Madame La Première ministre ou Monsieur le Premier ministre,
Nous ne connaissons pas encore votre nom, ni votre visage. Vous allez bientôt tenir en vos mains la destinée de la France, après l’effervescence des Jeux Olympiques, où l’audace, la diversité et l’inclusivité ont été mises à l’honneur, mais aussi après des élections législatives où la peur et le sentiment d’inégalité se sont largement exprimés.
Vous allez donc porter la complexe responsabilité d’une nation duale, fébrile par la méconnaissance réciproque de celles et ceux qui la composent, mais vigoureuse par la richesse de ses âmes.
Les enfants, les femmes et les hommes, qui vont bientôt vous être confiés sont tous différents ; ils vivent dans le pays des autres, la France « citrange » de Leila Slimani où pousse un arbre mi-citronnnier et mi-oranger.
Ils sont français, de naissance ou d’adoption, étrangers, citoyens passagers ou durables. Quelle que soit leur graine, ils devraient pouvoir bénéficier d’une démocratie libre où les inégalités de tous ordres biologiques, sociales, culturelles, ethniques, d’âge et de genre sont quotidiennement combattues et où la fraternité constitue un droit immuable et un devoir absolu.
La réalité est tout autre. Dans notre pays, la différence clive de plus en plus et nous ne faisons pas grand-chose pour améliorer les choses. À titre d'illustration, dans son rapport annuel sur la lutte contre le racisme, l'antisémitisme et la xénophobie, la commission nationale consultative des droits de l'Homme indique que les actes racistes ont augmenté de 32% en 2023 par rapport à l'année d'avant. Pourtant, des solutions existent.
Il nous faut mieux nous connaître, en apprenant nos langues, nos histoires, nos cultures et nos valeurs.
Il nous faut mieux nous respecter, en formant les professionnels à l'interculturalité, en expliquant les codes et les règles à tout un chacun.
Il nous faut mieux lutter contre les inégalités en considérant l’expression de toutes les souffrances et en y apportant des solutions concrètes.
La défense de l’altérité est un but, un chemin ; elle doit être notre prochaine grande bataille.
Alors, il vous faut du souffle pour faire de l’altérité une fierté, un projet politique, dont les maîtres mots sont : se connaître, se respecter et lutter contre les inégalités.
Cette promesse essentielle de réinvention du vivre ensemble nécessite des moyens idoines, dont la création d’un ministère de l’altérité et des identités collectives devra être le fer de lance. Madame la Première ministre ou Monsieur le Premier Ministre, c’est avec le systématique concours de ce ministère que les problèmes économiques, le chômage, les difficultés scolaires ou encore les violences, devront être appréhendés pour ne plus jamais laisser sans réponse les Français qui ont crié leur désarroi et leur sentiment d’abandon dans les urnes et pour continuer à faire tinter les anneaux de l’Olympisme aux sons du respect et de l’amitié.