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Billet de blog 4 octobre 2015

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Quand l’exception devient la règle

Les orages diluviens, les tornades violentes, les inondations meurtrières qui se sont produits dans la nuit de samedi à dimanche… sont des phénomènes météorologiques de moins en moins exceptionnels.

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Les orages diluviens, les tornades violentes, les inondations meurtrières qui se sont produits dans la nuit de samedi à dimanche… sont des phénomènes météorologiques de moins en moins exceptionnels.

Révélateurs des dérèglements climatiques, ils affectent des territoires tellement « urbanisés » qu’ils n’arrivent plus à absorber ces gigantesques quantités d’eau. Les constructions immobilières s’amplifient, car la perspective de gros profits attire autant les propriétaires de terrains non bâtis que les promoteurs boulimiques !

Dans tous les reportages, on parle d’alerte météo mal gérée, d’orages aux caractères spécifiques, mais ni le changement climatique ni le bétonnage excessif ne sont évoqués. Pourtant la fréquence de ces événements climatiques s’accélère et devrait questionner.

Citoyens et citoyennes, ne vous inquiétez pas, tout va bien. Le gouvernement est présent, il s’émeut, communique, se déplace. 

Le climat est pris au sérieux puisque Paris accueille la COP 21, François Hollande ne se prive pas de rappeler que la France est exemplaire. Il se fait applaudir à l’ONU en annonçant six milliards pour l’aide aux pays en développement pour le climat. Et pourtant aucune trace de cette dépense dans le projet de loi de finances de 2016 : l’aide à la pauvreté dans ces pays ne fait pas recette – en France non plus d’ailleurs. J’ai cru lire qu’aucune ligne du budget n’est prévue non plus pour la lutte contre le chômage !

Quant au ministère de l’Écologie, Ségolène Royal ne s'enthousiasme pas sur sa mission ! Ses annonces se suivent : « Il ne faut plus avantager le diésel » et plus tard « ce n’est pas sérieux » de l’interdire.

Comme les utilisateurs de véhicules diésels sont nombreux : familles certes, mais surtout agriculteurs, transporteurs routiers, taxis… ce n’est pas le moment de les fâcher, de bloquer les routes, les élections approchent. Des discours rassurants pour les uns, des annonces illusoires pour les autres.

Ménager les uns et flatter les autres, une compétence indispensable pour être un bon politique. Nous l’avons vu récemment dans la communication de Najat Vallaud-Belkacem sur les nouveaux programmes : rassurer les citoyens lambda qui n’ont que leurs souvenirs d’école pour apprécier les réformes scolaires avec la dictée quotidienne, le calcul mental sans oublier de satisfaire les pédagogues avec l’interdisciplinarité ou les cycles.

Et même quand la Loi de transition écologique votée récemment prévoit une augmentation régulière de la composante carbone des taxes sur la consommation des produits énergétiques, eh bien cette « trajectoire carbone » est introuvable dans le projet de Loi de finances.

Tristes constats :

– Aucune volonté gouvernementale de s’attaquer au CO2 qui pourtant est la première cause du changement climatique et des événements météorologiques qu’il provoque.

– Aucun courage politique pour contraindre les collectivités territoriales à réaliser des projets d’urbanisme équilibrés pour conserver voire développer des espaces naturels.

Les enfants dans les écoles sont encouragés à débattre, réfléchir, proposer des actions pour protéger l’environnement. Quelle hypocrisie !

Le « courtermisme »  donne l’illusion de travail politique : constat, rapport, annonce, déclaration, projets de loi, amendements… et on recommence ! De l’hyperactivité !

La transformation sociétale ne trouve pas sa place avec ce tempo politique.

L’environnement n’est pas le seul domaine en souffrance, l’éducation, la santé, la justice sont également secouées par des réformes successives et parfois contradictoires.

Heureusement réunis dans des associations et des organisations professionnelles,  les acteurs de terrain – qu’ils soient dans les espaces éducatifs, dans les hôpitaux, dans les tribunaux, etc. – n’attendent pas les réformes pour réfléchir, expérimenter et faire progresser leur secteur.

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