Les deux hommes s’engouffrent donc dans la brèche des prix planchers présentant cette initiative comme LA solution aux problèmes des vignerons, ils souhaitent même faire de la vallée du Rhône un élément moteur dans ce domaine.
Selon un article Vitisphère du 8 mars 2024 Philippe Pellaton affirme même avoir déjà mis en place avec succès de tels prix planchers.
Ce qu’il faut préciser est l’issue de cette démarche et la convocation devant le répression des fraudes pour entente illicite sur les prix. Ceci lui aura valu une condamnation de 20.000 € de Bercy.
Il ne s’agit là que d’une posture politique bien maladroite visant à offrir une réponse se voulant ferme aux vignerons. Comme en témoigne encore la lettre envoyée par Philippe Pellaton au président Macron pour avancer sur ces sujets.
Une mascarade politique.
Cette mascarade masque en fait l’absence totale d’idée et de réponse de la part d’Inter Rhône, du syndicat des vignerons et même des négociants à cette crise viticole.
Non les prix planchers ne changeront rien.
Tout d’abord car comme l’indique à mots couverts la direction de Lidl, "on ne va pas contre un marché". Cela n’a jamais fonctionné. Encore moins sans loi égalim européenne. Les enseignes auront vite fait de signer les contrats par des structures européennes au motif d’une concurrence exacerbée.
Le pire est que l’instauration d’un prix plancher (tout comme les deux condamnations récentes à Bordeaux) va finir d’éteindre le marché. Les opérateurs ne passeront plus d’achat par peur des sanctions. Ils chercheront des alternatives commerciales qui ne tarderont pas à se présenter.
Et les syndicats ont la mémoire courte.
En 2016, les vignerons ont eu des demandes trop élevées pour le prix à l’hectolitre des AOP Ventoux rouge. Le plus gros opérateur, face à cette pression tarifaire, est tout simplement sorti de l’appellation remplaçant son Ventoux par un vin de France grenache syrah. Les Ventoux se sont effondrés, mais le négociant a augmenté sa rentabilité.
À l’heure où les difficultés au vignoble se font irrémédiables, la filière est en droit d’attendre de vraies réponses de ses représentants. Or, nous assistons à une impuissance grandiose.
À l’image de leurs visages hébétés le 2 février en face de ces 200 vignerons sur le pas de la porte de leur hôtel particulier rue des trois faucons à Avignon.
Pendant que les membres du conseil d’administration et les salariés fuyaient courageusement par la porte de derrière, les présidents ne pipaient mot et les vignerons s’enfonçaient inexorablement dans la plus grave crise de leur histoire.
Le contraste était saisissant.