ce début de crise, que :
- le stock nécessaire d'1 Milliard et demi de masques, avait été détruit en 2012, sans jamais avoir été renouvelé,
- la totalité des entreprises françaises de production de ce matériel sanitaire avaient dü fermer, faute de commande,
- les infrastructures hospitalières subissaient toutes, des réductions de budget drastiques.
Petites entreprises et citoyens ont été délaissés pour privilégier des accords avec les Marchés Internationaux, qui ont concédé à la Chine, 80% de la fabrication du matériel sanitaire mondial, laissant le sort de toutes les populations entre les mains d’un seul pays étranger. Une position, rappelons-le, soutenue avec ferveur par Macron dans son programme Européen du 2 mars 2017, qui place dans ses 7 priorités : « La Chine est un acteur fondamental avec lequel la France et l’Europe doivent renforcer et équilibrer leurs relations dans les domaines sécuritaires, commerciales et écologiques. Nous lancerons dans cet esprit avec nos partenaires européens une initiative globale pour négocier un accord transversal avec la Chine. »
Si ces décisions avaient « servi de leçon », il serait possible de les reléguer à des erreurs du passé. Le problème est, que ces choix viraux se répètent et continuent de favoriser la propagation.
Depuis février, nos correspondants commerciaux français implantés en Chine déplorent sur les Chaînes de télévision (BFM, CNEWS…), « qu’aucune demande ne leur parvienne et que le gouvernement français ne réponde à aucune de leur sollicitation, malgré leurs relances », sous prétexte que certaines cargaisons ont été détournées.
Sauf que, depuis deux mois maintenant, la Chine alimente bel et bien l’Allemagne, l’Italie, l’Espagne, la Belgique, les USA… en quantité pharaonique. Mais pas la France, qui n'a formalisé ses commandes en masse, que le 28 mars.
Le coût de ces manquements ?
Le nombre d'hospitalisations, de réanimations et de décès aurait pu, scientifiquement, être divisé, au minima, de moitié (4 fois moins en Allemagne, au Japon, au Vietnam...).
Bilan de l'opération :
- 24 590 morts (sans compter les personnes ayant succombé à domicile) et seulement 130 000 contaminés dépistés. Des séquelles irréversibles pour certains survivants, des conditions de souffrances respiratoires sans précédent et sans soins, pour les personnes âgées enfermées dans les EHPAD.
- Un budget d'urgence 220 fois supérieur (110Milliards d'euros) à une politique de prévention (200 millions).
- Une crise économique dont il est encore difficile d’estimer l’impact, en particulier sur nos TPE-PME (actuellement contraintes à ne plus exercer leurs activités pour 60% d’entre elles).
Alors, avant de m’endormir, je me suis posé une dernière question :
à combien le gouvernement avait estimé le prix de nos vies ?
La réponse est à moins de 1 euro : le coût d’un Masque agréé, lavable (3 euros), + une vingtaine de paires de gants (10 cts) = 3,10 tous les 4 ans (délai de péremption de l'équipement).
80 cts par an : c'est ce que nous ne valions pas. En revanche, ce que cette absence d'anticipation et de réactivité va nous coûter... je n'ose même plus compter et préfère aller me coucher.