« Le populisme désigne l'instrumentalisation de l'opinion du peuple par des partis et des hommes politiques qui s'en prétendent le porte-parole alors qu'ils appartiennent le plus souvent aux classes sociales supérieures. En démocratie, le peuple étant souverain son vote ou son opinion ne peut à proprement parler être qualifiée de populiste. C'est la manipulation du peuple dont se rend coupable l'homme politique qui relève du populisme. » (Wikipédia)
Le « populisme », un mot valise utilisé par les partis traditionnels et leurs élites pour ne pas penser et offrir un projet politique qui les dérangerait… Ces biens pensants qualifient de « populistes » ceux qui expriment leur méfiance, leur contestation, le refus d’une politique inefficace. Et pourtant ce sont bien ces élites – de gauche comme de droite – qui ont conduit depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale des politiques économiques les plus créatives d’inégalités sociales. Il est donc naturel que les « populistes » attribuent aux « élites » la responsabilité de leurs maux, elles qui préfèrent satisfaire leurs intérêts particuliers au détriment de ceux du « peuple ».
Ces « populistes » sont souvent réduits à des « extrémistes », car ils seraient sensibles aux solutions simplistes de « bon sens populaire » des formations politiques d’extrême droite (repli national, ethnique, administratif…) qui prétendent être les seules à défendre les intérêts du peuple – comme la campagne « Au nom du peuple » de Marine Le Pen. En fait, ces formations défendent d’abord leurs propres intérêts… comme tout parti politique.
D’ailleurs, tous ces partis traditionnels parlent au nom du « peuple » et chacun prétend défendre au mieux ses intérêts !
Alors ces partis qui se disent « démocratiques » ne sont-ils pas un peu « populistes » ?
Une certitude, ils sont tous « démagogues » et s’utilisent les uns les autres pour conserver ou gagner le pouvoir. En effet, les politiciens entretiennent l’opposition entre les « populistes » et les autres, entre les partis « extrémistes » et les partis « démocrates » pour camoufler dans leurs discours les insuffisances, le manque de courage sur la prise en compte des intérêts politiques, économiques et sociaux de ce fameux « peuple ». D’ailleurs, à droite, comme à gauche, à les écouter, il n’y aurait pas d’alternatives à l’économie libérale, voire ultralibérale !
Quant à étancher la soif de justice, d’équité, de démocratie du « peuple », la gauche a abandonné depuis quelques décennies… Le projet « socialiste » porté par Jaurès est bien loin.
Alors, ce « populisme » toujours assoiffé ne pourrait-il pas réanimer la « gauche » ?
Ne permettrait-il pas de redonner du sens aux mots : « humanisme », « socialisme », « communisme », « émancipation », « populaire », « progressisme », « utopisme », « réformisme »… ?
Ne permettrait-il pas de mettre en synergie tout ce qui fait « peuple » : ouvriers, artisans, agriculteurs, cadres, enseignants, intellectuels, retraités, féministes, écologistes, pacifistes… ? Un « nous » respectueux du « je », un « je » respectueux du « nous ».
Ne permettrait-il pas de mobiliser le « peuple » sur des passions autres que la peur, l’insécurité qui débouchent sur le nationalisme, la xénophobie, l’islamophobie, l’antisémitisme… ?
Ne permettrait-il pas de retrouver les passions qui font humanité : la justice, l’équité, la fraternité, la liberté, le rêve, l’utopie, l’amitié, l’amour, le désir d’apprendre, de comprendre, d’entreprendre, de découvrir, de se dépasser, de créer…
Une conception du « peuple » à redéfinir.
Un « peuple » qui s’affirme et qui ne veut plus d’un système ultralibéral qui affame, met à la rue, stigmatise, trie, suspecte, enferme, divise, creuse les inégalités...
Un « peuple » qui retrouve le goût de la politique qui s’oppose aux défenseurs d’un tel système, mais qui propose, construit, réforme… et développe la démocratie.
Un « peuple » guidant la République ?
Un bel avenir pour le politique, non ?