Le réformisme à visée sociale du début du quinquennat s’est vite changé en réformisme à visée libérale. Les différentes lois (consommation, union bancaire européenne…), le pacte de responsabilité et de solidarité, le CICE (Crédit d’impôt pour la compétitivité et l’emploi) ont bénéficié essentiellement aux entreprises : baisse du coût du travail et des impôts, simplification administrative... Ce qui ne les a pas empêchés de licencier, de délocaliser pour gagner toujours plus en dépensant encore moins. Les seuls bénéficiaires de ces réformes ont été les grands patrons et les actionnaires qui ont vu leurs richesses et leurs dividendes croître proportionnellement aux bénéfices dégagés grâce aux baisses des charges et impôts accordées.
Pas d’investissement industriel, pas de participation fiscale, pas de créations d’emploi. Les entreprises ont préféré fermer des sites de production, placer leurs sièges sociaux dans les pays moins exigeants en impôts, privilégier les heures supplémentaires à l’embauche, une flexibilité qu’elles recherchent et qu’elles obtiennent petit à petit par toutes les mesures qui détricotent le Code du travail.
Cette politique économique a touché surtout deux grandes parties de la population :
– Les travailleurs
Leurs droits sont régulièrement grignotés : temps de travail hebdomadaire, congé dominical, contrats de travail… Tout est accordé au patronat pour plus de compétitivité ! Un petit geste pour la consommation, mais pour qui vraiment : les grandes marques de distribution ou le simple acheteur ?
Pour tous les travailleurs, l’avenir est sombre avec les menaces de licenciements économiques, la crainte du chômage qui s’installe dans la durée avec juste le RSA pour survivre et celle de se retrouver à la rue. Cette peur de perdre son emploi fait accepter des conditions de travail dégradées : quantité de travail et heures supplémentaires, déplacements du lieu de travail, longs temps de transports, bas salaires, plusieurs emplois…
Le recul de l’âge de la retraite place les plus anciens en grande difficulté quand l’entreprise licencie. Encore moins de possibilités pour retrouver un emploi…
Le nombre de chômeurs augmente, il y a de plus en plus de travailleurs pauvres. Celui des sans-abris explose, les associations ne suffisent plus à offrir un lit, un repas… et toutes ces personnes n’ont plus que la mendicité pour ne pas mourir.
La balance du peuple de France se déséquilibre, le plateau des pauvres et de ceux qui sont en passe de le devenir déborde et s’écroule. Et pour tout ce peuple exclu des programmes économiques de notre gouvernement, c’est l’accès à la santé, au logement, aux loisirs, à la culture, à l’éducation… à toute la vie publique qui se referme.
Monsieur Hollande, n’attendez pas que toute la balance s’écroule, il sera trop tard pour vous et vos amis, que ce soient les anciens du parti socialiste que vous avez détruit ou les nouveaux des partis de droite que vous flattez actuellement.
– La jeunesse
Elle n’a plus d’avenir, la société lui offre si peu de possibilités d’insertion sociale après la scolarité et la formation professionnelle. Le gouvernement se félicite du nombre de jeunes qui poursuit des études, mais qu’elles soient courtes ou longues, le jeune se trouve à effectuer un « job » – quand il en trouve un – et rarement un poste qui correspond à sa formation.
Les seuls jeunes qui peuvent regarder l’avenir plus sereinement, qui trouvent des emplois convenables, des bons stages… ce sont les enfants des familles des classes supérieures qui leur ont choisi les bonnes écoles, les bonnes filières et qui ont le bon carnet d’adresses pour le premier emploi.
Mais la plupart se retrouvent stagiaires, apprentis à bac plus cinq voire plus, des traitements qui ne leur permettent pas de se loger et de subvenir à leurs frais. Ils vivent chez leurs parents de plus en plus âgés.
Certains ne sont même pas inscrits à « Pôle emploi », ils vivotent de petits jobs ou de petits trafics…
Et après on accuse la jeunesse de tous les maux… on la soupçonne, on la contrôle, surtout celle qui a un look « banlieue ». On la juge peu civique, peu engagée, peu intéressée par la vie démocratique et la culture, on la dit même attirée par les thèses nationalistes.
Monsieur Hollande regardez et écoutez la jeunesse, vous n’avez pas su lui faire confiance, vous n’avez pas su tenir vos promesses. Ne vous étonnez pas qu’elle ne vous soutienne pas. Pourtant, elle est capable de beaucoup d’engagements et d’initiatives citoyennes, on l’a vu avant et pendant la COP 21.
La jeunesse soutiendra d’autres initiatives humanistes, progressistes, planétaires, elle saura inventer d’autres pratiques démocratiques, mais sans vous et vos nouveaux amis « républicains ».
Le billet : Jaurès assassiné une seconde fois.