Dans un monde policé aux trompeuses apparences humanistes, où les exclus et les "placardisés" se suicident ou finissent épaves sous antidépresseurs à l'asile, où le néolibéralisme a su instaurer une forme de totalitarisme souple et spectaculairement ludique, servi par une bureaucratie hypocrite et habile à diluer les responsabilités, il arrive que certains individus dans un sursaut désespéré choisissent la rupture et l'action violente envers autrui plutôt qu'envers eux-mêmes. Les récents drames de Toulouse et Montauban et les actes inexcusables du jeune Mohamed Merah entrent dans ce schéma.
Auteur à statut précaire, considéré comme "Beur", condamné à la recherche identitaire et confronté à l'ostracisme pervers d'une société qui se prétend laïque et ne juge que par la fortune l'origine et le patronyme, je me suis intéressé à ce phénomène dont les effets dévastateurs me touchaient de près.
En 2011, suite à l'affaire de Tarnac, j'ai voulu me mettre dans la peau d'un de ces desperados de la haine et j'ai écrit PAPY BOUM, une réflexion sous forme de thriller divertissant qui en dit beaucoup plus long qu'il n'en a l'air.
Aux antipodes de l'islamiste fanatisé, mon personnage Léonard Bornsteïn est un ouvrier quinquagénaire amoureux des livres, soudain rejeté pas un système aux murs invisibles mais infranchissables. En le suivant pas à pas, vous retrouverez les démons qui peuvent pousser aux actes fascistes et monstrueux, les frontières floues entre la révolte individuelle et le délire, et surtout vous vivrez en direct la frustration terrible que cela engendre quand le sujet constate l’extraordinaire capacité de digestion et de réécriture du réel qui caractérise nos sociétés de contrôle.
Ceci n'est PAS une apologie du terrorisme, mais plutôt un vaccin pour ceux dont la colère gronde. Ceux qui ont déjà lu ce roman en mesurent certainement aujourd'hui toute la valeur prémonitoire....
Ramdane ISSAAD
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