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Billet de blog 6 novembre 2011

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Chili : dans une manifestation étudiante

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Dimanche 6 novembre, à Santigao du Chili, le mouvement étudiant appelait à une grande manifestation pour défendre le service public d'éducation. En réalité, plus que le défendre, l'objectif des mabifestants est d'obtenir son "retour" comme l'explique Giogio Jackson, l'un des leaders du mouvement, interrogé en vidéo (on entend difficilement, les manifs sont - comme en France - particulièrement bruyantes). J'ai manifesté aux côtés de Victor de la Fuenta, directeur de l'édition chilienne du Monde Diplomatique. Il brandissait dans la manif une affiche réalisée par une artiste en soutien au mouvement. Cette affiche a été imprimée par le Monde Diplomatique pour les étudiants, qui l'ont collé dans les lycées et universités.

Une manifestation pacifique

Des milliers de personnes à la manif (il y a 900 000 étudiants au Chili me dit Victor de la Fuenta). Nous sommes dimanche, elle rassemble donc largement au delà des étudiants. On croise des familles, des personnes âgées, beaucoup de jeunes. C'est l'un des objectifs du mouvement étudiant : élargir la mobilisation. L'accès à l'éducation n'est pas seulement l'histoire des étudiants. Comme me le dit Giorgio Jackson, "nous nous battons pour changer le système. Ce n'est pas seulement pour nous mais aussi pour nos enfants, petits-enfants".

Des leaders très médiatiques

En arrivant au point de RDV à 15h, Plaza Italia, j'aperçois tout de suite les leaders du mouvement. Enfin, j'aperçois plutôt la nuée de caméras autour d'eux. Camila Valejo et Giorgo Jackson ont tous les deux été élus représentants dans leur université. AU Chili, pas de syndicats à l'université. Tous les étudiants votent pour élire des représentants. La liste arrivée en tête prend la présidence, la seconde la vice-présidence, etc... Il y a encore quelques années, tous les représentants étaient issus des partis politiques. Aujourd'hui la majorité sont "indépendants". De gauche, pour la plupart, mais sans attaches politiques. Camila Vallejo, communiste, fait figure d'exception.

L'acceuil reçu par les leaders étudiants est impressionnant : des centaines de personnes se bousculent pour les prendre en photo. Les enfants demandent à être photographiés auprès de Camila. Après le départ de la manif, une mère se faufile devant la banderole de tête avec sa fille dans les bras et se précipite sur Camila pour qu'elle l'embrasse. La ferveur populaire qui entoure cette jeune fille (elle est née en 1988) est émouvante.

Des étudiants très politisés mais des partis politiques invisibles

Les slogans sont à la fois très politiques et très violents. Les étudiants insultent Pinera (chef du gouvernement de droite au pouvoir) : "Salaud de ta mère", "Fils de pute" (on notera l'esprit très féministe de ses slogans...).

Les banderoles, panneaux portent des inscriptions remettant en cause le système libéral. Les chansons font clairement référence à la fin de la dictature. Les étudiants chantent par exemple : "Elle va tomber, elle va tomber, l'éducation de Pinochet", qui reprend un slogan "Il va tomber, il va tomber", chanté au moment de la chute du dictateur.

Les drapeaux qui se vendent le mieux dans la manif sont ceux à l'effigie du président Allende.

Un seul parti est venu à la manif avec ses drapeaux : il s'agit du Parti communiste action prolétaire, très minoritaire. Pas de drapeaux comunistes, socialistes et encore moins du Parti démocrate ou des démocrates chrétiens. Victor de la Fuenta m'explique que s'ils venaient avec des drapeaux, ils se feraient insulter. Pour les étudiants, les partis politiques de l'opposition, qui ont été au pouvoir pendant 30 ans au sein de la "Coalition", n'ont pas fait mieux que le gouvernement de droite. Ils sont autant responsable de la privatisation du système. Giorgio Jackson m'explique que les rapports au politique sont complexes : à la fois le mouvement étudiant compte sur l'oppositon pour relayer ses revendications et en même temps, les étudiants ne lui font absolument pas confiance pour changer le système.

Quels débouchés au mouvement ?

Victor de la Fuenta me dit que cette semaine est sans doute cruciale pour le mouvement. Les étudiants sont mobilisés depuis plus de 6 mois. Depuis quelques semaines, plusieurs universités ont repris les cours, en banalisant le jeudi, jour de manifestation.

Giorgo m'explique que le gouvernement est en train de discuter du budget et que pour l'instant, les revendications du mouvement ne sont pas du tout entendues. Les moyens financiers débloqués pour l'éducation sont insuffisant et consacrés en grande partie au privé.

L'affrontement est dur entre les étudiants et le gouvernement qui n'a pas l'air de vouloir répondre aux aspirations du mouvement.

* * *

Retrouvez sur Facebook :

- des photos de la manif

- des photos du mouvement étudiant (universités occupées, banderoles, tags)

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