Invitée par la ministre (même deux fois…), enfin par ses services, je me suis rendue aux « Journées de la Refondation » des 2 et 3 mai 2016 au Palais Brongniart, ex Bourse. Lieu étonnant pour un gouvernement dont le président déclarait que son « véritable adversaire c’est le monde de la finance » – même si ces lieux sont vastes et adaptés aux grands rassemblements !
L’annonce de ces journées a eu lieu au Salon de l’éducation le 11 mars 2016, lors de l’intervention de Najat Vallaud-Belkacem. Donc peu de temps avant et peu de communication dans les médias : quelques évocations dans les presses spécialisées la semaine précédente, sans plus.
Les dates choisies m’ont interpellée : les 2 et 3 mai, est-ce le hasard du calendrier où la volonté de mettre en lien la rénovation de l’école du Front populaire et la refondation de l’école réalisée pendant le quinquennat de François Hollande ? J’ai eu une première réponse en ouvrant le programme avec les lieux des interventions et une seconde sur place en voyant les affichettes colorées pour indiquer les salles.
Ce n’était pas un hasard historique, mais bien une décision politique de superposer ces deux dates : 3 mai 1936 et 3 mai 2016. En effet, les espaces utilisés ont été renommés avec des personnalités du gouvernement du Front populaire liées à l’Éducation nationale.
Pour les plénières : le grand auditorium est devenu le grand auditorium Jean Zay, ministre du Front populaire (Éducation nationale)
Pour les ateliers, deux salles :
Cécile Brunschvicg, féministe et ministre du Front populaire (secrétaire d’État à l’Éducation nationale).
Irène Joliot-Curie, scientifique et ministre du Front populaire (secrétaire d’État à l’Éducation nationale).
L’objectif de ces deux journées était donc bien d’encenser le travail du gouvernement et notamment la priorité à la jeunesse et à l’éducation. La Refondation de l’école serait d’une importance historique comme l’a été la Rénovation de l’École du ministère de Jean Zay.
Excessif, décomplexé… certes, mais surtout une démarche politique de soutien au candidat François Hollande pour les présidentielles de 2017 : nous avons tant fait et il reste tant à faire encore pour l’École. Deux jours de campagne électorale – bien médiatisée – avec un public institutionnel, un entre-soi visible et audible. Des membres du gouvernement de ce quinquennat sont intervenus : les trois ministres de la Refondation ont ouvert les journées (Vincent Peillon, Benoit Hamon et Najat Vallaud-Belkacem), le président de la République a clos la première journée et le premier ministre la seconde journée.
Bien sûr, je ne remets pas en cause les réparations réussies – le quinquennat précédent avait tellement sapé l’École aussi bien au niveau des élèves que celui des enseignants. Je reconnais la sincérité et les propositions intéressantes de certains acteurs et auteurs de la Refondation – au sein du CSP (Conseil supérieur des programmes) par exemple. Mais je persiste, le gouvernement pouvait faire le bilan de ses réussites sans inviter des personnalités historiques qui elles, ont vraiment transformé l’Éducation nationale au profit de tous les enfants, sans oublier ceux des classes populaires.
« La gauche et le pouvoir » (colloque du 3 mai) se sentiraient-ils tellement menacés pour qu’ils fassent appel ainsi aux personnages historiques du Front populaire !
Je n’ai pas évoqué les différents propos, il suffit de visionner les interventions : (http://www.dailymotion.com/playlist/x4gr39_EducationFrance_journees-de-la-refondation-de-l-ecole/1#video=x4886l9 )