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Billet de blog 20 mars 2009

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La France et sa jeunesse

La jeunesse, un mot qui fait rêver et qui provoque chez beaucoup de personnes mépris et rejet. Pourtant la frontière entre jeune et adulte est de plus en plus floue. Et ceux qui perdent la jeunesse sont en train de la confisquer aux jeunes.

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

La jeunesse, un mot qui fait rêver et qui provoque chez beaucoup de personnes mépris et rejet. Pourtant la frontière entre jeune et adulte est de plus en plus floue. Et ceux qui perdent la jeunesse sont en train de la confisquer aux jeunes. La jeunesse, devrait être ce temps mêlé d’incertitudes et de certitudes, d’indécisions et de décisions, de dépendance et d’indépendance, ce temps indispensable d’expérimentations, d’allers et retours entre les rêves et la réalité. Mais depuis une vingtaine d’années, la société leur prend petit à petit ce temps de construction en les mettant dans des situations de précarité, voire de pauvreté. Le temps de l’autonomie s’éloignant et avec lui la liberté, les frontières de la jeunesse s’étirent comme une histoire sans fin. Les situations confortables se font rares, même pour les classes moyennes, et de plus en plus tard, petits boulots, petits salaires, logements chers... les cantonnent dans la maison familiale après trente ans. D’un côté les jeunes n’en finissent pas d’être dépendants et voient reculer l’âge où ils pourront vivre comme des adultes à part entière et paradoxe des parents et des grands-parents veulent rester jeunes et sont prêts à tout pour le paraître. Ceci sans parler d’une partie de la jeunesse, celle qui fait peur, celle qui vit hors les murs, ceux de l’école, des appartements trop étroits des cités, des centres villes. Ces enfants qui dès leurs premières années se voit rangés dans différentes catégories : ceux qui sont issus de l’immigration, qui ont des troubles du comportement, ceux qui sont en difficulté scolaire qui sont maintenus, soutenus, en remédiation, en rééducation, ceux qui décrochent. Bref, toute une enfance qui aurait en elle les graines de la délinquance. A qui la faute, pas à l’Etat et à sa politique éducative qui fait tout pour ces enfants, les dernières mesures de M.Darcos en seraient la preuve. La responsabilité revient donc aux familles qui ne transmettent plus les bonnes valeurs : effort et obéissance car la réussite ça se mérite. Cette jeunesse hors les murs fait peur, surtout lorsqu’elle se met en groupes. On parle de bandes de jeunes. Même si elles ont un rapport conflictuel et transgressif avec leur environnement, avec les institutions elles n’ont pas, pour une grande majorité une finalité d’actes délictueux. Toutes les bandes ne sont pas des gangs, heureusement !Comme à chaque événement médiatisé, il faut une réponse législative, l’intrusion dans un établissement scolaire a donné lieu à un nouveau délit : la mauvaise fréquentation avec « en connaissance de cause » l’appartenance à une « bande organisée » et une réponse la prison !

On flatte ainsi l’opinion publique, on surfe sur les peurs collectives des terres fertiles pour les gouvernants.

Peur des quartiers qui deviennent forcément des repères de délinquants, d’incendiaires, de récidivistes.

Peur des casquettes et des baskets !

Peur des halls d’immeubles et cages d’escaliers.

Et pour notre gouvernement ? C’est surtout la peur de la rébellion, de l’émeute. Car si les bandes ne se battaient qu’entre elles …

La peur est inhérente à tout être vivant, cependant pour l’être humain, elle est couplée avec la conscience, conscience de la vie et de sa durée limitée, conscience des contextes de vie, conscience de l’Autre ...

Il y a des peurs qui engendrent la vigilance, la résistance, l’utopie : la peur de la misère, du chômage, de la destruction de la planète .... la peur de l’injustice, du racisme, de l’oppression.

Ces peurs provoquent dans un premier temps de la colère, du refus puis dans un second temps des mises en perspectives, des créations d’alternatives. Cette conscience réflexive nourrit et se nourrit de la philosophie, de l’art, de la science, de la politique ... tous les champs de l’activité humaine indispensables à l’émancipation de l’humanité.

L’Education ne serait-elle pas le révélateur de cette conscience, une véritable prévention à la délinquance ?

La prison, l’enfermement au contraire n’enfermeraient-ils pas l’être humain dans ses peurs instinctives et dans la reproduction ?

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