Paris si frêle, si délicate, si élégante, si peu expansive dans ses arrondissements, où l'on vit serré dans ses métros, dans ses immeubles, dans ses restaurants, sur ses terrasses, Paris si harmonieuse et si diverse, si rangée et si libre, empreinte de cet esprit laïc et démocratique où il faut partager la voie publique et où l'individu, le piéton a autant de droit que le commerce et les voitures.
Où mais...ce domaine public fait pour être comme tout lieu démocratique, neutre c'est-à-dire vide pour la rêverie et la pensée, pour la réflexion et l'échange, pour l'indéterminé et le possible perd sa fonction, et avec elle, la nature de la ville.
Supprimer les limites et donner la place unique aux piétons, c'est faire de la rue une place, c'est ne rien comprendre à l'urbanité.
Supprimer les limites d'un jardin sous prétexte de liberté retrouvée, c'est faire du jardin une plante bande ou un terrain vague, ce qui n'a rien à voir avec un jardin qui est un lieu clos dans lequel on pénètre pour changer de monde et le monde.
Végétaliser le minéral (la place de la Concorde?), hélas nécessaire pour lutter contre les points de chaleur en ville, c'est supprimer les places et l'ordonnancement de la ville, le défi n'est pas de mettre des arbres ou des végétaux, c'est comment végétaliser sans supprimer la rigueur de la ville et sa lisibilité qui participe grandement à la clarté de l'esprit.
Privatiser l'espace public, source de financement certes, mais si cela conduit à supprimer l'accès à des bassins, à des promenades (fashion week aux Tuileries...), à des ponts et moyens de transport de circulation (Jeux olympiques), c'est une privation qui va au delà de l'atteinte à la liberté de circulation, c'est une atteinte à la une façon d'habiter la ville, de se relier à elle et aux autres.
Comme une architecture qui ne s'intègre pas dans la ville ou qui ne dialogue pas avec elle mais la nie, tout événement plaqué sur la ville la meurtrie et avec elle ses habitants.
Paris, comme toute ville ne peut être un Parc d'attraction.
Où sera la Seine et ses ponts remplis de tribunes? Où sera Paris? Résisteront-ils à ces indélicatesses, cette ville et ces ponts si anciens et si discrets?
Prions