De chaine en chaine, d’émission en émission, de Une en Une de journaux, le citoyen reçoit une avalanche d'annonces, de déclarations, de réactions, de slogans, etc. Les candidats en tête des sondages, les invités préférés des plateaux et studios s’offusquent, attaquent, dévoilent, accusent, dénoncent… ce que déverse l’opinion médiatique.
Un feuilleton aux multiples épisodes où le héros serait la victime d’un coup d’État mené par la justice française, d’un assassinat politique orchestré par les journalistes à la solde de partis politiques. En tout cas, une manne pour les quotidiens nationaux, toutes les unes de ce 6 mars 2017 au matin se réfèrent à l’obstination, à la ténacité ou au courage de François Fillon le lendemain du rassemblement au Trocadéro.
Restera, ne restera pas… respectera-t-il sa parole s’il est mis en examen ? L’examen de conscience suffira-t-il ?
Il faudrait moraliser la politique ! Mais elle n’est évoquée que par ses délits financiers, ses petites manœuvres, ses complots, les faits et gestes de ses élus… jamais sur ce qu’elle est : un projet de société. Pourtant les candidats à la présidentielle en portent un dans leur programme avec des répercussions importantes sur les citoyens. Bien sûr, il y a quelques émissions politiques qui sont censées questionner les points de leur programme, mais la plupart du temps, les journalistes se laissent séduire dans leurs questions par ce qui fait le buzz dans les médias.
Comme tout feuilleton, il faut un ennemi à combattre : c’est le Front national. Tous les favoris prétendent être le candidat qui permettra de vaincre Marine Le Pen. « Voter utile » devient le mot d’ordre de tous, au détriment de leurs différents programmes.
Il faut aussi du suspens. Pas de souci, il est entretenu quotidiennement par les variations des pourcentages de chaque candidat au premier tour, chiffres sortis du dernier sondage – ce substitut à la pensée citoyenne.
L’information sur la présidentielle se limite donc à la restitution de propos d’élus, de dirigeants des partis, des autres candidats, des opinions glanées ici et là sur les marchés, à la sortie des meetings, dans la rue…
Dans les reportages, il faut que chacun s’y retrouve, on fait attention à l’âge, au sexe… à ce qui fait populaire – il faut dire que tous se réclament du peuple de France… surtout lorsqu’il est « blanc », car les visages « foncés » sont assez rares dans les images retransmises.
La jeunesse n’est guère invitée non plus, pourtant c’est elle qui nourrit le plus l’abstention et en avril 2017, elle devrait toujours bouder les urnes. Et pourtant les projets des candidats sur l’emploi, la santé, le logement, l’éducation, l’environnement… concernent toute la jeunesse. Mais nos politiciens préfèrent dire que les jeunes ne s’intéressent pas à la politique, qu’ils préfèrent discuter sur les réseaux sociaux ou mettre des vidéos sur YouTube. Quant aux jeunes des quartiers périphériques, ils ne les voient qu’en déserteurs de l’école qui traînent en bas des immeubles, préparent un délit ou s’adonnent aux trafics…
Mais la politique s’intéresse-t-elle à la jeunesse ?
Ne s’adresse-t-elle pas qu’aux plus anciens ? Justement ceux qui suivent fidèlement le feuilleton de la présidentielle, ceux qui regardent la télé, écoutent les infos, lisent les quotidiens…
La boucle est bouclée !
Il reste 49 épisodes à suivre avant de connaître la chute du feuilleton. Après, commencera la deuxième saison : Les législatives !