Une bonne humeur inspirée par le discours d'investiture de François Hollande, mais qui reste réaliste ...
Les annonces de notre nouveau Président sont un premier pas pour redonner confiance au malade, endiguer l’hémorragie et prescrire une première ordonnance avec quelques remèdes d’urgence : le recrutement de professeurs et de personnels, une remise en route de la formation initiale, une réforme des rythmes scolaires, une priorité à l’école primaire avec une attention particulière à l’entrée précoce en maternelle et à l’échec scolaire. Cependant, si l’on veut espérer une guérison, il faut, dès ce premier traitement, réfléchir pour l’école à un mode différent de vie et de pensée pour que tous ses acteurs reprennent confiance en elle.
Plus de professeurs et de personnels, oui, mais pour que ce traitement apporte tous ses bienfaits, il faut que dans toutes les classes, l’on change la manière d’enseigner, c’est ce qu’on appelle la pédagogie avec en complément une autre manière d’être : en particulier, la performance individuelle laissera la place à la coopération, à la valorisation des progrès aussi bien pour les élèves que pour les enseignants.
Avec comme compléments essentiels : donner des temps de réflexion aux équipes dans chaque établissement et reconnaître leurs travaux de recherche et leurs expérimentations.
Redonner une formation initiale aux futurs enseignants, oui, mais pour que ce traitement soit efficace, il faut éviter de reproduire la manière d’enseigner qu’ils ont connus en tant qu’élèves pour rompre le cercle vicieux. Des situations coopératives, de compagnonnage, de réflexion et des temps de débats, de découvertes de pratiques pédagogiques seront autant d’éléments essentiels que les mouvements pédagogiques pourront apporter.
Ce premier traitement devra être consolidé par une formation continue tout au long de leur carrière.
Une réforme des rythmes scolaires avec la semaine de cinq jours, oui, mais ce n’est pas suffisant pour prendre en compte le temps global d’éducation de l’enfant que ce soit tout au long de la journée, de la semaine ou de l’année. De plus, pour que ce traitement agisse, il doit être inséparable de la pédagogie proposée pendant ce temps : l’ennui fatigue, mais le désir de comprendre, d’apprendre, de chercher motive. Avec comme compléments indispensables : les conditions de travail (espaces, circulation, climat scolaire…).
Pour prolonger le traitement, comme l’école n’est pas l’unique lieu où l’enfant apprend, une cohérence pédagogique entre tous les acteurs et espaces éducatifs se révèlera importante.
Permettre aux enfants de moins de trois ans d’entrer à l’école, oui, mais pour que ce soit profitable, il faut que l’école maternelle cesse de vouloir ressembler à l’école élémentaire, qu’elle arrête de juger, d’évaluer, de prédire et qu’elle donne à chaque enfant le temps nécessaire pour grandir, progresser avec les autres et ainsi rassembler tout ce qui est nécessaire aux apprentissages scolaires.
Pour renforcer le traitement, l’école maternelle donnera des espaces et des temps spécifiques adaptés au jeune enfant et des lieux d’accueil aux parents.
Donner une attention particulière aux enfants en difficulté scolaire, oui, mais le remède est insuffisant si on ne traite pas le système éducatif en entier… qui pour l’instant ne réussit qu’aux « bons élèves ». Bien sûr, certaines difficultés ont des raisons externes à l’école, et là le RASED ou des spécialistes sont indispensables.
Ce traitement ne doit pas être dissocié des autres : pédagogie utilisée, formation des enseignants, temps et espaces éducatifs, école maternelle.
Après cette première ordonnance, il faudra consulter régulièrement les différents acteurs de l’éducation pour suivre la guérison, doser et affiner certaines prescriptions et prescrire d’autres traitements.
Et surtout ne pas décevoir, tous ceux qui espèrent une autre école, que ce soient les enfants, les jeunes ou les adultes.