Pourquoi nous refusons la prime de 400 euros reçuepour avoir fait passer les évaluations de CE1 ? Nous refusons cette prime car l’évaluation des élèves fait partie de notre métier.
Les évaluations nationales de CE2 corrigées en équipe n’ont jamais fait l’objet de prime.
L’instauration de bonus salarial va diviser les équipes enseignantes et nuire à leur travail pédagogique.
La logique d’entreprise appliquée à l’école a déjà montré son inefficacité dans d’autres services publics.
Et cette prime n’a-t-elle pas pour autre objectif d’obtenir la caution des enseignants sur ce nouveau mode d’évaluation des élèves ?Et cette prime n’a-t-elle pas pour autre objectif d’obtenir la caution des enseignants sur ce nouveau mode d’évaluation des élèves ?
Nous refusons les évaluations telles qu’elles ont été conçues et telles qu’elles nous ont été imposées sans concertation, cette logique d’examen conduisant :- au tri des élèves avec les injonctions de rattrapage hors temps scolaire pour ceux qui n’ont pas réussi - au classement des écoles qui en découlera à l’avenir avec les résultats rendus publics sur Internet- à l’évaluation des enseignants sur la base de chiffres abstraits ne tenant pas compte du terrain, de l’environnement social, du parcours de l’enfant.1) Elles n’évaluent qu’un pan bien réduit de ce que doit apprendre un enfant. Rien sur le rapport au monde et sa découverte. Rien sur l’oral. Rien sur les capacités imaginatives et créatives. Rien sur le rapport de sens au travail, aux savoirs, donc sur l’envie, le plaisir.
2) Elles ne donnent qu’une image figée de ce qui normalement devrait être un mouvement, une progression. Qu’en est-il des enfants, qui à partir de difficultés vécues auparavant, se mobilisent, donnent tout pour réussir et qui progressent, si au bout du compte leurs résultats sont quand même classés 0 ?
3) Elles font fi de la complexité de ce qu’on sait en choisissant pour des raisons purement statistiques et numériques (et de classement) une notation binaire injuste et automatiquement stigmatisante.
4) Conséquemment, à quoi vont servir ces évaluations si elles ne sont pas adaptées à la plupart des élèves de nos classes, sinon de les mettre en échec et donc dans le découragement.
Nous avons choisi de faire passer les évaluations de CE1 en juin dernier en transformant celles-ci en outil pédagogique utile à l’enfant, aux parents et aux enseignants. Nous n’avons pas fait la correction binaire 0/1 mais noté ce que l’enfant avait effectivement réussi ou non. Nous avons fait ensuite un bilan avec chaque enfant sur ces acquis et les notions non acquises.Ces notions ont été ensuite retravaillées en fin d’année scolaire par les enfants.Nous avons organisé une rencontre réunissant tous les parents de nos classes pour leur montrer les cahiers d’évaluations de leurs enfants et leur expliquer notre position : ces évaluations centrées seulement sur le Français et les Mathématiques ne s’attachent qu’à des apprentissages mécaniques.Les évaluations font partie du processus d’apprentissage et doivent être un outil pédagogique pour aider les élèves.
Nous reverserons cette prime : - à l’ICEM-pédagogie Freinet qui travaille à d’autres formes d’évaluation plus respectueuse de la globalité des apprentissages et de la personne de l’élève - aux « désobéisseurs » qui se sont vus sanctionnés pour avoir refusé ces évaluations.Nous partageons leurs valeurs et leurs actions pour la construction d’une école équitable, humaine et respectueuse de tous les enfants.