Il y a des pays dont on a peu parlé dans ce printempsarabe et qui se réveillent lentement. Plus loin des médias internationaux, laJordanie en fait partie.
Fin janvier, des milliers de Jordaniens ont défilé àAmman après l’appel de l’opposition Frères musulmans-syndicalistes-militants degauche à protester contre la pauvreté, le chômage et la hausse des prix. Enurgence, le 18 janvier, 170 milliards de dollars ont été débloqués pour enrayerla hausse des prix des produits de première nécessité. Il faut dire que leroyaume hachémite ne dispose pas des mêmes ressources ( rente pétrolière) quela Libye ou l’Algérie et qu’il est un pays au lourd déficit budgétaire. De prèsde 10% du PIB en 2009, la dette publique a été ramenée à 5% depuis au prixd’une politique de rigueur antisociale et la Jordanie reçoit de l’aide desoccidentaux pour sortir de la crise. L’Etat avait même émis l’idée de supprimerles subventions sur le pain, base de l’alimentation des Jordaniens, maisabandonna devant la contestation.
Le 7 février dernier, c’est une lettre signée par les36 chefs bédouins, loin des mouvances religieuses, qui parvenait au roi AbdallahII en signe de ralliement aux manifestants. Piliers du régime, ils demandaientau souverain davantage de réformes pour améliorer au plus vite les conditionsde vie de ses sujets. Sans demander l’abdication du Roi, ils s’en étaient même prisau train de vie de la famille royale, une première, et particulièrement à labelle reine des 1001 nuits jordaniennes, Rania d’origine palestinienne etsoupçonnée depuis lors de corruption. Décidément, prises pour « abus defaiblesse » la main dans le sac, les femmes « cleptovores » dedirigeants arabes ont la vie dure dans cette Révolution.
Pour tenter de faire taire l’agitation, Abdallah II afinalement écouté la rue qui demandait la démission de Mr Rifaï et nommé le 1erfévrier un nouveau premier ministre, Mr Bakhit, afin qu’il mène de profondesréformes « soutenant notreaction en faveur de la démocratie ». Tout un programme qui ne semblerassurer ni les Jordaniens, et une évolution qui continuerait surtout àinquiéter les Israéliens, pour qui le royaume hachémite est surtout le dernierpays frontalier stable en paix avec eux.
Allié historique dans la région des Etats-Unis, le Roise rendait fin février outre-atlantique pour chercher du soutien. Mais curieusementpas auprès du président Obama, plutôt même du côté des sénateurs républicainscomme l’ex-candidat malheureux John Mc Cain. En qualité de chef des armées,Abdallah Il visitait même des bases militaires US et venait y chercher desconseils en défense dit-on. Sic.