à Claire[1],
Que ce soit, à Paris, un premier mai de 1996, au pied d’un mur de mémoire, que ce soit dans un train de banlieue, un certain vingt huit septembre de 2006 ou enfin que ce soit sur la vertigineuse toile virtuelle, ce dernier 29 juillet, une rencontre peut surgir dans l’instant le plus inattendu. Que ce soit par trois voix qui soudain se rapprochent et se fédèrent pour faire place aux chants après de piteux et toujours vains discours. Que ce soit par la reconnaissance d’un visage et une aimable conversation. Que ce soit enfin par un écrit plus qu’adressé, puisque billet dans un blog qui se trouve être interactif, ces rencontres-là créent une étincelle, non pas celle du coup de foudre amoureux, mais l’étincelle d’un autre coup de foudre, celui que d’aucuns ont nommé « Les éternités joyeuses de l’instant [2]», devenu pour moi : le fugitif instant d’éternité.
Par définition, le mot rencontre évoque le fugitif, ce qui passe et traverse. Beaucoup de nos rencontres humaines survivront plus ou moins à l’épreuve du temps, certaines-même ne s’inscriront pas plus durablement que nos pas sur le sable. Mais certaines, rares et sublimes traceront dans notre histoire personnelle une trace indélébile. Allez savoir pourquoi, mais c’est toujours lié à ce qu’il y a en nous de plus créatif.
Je me devais, pour ce premier texte sur mon blog, le dédier, car c’est bien dans ce grand bazar de la jactance sur le net, qu’une lettre apportée du Grand Large m’a fait découvrir que la vaste toile réserve aussi de belles surprises au travers d’écritures poétiques, et pas seulement, car l’humour s’y déploie à loisir et fait gonfler les voiles, car l’esprit de l’à-propos s’aiguise…Ainsi, par le goût de l' écriture et bien au-delà par la rencontre avec leurs auteurs, des êtres sensibles, chaleureux, attentifs et soucieux de l’autre, empathiques et déférents - mais si, ils existent ! - bref, en poussant enfin cette porte sur le virtuel, rencontrer, ici aussi, tout simplement l’humanité dans sa réalité concrète, dans toute sa diversité ombre et lumière. Ce qui advient, ce qui s’y crée est du plus haut intérêt.
Mais attention, la créativité rend furieux, agressifs et prédateurs les pédants de la culture et autres tortionnaires de la conduite des peuples-troupeaux.
Catherine Grenier - 10 octobre 2013.
[1] - Claire Rafin « lettre aux pirates », billet du 29 juillet 2013, sur son blog.
[2] -Jacinte Rausa, Michel Negrell, Roger Noël (alias babar), « L’Anarchie est une utopie mobilisatrice », Le monde Libertaire no1027, rubrique arguments, 25-31 janvier 1996.