Agrandissement : Illustration 1
Je terminais ainsi ce billet :
« Aujourd’hui, la crise économique bat son plein, le chômage explose, l’extrême droite frappe aux portes du pouvoir, les guerres s’installent hors de l’Europe, mais avec son armement…
Et l’éducation n’est pas la priorité des débats et des programmes politiques. Si les fondamentaux à l’école sont mis en avant, ils sont réduits à « lire, écrire, compter », rien sur la compréhension du monde, sur la complexité et l’articulation des savoirs, qu’ils soient historiques, géographiques, écologiques, sociologiques, économiques, juridiques, démocratiques…
Une grande nostalgie des règles et petits résumés appris par cœur, des longues séries d’exercices, des cartes de France… tout justes bons pour réussir une évaluation, voire un examen, mais certainement pas pour prendre place dans la société, de sortir de l’entre soi et voir ce qui nous entoure comme des objets et des sujets de connaissances.
L’autre devient étrange, surtout s’il est étranger[2]. La devise de la France « Liberté, Égalité, Fraternité » se réduira-t-elle à soi et à ses semblables ?
La France comme terre de la démocratie et de l’humanisme deviendra-t-elle un souvenir ? Un objet historique à découvrir dans les musées ?
Ses questions ne semblent pas prioritaires, car en 2017 l’instruction est remise en avant et les pédagogues sont stigmatisés sur le banc des accusés du déclin de l’école.»
Les « pédagogistes » – comme le nouveau ministre les nomme – sont « enclins à voir dans l’enfant un petit roi qui construit son savoir ». Ils sont responsables des « innovations » comme celle de la méthode globale et des mathématiques modernes, des « errements » qui ont eu des effets négatifs « profonds et durables » sur les résultats de l’École !
Il est donc temps de revenir aux fondamentaux qu’il réduit aux seuls « lire, écrire, calculer ». Les mathématiques et le français pourront ainsi représenter 20 h sur les 24 h actuelles d’enseignement.
Dans les CP dédoublés en REP+ les enfants ne pratiqueront que ces fondamentaux… et même en maternelle où l’étude du vocabulaire pourra l’emporter sur les temps de création, d’expression, surtout dans les milieux populaires. Et pas de n’importe quelle manière, Bentolila, Dehaène seront de bons conseillers… sans oublier les travaux de l’Institut Montaigne qui a porté Cécile Alvarez, entre autres…
L’autorité renforcée.
Celle des enseignants sur les élèves et les parents : la co-éducation, la participation démocratique de tous les acteurs éducatifs ne sont plus trop à l’ordre du jour. Quant à la Convention internationale des droits de l’enfant… pensons plutôt à ses devoirs envers les adultes !
Mais aussi celle du chef d’établissement et du directeur de l’école sur les enseignants, renforcée par le développement de l’autonomie et le pilotage par l’évaluation.
Des parcours d’étude différenciés.
Personne ne doit avoir du « retard » en mathématiques et en Français en entrant en sixième. Notre ministre propose une évaluation puis une remise à niveau, mais comment ? Une année supplémentaire en primaire, une année de remise à niveau au collège ?
Pendant que certains étudieront l’allemand, les langues anciennes, d’autres auront des heures de remédiation.
Bien sûr, le collège reste un espace commun, mais comme chacun a des compétences différentes, il est préférable de séparer les enfants pour rentabiliser leur temps d’étude. Chacun à sa place, soyons réalistes les études longues ne sont pas pour tous les élèves. Renforçons les intelligences multiples de nos enfants !
Pour résumer : plus je réussis ce que le système scolaire me propose plus on me nourrit et ainsi s’ouvriront pour moi les meilleures filières et les meilleurs lycées ! L’excellence pour ceux qui le méritent ou qui en héritent !
Une inquiétude supplémentaire
Le poids du ministère de l’Éducation nationale est passé de la deuxième à la onzième place, cette perte se répercutera-t-elle sur son budget ?
Faire avec moins… pas bon signe pour les mouvements pédagogiques qui défendent d’autres fondamentaux que les seuls « lire, écrire, compter » !
[1] https://blogs.mediapart.fr/catherine-chabrun/blog/060517/1927-2017-instruction-ou-education
[2] Étranges étrangers est un poème de Jacques Prévert écrit en 1951 et paru en 1955 dans le recueil La pluie et le beau temps aux éditions Gallimard.