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Billet de blog 3 novembre 2014

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Rémi ... Jeanne.

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

JEANNE

d'Eugène Chatelain (1829-1902)

à Jules Lacolley

Je fus pris après la bataille;

Vaincu, j'étais rentré blessé;

J'avais à la face une entaille

Et le poignet droit fracassé.

Ma femme maudissait la guerre;

Elle avait mille fois raison;

Mais elle ne se doutait guère

Qu'on me prendrait à la maison.

Refrain

Jeanne faisait la soupe;

Mon fils était sur mes genoux,

Quand, tout à coup , la troupe

Parut chez nous.

Ma femme aussitôt, tomba morte

Par les soldats frappée au flanc.

Ils avaient brisé notre porte;

Plus d'un était ivre et sanglant.

Jeanne sur eux, s'est ruée,

Voulant les repousser dehors.

Les misérables l'ont tuée...

Ils ont piétiné son corps.

Refain


Mon garçon, témoin de la scène,

Me serrait convulsivement.

L'enfant ayant trois ans, à peine,

N'avait qu'un cri : Maman! Maman!

Les soldats, en tuant sa mère,

Pourquoi  ne m'ont-ils pas frappé ?

A l'exécution sommaire,

Par Jeanne, j'avais échappé.

Refrain

J'avais lutté pour une idée

Contre des monstres au pouvoir

Dont l'armée était commandée

Par des brigands hideux à voir.

Quand sonna l'heure meurtrière,

J'étais un simple citoyen,

Ma Jeanne était une ouvrière;

Et, tous deux nous nous aimions bien.

Refain

Lorsque les vainqueurs m'entraînèrent

Avec fureur et menaçant,

De mon fils ils me séparèrent:

J'ignore s'il vit à présent.

Reverrai-je ce petit être,

Qu'à mon amour ils ont volé ?

Dans ma prison, je dis: Peut-être !

Et je répète, inconsolé :

Jeanne faisait la soupe; 

Mon fils était sur mes genoux,

Quand, tout à coup, la troupe

Parut chez nous.

Les Exilées.

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