Mentir n'est pas frauder !

On ne fraude pas, on n’escroque pas, on ne corrompt pas, on ne trompe pas… on ment !
Depuis la déflagration qui a suivi l’aveu de Cahuzac, le terme « mensonge » l’emporte sur celui de « fraude ». Ce matin encore sur une radio, au lieu de dire que le ministre a trompé une banque suisse en fournissant un faux, on entend « il a menti à la banque ».
Dans ce cas, Sarkozy a peut-être menti ou omis de dire à Madame Bettencourt… il n’aurait pas profité de sa faiblesse.
Comme lui, tous ceux qui sont entendus par la justice pour des affaires de corruption seraient ainsi dans le péché, on attendrait leur confession, leur repentir, leur aveu et… eux le pardon de la société.
Quelques « Pater » et « Je vous salue Marie » et ils pourront reprendre le cours de leur vie.
Évasions, exils, paradis… fiscaux méritent bien quelques mensonges. Le paradis sur terre vaut bien quelques risques ! Quelques dimanches à la messe, quelques confessions… le jugement dernier est loin.
Les escrocs, les fraudeurs devraient pouvoir se frotter les mains, ils ont juste menti, ce n’est pas bien, ils ne le feront plus, « promis, juré ». Une petite amende, quelques jours de pénitence et ils retrouveront leur liberté.
Erreur, si tu escroques et que tu n’appartiens pas à l’élite financière, pas de pitié, pas de pardon de longues peines t’attendent.
Erreur, si tu es un salarié que tu te trompes dans ta déclaration d’impôts, tu es accusé de fraudes et de lourdes pénalités tombent sur toi.

On le voit bien avec cette affaire que ce n’est pas suffisant d’enseigner la morale. Toutes ces personnes qui « mentent » sont issues de familles hautement cultivées, éduquées et ont reçu une « bonne éducation » morale (familiale, religieuse, scolaire…).
La devise républicaine, pas de souci pour eux :
- la liberté est leur devise préférée : investir, entreprendre, s’enrichir, transmettre…
- l’égalité et la fraternité sont bien respectées dans l’entre-soi et dans l’apparence…
Quand on est riche on veut bien être charitable, donner quelques pièces dans les troncs des églises, un chèque de temps en temps à une association humanitaire, mais pas question d’être solidaires c’est trop coûteux. 

« Liberté, égalité, fraternité », ce n’est pas naturel et ça ne s’apprend pas par cœur. L’école publique qui réunit (encore) tous les enfants peut et doit les faire vivre au quotidien, c’est le futur de notre société démocratique qui en dépend.
Mais pour le présent, la justice doit être infaillible, les députés et les sénateurs doivent être exemplaires, des lois doivent être adoptées pour assainir le monde politique.
Il y a du travail !
L’élite qui siège aura-t-elle la volonté de l’entreprendre ?
La « gauche des marchés » ne freinera-t-elle pas encore des quatre fers ?