Cette année, la journée mondiale du refus de la misère mettait en avant, le mépris, les préjugés que subissent les personnes en situation de pauvreté et le fait que les droits de tous les citoyens ne leur sont pas reconnus :
Le logement : elles ne sont pas solvables, l’aide au logement inquiète…
La culture : elles dérangent les touristes, les visiteurs respectables…
L’éducation : ce sont des parents laxistes et ils ne s’intéressent pas à l’école…
La santé : la CMU rebute, les rendez-vous médicaux sont repoussés, voire refusés…
L’emploi : l’adresse, un CV mentionnant une entreprise d’insertion… et elles ne sont pas retenues pour un entretien.
L’objectif de cette journée était la reconnaissance par la loi de la discrimination pour cause de pauvreté et le combat contre les préjugés : les pauvres sont des assistés, des fraudeurs, des immigrés capteurs d’allocations…
Cette année 40 partenaires se sont associés à la préparation de cette journée (associations de défense des droits, éducatives, de parents, mouvements pédagogiques, syndicats…), un fort encouragement à s’engager pour d’autres.
Un rassemblement citoyen, espérons que les dirigeants de notre pays l’entende !
Trois temps à cette journée
L’Assemblée nationale
Un groupe de militants d’ATD a travaillé en atelier avec les députés présents pour leur apporter des situations motivant la demande législative que la pauvreté devienne le 20e critère de discrimination.
Une conférence « Place des personnes très pauvres dans la définition des politiques publiques » présidée par Claude Bartolone, président de l’Assemblée nationale avec :
– Muriel Gélin et Manuella Lecannu, militantes d’ATD Quart Monde, témoignages sur des situations vécues (École et Santé)
– Dominique Baudis, Défenseur des droits, il soutient la demande d’ATD pour que la pauvreté devienne un critère de discrimination et annonce la parution prochaine d’un rapport sur les refus de soin, et l’accès à la santé.
– Marisol Touraine, ministre des Affaires sociales et de la Santé, elle soutient également la demande d’ATD
– Pierre-Yves Madignier, président d’ATD Quart Monde a clôt la conférence, en parlant des milliers d'étoiles d’espoir à ne pas éteindre…
La marche
Des Invalides au Trocadéro, une marche citoyenne, avec des chants, des témoignages de situations vécues, des panneaux relevant les préjugés et les idées reçues, des interpellations des passants.
Le rassemblement citoyen au Trocadéro
Autour de la dalle du refus de la misère où sont gravées ces phrases de Joseph Wresinski : « Le 17 octobre 1987, des défenseurs des droits de l’homme et du citoyen de tous pays se sont rassemblés sur ce parvis. Ils ont rendu hommage aux victimes de la faim, de l’ignorance et de la violence. Ils ont affirmé leur conviction que la misère n’est pas fatale. Ils ont proclamé leur solidarité avec ceux qui luttent à travers le monde pour la détruire. Là où des hommes sont condamnés à vivre dans la misère, les droits de l’homme sont violés. S’unir pour les faire respecter est un devoir sacré ».
La chorale des apprentis d’Auteuil a enchanté tout le monde, avec des gospels, des raps… sans oublier le chant « We shall overcome » (qui fut chanté comme hymne lors des marches du Mouvement des droits civiques aux États-Unis) chant repris par tous les marcheurs et présents sur la place.
Le témoignage d’un militant d’ATD sur son parcours de vie et la force acquise au sein du mouvement ATD pour ne plus se résigner et lutter ensemble.
Le théâtre forum de la troupe NAGE, a pu mettre en situation l’accès au soin (CMU) et l’hypocrisie de certaines associations caritatives (rejet du bénévolat proposé par un pauvre)
Le discours de Dominique Baudis, sobre et encourageant.
La finale avec 12 organisations partenaires qui ont clamé 12 « Je ne veux plus… » avec « We shall overcome » en fond sonore. Une représentation anonyme des organisations.
Étaient présentes au Trocadéro : Cécile Duflot, Marie Derain (défenseure des enfants) et quelques personnes de la ville de Paris… une présence silencieuse.
Ce fut une journée citoyenne où l’on ne parlait pas à la place des personnes en situation de pauvreté, leurs paroles étaient présentes sans hypocrisie dans tous les moments de cette journée (préparation, organisation, prises de paroles…).
Ce sont les premiers acteurs de cette journée et ceux qui les rejoignent ce jour-là, c’est pour faire en sorte qu’on les entende davantage, une sorte d’amplificateur de leur combat quotidien.
Une journée pour se connaître, se parler et retrouver un peu de dignité.
Le 17 octobre 2013
Participante pour l’ICEM-pédagogie Freinet