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Billet de blog 21 août 2025

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La dette française : de Rabelais à la BCE

Ces dernières semaines, un sujet revient en boucle dans le débat politique : le déficit public. Les éditorialistes et économistes « sérieux », comprendre ceux qui ne jurent que par l’austérité nous expliquent que si la France ne serre pas la ceinture à coups de mesures drastiques, c’est le gouffre assuré.

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Ces dernières semaines, un sujet revient en boucle dans le débat politique : le déficit public. Les éditorialistes et économistes « sérieux », comprendre ceux qui ne jurent que par l’austérité nous expliquent que si la France ne serre pas la ceinture à coups de mesures drastiques, c’est le gouffre assuré. La récession, comme un spectre, plane au-dessus de nos têtes.

Mais tout le monde n’est pas d’accord avec ce discours apocalyptique. Le Nouveau Front Populaire propose une autre option : taxer davantage les grosses fortunes pour rééquilibrer les comptes sans sabrer dans les services publics. Évidemment, cette idée n’a pas tardé à se faire dézinguer par les autres partis. Qu’ils soient libéraux (Ensemble pour la République, Les Républicains, MoDem, UDI) ou conservateurs (Rassemblement National), tous semblent d’accord sur un point : réduire le déficit , coûte que coûte. Peu importe si les conséquences ne sont pas les mêmes pour tout le monde, l’objectif reste le même.

Dans cet article, nous allons revenir sur la politique économique menée par Emmanuel Macron depuis sept ans. Nous allons aussi essayer de décortiquer ce que représente vraiment la dette publique et regarder quelles pistes pourraient permettre de sortir de cette impasse.

La dette, c’est quoi au juste ?

Pour commencer, un peu de philo. François Rabelais écrivait dans Pantagruel :

« Car les hommes sont nés pour l’aide et le secours des hommes. En lieu d’elles succèderont défiance, mépris, rancune, avec la cohorte de tous maux, toutes malédictions, et toutes misères. »

En gros, la dette publique, ça devrait être ça : un outil pour se serrer les coudes, investir ensemble pour bâtir un avenir meilleur.

Mais si on passe à une définition plus technique, voilà ce que ça donne :

« La dette publique, c’est l’ensemble des engagements financiers de l’État: cash, réserves bancaires, titres d’État. Dit autrement, le stock de dette, c’est la somme des déficits annuels. »

Dit comme ça, ça reste un outil économique. Cependant, la dette est avant tout un choix politique. Elle fixe la direction qu’on veut donner à notre société. Alors, quand on nous présente le déficit comme un ennemi juré, on peut se demander : est-ce qu’il s’agit vraiment d’une nécessité rationnelle ou juste d’un prétexte pour faire avaler la pilule des politiques néolibérales ?

Austérité quand tu nous tiens

Depuis 2017, la ligne est claire : réduire les dépenses publiques. Tout ça au nom de la compétitivité, des règles budgétaires européennes et d’une soi-disant « bonne gestion ». Mais derrière cette rigueur se cache une autre réalité : les critères de Maastricht et le Pacte de stabilité, deux piliers de la politique économique européenne, taillés sur mesure pour coller aux principes budgétaires allemands.

Et l’Allemagne, parlons-en. Avec sa vision rigide de l’économie, elle impose indirectement sa logique à toute l’Europe. La France, elle, suit le mouvement, quitte à sacrifier des pans entiers de ses services publics pour rester dans les clous.

Sauf que tout le monde n’est pas convaincu par cette approche. Les économistes post-keynésiens, par exemple, nous rappellent que dans un contexte de taux bas et de faible inflation, la dette publique n’est pas un problème. Au contraire, elle pourrait devenir une arme pour financer des projets essentiels : transition écologique, éducation, santé... Bref, tout ce dont on a vraiment besoin.

La destruction de la dette publique comme patrimoine commun

On nous raconte souvent que l’après-guerre a été une époque dorée pour les économies occidentales. Les fameuses Trente Glorieuses.

Pourquoi ? Parce que l’État jouait les premiers rôles : il construisait des routes, des écoles, des hôpitaux, et tout ce qui faisait avancer le pays. Une belle période où le keynésianisme , comprendre : l’État qui met les mains dans le cambouis économique dictait les règles du jeu.

Mais tout ça, c’est du passé. Les années 70 marquent le début de la fin. Avec le néolibéralisme qui pointe le bout de son nez, les marchés monétaires et financiers commencent à s’émanciper. La chute de l’Union soviétique à la fin des années 80 vient enfoncer le clou : le monde bascule dans une nouvelle ère, où les multinationales et les marchés financiers prennent les rênes.

Quand les marchés prennent le pouvoir

Le néolibéralisme, c’est un vrai tour de passe-passe. Petit à petit, on libère les marchés de la tutelle des États. Ce qui appartenait au domaine public comme la monnaie devient un bien privé.

L’État, autrefois maître d’œuvre des grands projets, se retrouve rétrogradé au rang de figurant. Et comme si ça ne suffisait pas, on persuade l’opinion que tout ce que fait l’État est forcément inefficace, que l’intervention publique serait synonyme de gaspillage ou de lourdeur.

Ce glissement a des conséquences concrètes : là où la banque centrale fixait autrefois les taux d’intérêt , autrement dit, le prix de la dette publique , ce sont désormais les marchés financiers qui tiennent les commandes. Ils s’appuient sur leurs agences de notation pour décider combien un État doit payer pour emprunter. On est passé d’un outil public, collectif, à une machine contrôlée par des intérêts privés.

Pourquoi ne pas revenir en arrière

Facile à dire : « On n’a qu’à redonner le contrôle de la monnaie à l’État. » Mais dans les faits, c’est loin d’être évident. Pourquoi ? Parce qu’on fait partie de l’Union européenne. Et ça change tout.Depuis les traités de Maastricht (1992) et de Lisbonne (2007), l’UE fonctionne sur un marché commun et une monnaie unique : l’euro. Ces décisions ont retiré aux États membres leur souveraineté monétaire. La Banque de France, autrefois en charge de la politique monétaire nationale, a été mise sur la touche. Désormais, c’est la Banque centrale européenne (BCE) qui décide. Et ses décisions doivent répondre aux intérêts des 20 pays de la zone euro, pas seulement à ceux de la France.

Les règles du jeu européen: Une cage dorée?

Ajoutez à cela les fameux critères de Lisbonne :

- Pas plus de 3 % de déficit public par rapport au PIB. - Pas plus de 60 % de dette publique.

Ces ratios ne sont pas que des chiffres abstraits. Ce sont des cadenas qui verrouillent les politiques budgétaires des États. Investir, relancer l’économie ou financer des projets ambitieux devient un exercice périlleux sous ces contraintes. Chaque dépense publique supplémentaire est scrutée, jugée, parfois condamnée par les marchés financiers et les institutions européennes.

En s’enfermant dans ce cadre, on a laissé le champ libre aux marchés. Ce qui relevait du patrimoine commun, un levier pour construire des routes, des écoles, des hôpitaux est tombé aux oubliettes.

Bref l’avenir est devenu un instrument de domination entre les mains d’acteurs privés. Et tout ça au nom d’une soi- disant rationalité économique, qui oublie que l’économie est avant tout une question de choix politiques.

Les subtilités de l’économie

Autrefois, l’État avait tout un arsenal d’outils à sa disposition pour gérer la dette publique, et il en était le maître absolu. Voyez plutôt :

- La baisse des dépenses publiques, grande favorite des penseurs néoclassiques (alias les néolibéraux).

- La dévaluation de la monnaie, qui, combinée à l’inflation, permettait d’augmenter les prix, stimuler la consommation et, par effet domino, la croissance.

- L’augmentation des salaires pour dynamiser cette même consommation.

- Si l’inflation s’emballait un peu trop, on pouvait aussi remonter les taux d’intérêt pour la calmer. C’est d’ailleurs ce qu’a fait la Banque centrale européenne après la crise du COVID pour tenter de juguler la flambée des prix.

- Enfin, la hausse des impôts, destinée à augmenter les recettes fiscales et investir dans des services publics de qualité.

Mais ça, c’était avant. Avec la mise en place du marché commun, le champ des possibles s’est drastiquement réduit. Aujourd’hui, il ne reste plus que deux options sur la table :

1. Réduire la dépense publique, autrement dit appliquer une bonne vieille politique d’austérité.

2. Augmenter les impôts.

Ces deux options, soyons clairs, sont loin d’être idéales.

Les limites des politiques actuelles

D’un côté, l’austérité fait des ravages. Elle affaiblit les services publics et dégrade directement les conditions de vie des plus précaires. De l’autre, la fiscalité, quand elle est mal pensée, pèse surtout sur les classes moyennes. Pourquoi ? Parce que les plus riches, eux, savent très bien contourner l’impôt grâce à des mécanismes financiers bien rodés comme les holdings. Leur richesse, bien souvent, repose sur leur capital et non sur leurs revenus. Résultat : ils passent à travers les mailles du filet.

Et pendant ce temps, près de 15 % de la population vit sous le seuil de pauvreté. Pour ne rien arranger, les maigres impôts qui frappaient les grandes fortunes ont été supprimés sous la présidence d’Emmanuel Macron. Alors, logiquement, on pourrait se dire : « OK, il a réduit les impôts des plus riches, mais il a compensé avec des politiques d’austérité pour réduire le déficit, non ? »

Eh bien, pas vraiment. Certes, le budget des administrations publiques a été largement amputé. Mais regardons les chiffres : la dette française atteint aujourd’hui 3 000 milliards d’euros, soit 110 % du PIB. C’est bien loin des 60 % imposés par Bruxelles. Alors, si cet endettement massif avait servi à améliorer la vie de tous, on pourrait lui trouver des excuses. Mais ce n’est pas vraiment le cas. Ce qu’on voit surtout, c’est que la fortune des plus riches a explosé.

Une dette qui interroge

Pour être juste, on ne peut pas tout mettre sur le dos de Macron. Il a dû gérer une crise sans précédent avec le COVID. Maintenir une économie à l’arrêt demande forcément de puiser dans les caisses. Mais, soyons honnêtes : ces mesures étaient-elles vraiment destinées à protéger l’ensemble des Français ou plutôt à préserver les intérêts d’une minorité ? Et puis, la crise sanitaire n’explique pas tout. Elle ne justifie pas ces 1 000 milliards de dette supplémentaires accumulés en sept ans. C’est plus que sous n’importe quel autre président de la Cinquième République (excepté François Mitterand).

La politique de l’offre

La gauche pointe souvent un chiffre : 70 milliards. C’est, grosso modo, ce qu’a coûté la suppression de certains impôts sous Emmanuel Macron, notamment le fameux ISF, symbole d’une fiscalité solidaire, et la taxe d’habitation, un manque à gagner crucial pour les collectivités territoriales. Coïncidence ? Pas vraiment. Ce montant équivaut à peu près au déficit annuel de la France, qui tourne autour de 60 milliards d’euros.

La stratégie du pouvoir en place

Quand Macron arrive au pouvoir en 2017, il ne fait pas de mystère : son programme repose sur la politique de l’offre. L’idée est simple, du moins sur le papier : alléger les charges patronales pour booster la création d’emplois et attirer les investisseurs étrangers. Plus d’emplois, c’est plus de salaires, donc plus de consommation, et, au final, plus de recettes fiscales. Logique, non ?

Sauf que dans la vraie vie, ça ne s’est pas passé comme ça...

La préconisation comme effet pervers

Plutôt que de créer des emplois stables et bien rémunérés, la politique de l’offre a surtout généré une armée de travailleurs précaires. Vous vous souvenez peut-être des promesses d’un écosystème florissant de petits entrepreneurs. Résultat ? On a surtout vu émerger des statuts précaires, souvent éphémères.

Prenons l’exemple des livreurs Uber Eats. Sur le papier, ils sont auto-entrepreneurs, maîtres de leur destin. En réalité, ils signent un contrat avec une entreprise qui prélève une grosse part de leurs revenus. Au final, après les heures passées à pédaler ou conduire, ils se retrouvent avec des revenus bien maigres. L’entrepreneur autonome ? Une belle illusion.

Cette mécanique s’applique ailleurs : des emplois précaires, mal payés, mais très rentables pour ceux qui les exploitent. En 2023, 17,3 % des salariés français sont payés au SMIC, contre 12 % en 2021. Cette "smicardisation" généralisée ne fait que confirmer que ces nouveaux emplois coûtent peu aux employeurs, au détriment de la sécurité et de la dignité des travailleurs.

L'équation fiscale: Un casse tête

On pourrait se dire qu’un grand nombre d’emplois, même mal payés, garantit davantage de recettes fiscales. En théorie, c’est vrai. Mais ce chiffre est à nuancer. D’abord, l’inflation, qu’elle soit liée à la crise du COVID ou à celle des Subprimes pousse mécaniquement à l’augmentation des salaires, un processus largement impulsé au niveau européen. Ensuite, il faut rappeler que ces nouvelles recettes servent aussi à compenser les baisses de cotisations patronales.

Oui, vous avez bien lu. La dépense publique finance la sécurité sociale et les garanties des travailleurs que les entreprises refusent de prendre en charge. L’État paye, les employeurs encaissent, et les salariés, eux, financent indirectement leur propre protection sociale. En somme, on privatise les bénéfices tout en mutualisant les coûts.

Un déficit organisé

Quand on fait les comptes, le constat est amer. Ces 70 milliards d’euros d’impôts supprimés chaque année ne sont pas compensés. En sept ans, l’addition est lourde : un déficit massif, une dette qui explose, et un État qui prend à sa charge ce que les employeurs ne veulent plus financer.

Et le pire dans tout ça ? Le premier poste budgétaire de l’État, c’est le remboursement de cette dette, cette même dette que Macron a contribué à alourdir. Mais sa générosité ne s’arrête pas là : le président n’hésite pas à emprunter encore et encore sur les marchés pour distribuer des subventions aux géants du CAC 40.

La BCE en renfort

Comment est-ce possible ? Grâce à une politique européenne sur mesure. La Banque centrale européenne (BCE) a racheté les titres de dette des États, assurant ainsi leur viabilité aux yeux des marchés. Avec cette garantie en poche, les investisseurs prêtent volontiers, d’autant plus que dans un monde multipolaire où les risques géopolitiques font grimper les taux d’intérêt, ce genre de filet de sécurité est précieux.

Mais à quel prix ? Ce système ne fait qu’alimenter un modèle économique libéralisé où l’État s’endette pour garantir la rentabilité des plus riches, laissant la majorité des citoyens supporter le poids d’un système qui ne profite qu’à une minorité.

L’option européenne restreinte par la mainmise de Berlin

Partons d’un postulat : la France ne quittera pas l’Union européenne. C’est, de loin, le scénario le plus réaliste. Après tout, aucun acteur politique d’envergure ne remet vraiment en cause l’existence du marché commun. Mais alors, quelles options restent sur la table ?

Les pistes nationales

Sur le plan national, la gauche avance plusieurs idées. D’abord, augmenter les impôts pour les plus riches. On parle du retour de la taxe d’habitation, de la hausse des charges patronales, et de l’augmentation des salaires. Mais attention, ne vous laissez pas avoir : l’impôt sur le revenu n’est pas le gros du gâteau fiscal. Non, le roi des recettes,

c’est la TVA.

La vraie bataille, c’est celle du capital. Taxer les holdings, par exemple LVMH, pourrait rapporter gros. Pourquoi ? Parce que le patrimoine, détenu par une infime minorité, est le principal vecteur d’investissement pour les grandes fortunes. On pourrait aussi instaurer une « exit tax », un impôt visant les riches qui transfèrent leur foyer fiscal à l’étranger.

Pour ce qui est des miennes:

- Renforcer la DNEF (Direction nationale des enquêtes fiscales) pour lutter contre l’exil fiscal.
- Mettre en place une TVA verte, comme le proposent les écologistes, pour financer la transition écologique.
- Un impôt exceptionnel à 45 % sur les 10 % les plus riches, pour un coup de poker fiscal de 150 milliards d’euros.

Mais forcément, l’opposition monte au créneau. Elle agite les épouvantails habituels : hausse du chômage, fuite des capitaux, et panique sur les marchés financiers. À les écouter, ce programme serait tellement coûteux qu’il effraierait tout le monde, des investisseurs aux agences de notation.

Le rôle de l'Europe

D’accord, disons-le : pour rassurer les marchés, impossible de faire l’impasse sur l’Europe. Et là, entre en scène un outil clé des « observateurs orthodoxes » : le spread. Ce fameux écart de taux mesure la différence entre les obligations d’un pays et celles de l’Allemagne.

Actuellement, le spread français est à 0,84 %, son plus haut niveau depuis 2012. Pas de quoi s’affoler pour autant : les obligations françaises à 10 ans s’établissent à 4,95 %, bien en dessous des niveaux atteints pendant la crise COVID.

La BCE, de son côté, pourrait continuer à racheter des titres de dettes pour soutenir des pays comme la France. Mais ça, c’était avant. Cette politique, mise en place pour amortir les crises successives, doit prendre fin en janvier 2025. Pourquoi ? Parce que l’Allemagne s’y oppose fermement. Berlin ne digère pas l’idée que des pays « mal gérés » puissent bénéficier des fonds européens. Ça vous rappelle quelque chose ? Oui, c’est le même refrain qu’à l’époque de la crise grecque, quand Angela Merkel imposait des cures d’austérité drastiques à Athènes pour rester dans l’UE.

L'argument fallacieux de la Grèce Bis

Les libéraux adorent ressortir cette vieille rengaine : réduire la dépense publique pour éviter que la France ne devienne une « Grèce bis ». Un argument qui ne tient pas la route. La France n’est pas la Grèce. Si la France devenait insolvable, ce serait toute la zone euro qui vacillerait. En tant que deuxième économie de l’Union, la France est un pilier central. Et d’ailleurs, si les marchés s’inquiétaient vraiment, ça se verrait. Mais non, le calme règne.

Le vrai problème, ce n’est pas l’économie française, mais la politique européenne.

L'obsession allemande pour l'austérité

L’Allemagne s’entête à imposer une discipline budgétaire rigide à toute l’Europe. Pourquoi ? Parce que son modèle économique repose sur un excédent commercial colossal. Contrairement à la France, où la consommation intérieure joue un rôle moteur, l’économie allemande dépend du commerce extérieur.

Pour Berlin, des taux d’intérêt bas signifient des investissements facilités et une balance commerciale encore plus avantageuse. Mais cette stratégie a ses limites. La crise énergétique, déclenchée par l’invasion russe en Ukraine, a fait exploser les coûts de production en Allemagne. Résultat : une concurrence accrue, notamment de la Chine, sur les marchés.

Et ça ne s’arrête pas là. L’austérité allemande pousse les ménages à épargner plutôt qu’à consommer, un modèle viable tant que les excédents commerciaux compensaient. Mais avec des marchés qui se rétractent, la machine s’enraye.Le mécontentement gronde aussi en interne. L’Alternative pour l’Allemagne (AfD), parti d’extrême droite, rafle des victoires inquiétantes dans les régions de l’Est. Alors pourquoi, dans un tel contexte, l’Allemagne s’accroche- t-elle à imposer l’austérité à ses voisins ? Mystère.

Berlin campe sur ses positions, mais cette rigidité pourrait bien finir par fragiliser l’Europe entière. Le modèle économique qui faisait sa force hier devient une faiblesse aujourd’hui.

Les perspectives européennes

Nous avons exploré deux scénarios plausibles pour aborder les inquiétudes autour de la dette française, ainsi que leurs limites respectives. Mais une conclusion s’impose : il est impératif de repenser la notion même de « dette ». Plutôt que de la percevoir comme une contrainte, il faut la considérer comme un outil, un levier pour façonner le devenir de nos sociétés.

Souvenez-vous de la citation de François Rabelais évoquée au début de cet article, appliquée à notre sujet, cette réflexion nous invite à sortir du paradigme néolibéral actuel. Que ce soit à l’échelle nationale ou européenne, le problème reste fondamentalement le même : l’objectif ne doit pas être de réduire le déficit à tout prix, mais de repenser notre politique monétaire. Nous ne pouvons continuer à justifier l’appauvrissement des uns pour financer les ambitions des autres. L’Europe, par sa diversité et son ampleur, a tout ce qu’il faut pour instaurer une nouvelle dynamique. Trop souvent pointée du doigt pour ses faiblesses, elle pourrait enfin devenir un espace d’innovation au service du bien commun.

La France, patrie de la République, berceau du socialisme et fervente défenseure de la justice sociale, doit jouer un rôle moteur dans cette transformation. Elle peut, et doit, imposer un renouveau à l’Union européenne. Car si nous restons figés dans ce modèle actuel, nous serons condamnés à échouer face à des défis qui dépassent largement nos frontières ou même notre espèce.

Finalement, la dette n’est pas une fatalité. C’est un moyen de repenser nos sociétés et de redéfinir nos priorités. À nous de décider comment l’exploiter.

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