A chaque fois, les candidats à la présidentielle apparaissent comme les acteurs d'une série quotidienne. Suspens, rebondissements, micro-trottoirs, sondages...
Quel impact ce traitement journalistique sur le citoyen ? S'il n’est pas partie prenante de ce spectacle politique, il risque bien de se détourner des bureaux de vote ou pire de se tourner vers le Front national, le parti qui grâce à ce spectacle à répétition se montre hors norme, hors atteinte, voire présentable... tant pis pour son idéologie extrémiste.
Après cette routine éditoriale, suit un sujet sur les loups qui se termine sur cette phrase : « les loups vont entrer à Paris ». Mon inquiétude, sans doute, sur les conséquences du traitement journalistique des présidentielles ont fait le reste. La chanson de Serge Reggiani a surgi de ma mémoire, je l’ai fredonnée, mais c’était loin et les paroles un peu oubliées… Mais un sentiment étrange, une résonnance avec l’extrême droite. Je suis allée chercher les paroles.

Je n’ai pas regretté, mots forts d’une grande beauté.
Tout au début, un constat pessimiste des comportements des citoyens qui ne croient plus en rien, qui ne voient pas le danger arriver.
« Les hommes avaient perdu le goût
De vivre, et se foutaient de tout
Leurs mères, leurs frangins, leurs nanas
Pour eux c'était qu'du cinéma
Le ciel redevenait sauvage,
Le béton bouffait l'paysage… alors
Les loups, ououh! ououououh!
Les loups étaient loin de Paris »
Les conséquences sont graves : les « loups » vont s’installer partout, même dans les « beaux quartiers, s’offrir des ministères, sans oublier rue de Grenelle…
Mais, c’est sans compter avec « L’amour et la fraternité » que les hommes et les femmes ont retrouvés et qui vont mettre fin à l’invasion des « loups ».
Ces paroles ont résonné avec mes craintes.
Certes, la chanson se termine bien, mais je préfèrerais que dans la réalité « l’amour et la fraternité » soient plus forts que la peur, la méfiance, la défiance, la désespérance… qui envahissent les cœurs et les esprits et les poussent à la haine.
Maintenant, silence... je vous laisse écouter