Catherine LISON-CROZE

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Billet de blog 1 octobre 2024

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AU DÉBUT, IL Y A PARFOIS LA SÉDUCTION…

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AU DÉBUT, IL Y A PARFOIS LA SÉDUCTION

Au début, il y a parfois la séduction… Naturelle ou tactique, sincère ou pas, passionnée voire tapageuse, spontanée, laborieuse, louangeuse, opérant par le physique comme par l’esprit, son charme vient de son caractère imprévisible. Quand elle réussit à instiller le désir, les actes sensuels et sexuels prennent le pas sur elle. « Il faut bien que le corps exulte » comme le chantait Jacques Brel. Il va de soi que le corps ne doit exulter qu’entre adultes dont le consentement n’est pas vicié par la violence, la menace, la contrainte ou la surprise.

Sans consentement, il y a viol. La loi actuelle – article 222-23 du code pénal – définit le viol sans viser cette absence de consentement : « Tout acte de pénétration sexuelle de quelque nature que ce soit, ou tout acte bucco-génital commis sur la personne  d’autrui par violence, menace, contrainte ou surprise, est un viol ».

Certes, les juges condamnent les viols perpétrés par violence ou contrainte, qu’elle soit physique ou psychologique. Mais de nombreuses voix féministes regrettent que la loi ne soit pas plus explicite à l’égard des viols commis par abus de pouvoir et souhaitent une nouvelle définition du viol, fondée sur l’absence de consentement.

Dans son billet du 29 septembre sur Médiapart, ma consœur Frédérique Pollet-Rouyer s’est interrogée en ces termes : « On doit se demander en quoi ce consentement était actif, volontaire, express et libre tout au long de l'acte sexuel ».

Si je lui réponds dans le présent billet, c’est qu’un consentement express donné librement n’est pas forcément durable. Et le fait de revenir sur un consentement initial tout au long de l’acte sexuel n’a rien de rare. Il est donc à craindre que celle ou (plus rarement) celui qui l’a donné, se voit opposer devant la justice cet accord initial.

Il faut tenir compte du caractère piégeux d’une définition juridique qui serait fondée principalement sur l’inexistence du consentement. Ne serait-ce que pour toutes celles qui ont commencé par le donner avant que la situation les conduise à se raviser. D’où ma proposition de redéfinir le viol comme suit : Tout acte de pénétration sexuelle ou bucco-génital IMPOSÉ NOTAMMENT par violence, menace, contrainte ou surprise.

L'adjectif IMPOSÉ exclut le consentement et l'adverbe NOTAMMENT permet d'englober toutes les situations d'abus de pouvoir, si nombreuses et variées qu'en dresser une liste exhaustive paraît impossible.

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