Cette disposition de la Loi travail avait beaucoup fait débat l'an dernier. Un référendum, quelle bonne idée. Qui peut être contre un référendum, c'est la démocratie ! Hum. La démocratie, c'est (notamment) la possibilité d'exprimer librement un choix, indépendament de toute contrainte, pression ou risque. Lorsqu'on travaille dans une entreprise, nous sommes dans un cadre contraint, notamment par la volonté de garder son travail (c'est bien logique, en particulier lorsque 6 millions de personnes sont au chômage ou en sous-emploi). Les rapports sociaux dans l'entreprise ne sont pas neutres. Ils peuvent souvent être apaisés, parfois sympathiques mais ils ne sont jamais neutres.
Penser la démocratie dans ce cadre contraint, c'est en partie fausser le jeu.
A RTE, le référendum proposé par la direction, à la demande de syndicats minoritaires, est particulièrement intéressant de ce point de vue là. Les 4200 salarié.e.s de la maintenant de l'entreprise vont pouvoir voter pour décider de l'organisation du travail de 2000 d'entres eux. On demande aux ingénieur.e.s, cadres et agent.e.s de maîtrise de décider de la façon dont le travail des agent.e.s opérationnels est organisé et leur rémunération fixée que les salarié.e.s de la maintenance eux-mêmes.
Jusqu'à présent, dans le cadre de chantiers organisés en dehors du temps de travail (soirs, week-end), l'entreprise prévenait les salarié.e.s 7 jours avant. Elle mobilisait des équipes d'intervention sur la base du volontariat. Ce qui est proposé ? C'est à la fois de réduire le délai de prévenance de 7 jours à 1 jour et de permettre à l'entreprise d'imposer un chantier à des personnes n'étant pas volontaires.
Dans Le Parisien, Jean-Marie, membre d'une équipe d'intervention de RTE déplore l'organisation d'un tel référendum alors que "depuis 1985, il n'y a pas une fois où l'on n'a pas traité correctement une situation urgente. Tout ça risque surtout de monter les gens les uns contre les autres".
La direction de RTE a demandé aux managers de faire passer la pilule à leurs équipes d'intervention. Monter les salarié.e.s les uns contre les autres, utiliser les cadres et ingénieur.e.s pour faire reculer les droits des équipes de maintenance : une belle vision du dialogue social. Le résultat du référendum est incertain. Une chose est sûre : le collectif de travail en ressortira abîmé.
On dit merci qui ? Merci la Loi El Khomri !
Retrouvez la position de l'UGICT-CGT sur leur site.
Caroline De Haas, pétition #LoiTravailNonMerci
Candidate aux législatives dans la 18e circonscription de Paris
MISE A JOUR : 70% des salarié.e.s ont voté contre la proposition de la direction. :-)