Samedi midi, j’avais un peu de temps, rien de spécial à faire, à lire… j’ai allumé la télé, c’était l’heure des infos.
Les titres d’hier soir presque à l’identique et bien sûr le baccalauréat puisque les résultats étaient tombés. Plus de 82 % de réussite ! Du jamais vu !
Le reportage a mis en premier la focale sur une jeune bachelière qui a eu plus de 21 de moyenne en « S », une jeune fille gaie, sympathique. Ensuite, on a eu le droit à quelques témoignages de jeunes bacheliers et bachelières qui devaient répondre à la seule préoccupation des journalistes : « Où et comment allez-vous faire la fête ? ». Troisième partie, un jeune sur un scooter d’une chaîne de pizza qui n’a pas eu le temps de s’arrêter devant la caméra et qui s’est écrié en démarrant : « Pas le choix, je devais travailler hier soir, donc je n’ai découvert les résultats que ce matin, je ne l’ai pas eu, mais déjà c’est bien, j’ai le rattrapage ». Pendant qu’il s’éloigne bruyamment, le commentaire précise : « il passait un bac pro ». Mais c’est tout, pas une simple observation, une remarque positive pour ce jeune qui à la fois travaille et va au lycée et qui aurait dû emporter l’admiration !
J’ai ressenti en premier de la tristesse, puis un sentiment d’injustice pour ce jeune à travers ce reportage : les premiers jeunes aux bacs généraux, les méritants, ceux qui ont le droit de partir en vacances, de passer le permis, de faire la fête… et puis lui obligé de travailler tout en préparant le bac, le non méritant, car il a échoué…
Ce reportage est à l’image de la médiatisation du bac. On parle des 82 % qui le réussissent avec un fort soupçon de : « On le donne ! » On ne parle que des bacs « prestigieux » et des mentions obtenues, on ne parle guère des bacs techniques et encore moins des bacs professionnels. Ce sont les jeunes issus de familles favorisées qui ont le plus de chance d’avoir une mention, et on parle toujours d’égalité des chances à l’École !
Pour en revenir au pourcentage de réussite qui fait les titres des journaux, c’est 82 % de ceux qui passent le bac général.
Et les autres, ces jeunes qui représentent presque 40 % ? On n’en parle pas.
Et les 150 000 jeunes qui sortent sans aucun diplôme de notre École, une honte qu’on préfère cacher.
L’an prochain on recommencera.
Quand est-ce qu’on va vraiment se pencher sur le second degré et l’accueil de tous les jeunes en son sein avec respect et ambition ?
Et si le second degré commençait à 16 ans ? Et dans un lycée polytechnique ? On peut rêver !