Certains d’entre eux sont persuadés que les jeunes ne sont plus en capacité de penser. Ils seraient tout juste bons à tapoter sur leur mobile, à filmer avec Périscope ou Snapchat et à se laisser bercer par les sirènes de la consommation. Le niveau baisserait et serait camouflé par des notations avantageuses des copies.
Bien sûr, la société de consommation est responsable de l’addiction à l’immédiateté qui mène à la pulsion de possession, au jugement impulsif et qui massacre le temps mis à disposition pour penser.
Néanmoins les jeunes ne sont pas les seules cibles de cette société croqueuse de pensée !
Les médias ne s’en privent pas. Un exemple : le traitement des informations en les centrant sur deux ou trois sujets commentés par des experts qui vont toujours dans le même sens, celui qui profite aux gouvernants du moment.
Ne pas oublier bien sûr la responsabilité de notre système éducatif !
Un système des plus inégalitaires, les rapports nationaux et internationaux qui se succèdent cette année le mettent d’ailleurs en queue de peloton. Si l’enfant ne naît pas dans une famille qui lui apporte l’environnement culturel correspondant à celui attendu par l’École, ce sera plus difficile pour lui d’accéder aux filières prestigieuses. On peut parler d’inégalité des chances !
Quant à ceux qui ont la « chance » de naître dans cet environnement culturel adapté, ils pourront articuler addiction à la société de consommation et réussite aux examens, car ils sont initiés à ce qu’attendent les professeurs tout au long de leur scolarité et bien sûr lors des épreuves des examens.
Pour en revenir à l’épreuve de philosophie du baccalauréat :
– Penser ne se décrète pas en terminale et le jour du bac !
– Penser, ce n'est pas seulement apprendre les philosophes et les citer.
– Penser, ce n'est pas à réserver aux sections prestigieuses du lycée.
– Penser devrait être au cœur de toutes les disciplines, et dès le primaire. Ce qui permettrait à la jeunesse orientée, souvent contre son gré, dans les sections professionnelles, voire techniques de philosopher !
Les jeunes sont tout autant en mesure de penser que leurs ascendants !
Et si penser était au cœur de notre système éducatif, penser deviendrait naturel pour tous leurs descendants !