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Billet de blog 18 juin 2015

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En Bulgarie, déchaînement contre les Roms : au bout de l’ethnicisation, l’embrasement général ?

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Il y a deux jours à peine, à Orlandovtsi, un quartier de Sofia, des coups de feu se sont fait entendre dans la cohue d’une émeute anti-tsigane (1). Qui a tiré ? Sur qui ? Pourquoi n’a-t-on rien vu ? S’agissait-il d’une provocation ? Les Roms étaient-ils menacés ? menaçants ? De quel côté étaient les policiers ? Quelques semaines auparavant, de jeunes Bulgares de Garmen (ville des Rhodopes), parce que des Roms écoutaient la musique trop fort, se sont eux aussi regroupés pour manifester « contre les Tsiganes ». Sur les murs de certaines villes, on peut lire de plus en plus souvent : « Smart za mangalite » (Mort aux charbons), «  Smart za Tsiganite » (Mort aux Tsiganes), ou encore « Tsigani na sapun » (Les Tsiganes en savon), etc.

Que se passe-t-il dans le pays du  « komsuluk », ce mot turc utilisé par les Bulgares pour vanter le bon voisinage ?

Une vieille histoire à dormir debout ?

Les prétextes à sévir contre la « communauté rom » ont fait florès ces dernières années en Bulgarie, quand bien même ces poussées de violence sont restées liées à la ponctualité d’événements politiques. Tel a été le cas lors de l’émergence du parti d’extrême droite en 2005 (Ataka), ou lors de faits divers faisant surgir des conflits politiques multiples, comme entre le « Tsar Kiro » (Kiril Rashkov) et la mairie de son village (Katunitsa) en 2011 : discours et manifestations de haine, menaces, signes nazis, incendies de maisons, agressions individuelles, ou plus rarement des meurtres… Ces derniers temps, les Roms avaient même connu un léger répit avec l’arrivée des migrants syriens par la Turquie, lesquels avaient vu se tourner vers eux les regards des groupes néo-nazis (qui ne dissimilent pas leur nostalgie du régime hitlérien). Mais c’était sans compter sur la création d’un nouveau parti xénophobe d'inspiration nationaliste : Le Front national pour le salut de la Bulgarie ou NFSB (Natzionalen Front za Spasenie na Bulgaria en bulgare[2]), dirigé par Valeri Simeonov. L’émiettement de ces partis, s’il disperse les voix aux élections (le NFSB n’a pas atteint 3 % aux dernières élections européennes[3]), ne disperse pas pour autant les discours de haine, ni ses manifestations publiques : au contraire, il les multiplie et fait de plus en plus d’adeptes, notamment chez les jeunes désœuvrés de milieu modeste. En cette période pré-électorale (les élections municipales auront lieu fin octobre), les effets de l’ethnicisation entamée vis-à-vis des Roms et des Turcs, et poursuivie depuis des années par les dirigeants, sont habilement entretenus par les médias, notamment les télévisions privées. Pareille incrimination des Roms est le fait non seulement des chaînes aux mains des leaders nationalistes comme Valeri Simeonov (Skat) ou Volen Siderov (AlphaTV) mais également d’autres chaines privées, comme NovaTV ou TV7 : celles-ci, afin de faire monter l’audience, constituent les Roms comme motifs à moquerie, comme têtes de massacre ou bêtes noires, jusqu’à leur dénier toute humanité à travers des reportages clairement manipulateurs visant à les dresser en ennemis de l’intérieur[4]. Ainsi dans un quartier connu par certains chercheurs français (dont l’auteur de ces lignes) depuis bientôt dix ans maintenant, Nadezhda (Sliven), le quartier où Stefka Stefanova a écrit le livre La Vie d’une femme Rom (Tsigane) publié en France, une journaliste de NovaTV a réalisé un reportage falsificateur de la réalité de son quotidien. Au-delà des calomnies et autres imputations proférées d’ordinaire à l’encontre des Tsiganes de la Mahala (quartier pauvre et malfamé où manigancent ces fourbes, réfractaires à l’ordre public et profiteurs d’un État providence), il fait valoir que ceux-ci prospèrent en toute impunité, qu’ils s’en prennent ou s’en prendront tôt ou tard aux Bulgares, et donnent par là un sens à la grande peur des nationalistes : que leur nombre croissant voue la Bulgarie à son emprise par la bassesse et l’immoralité. En allant à la recherche d’une jeune fille mère trop jeune (Cortesa) comme c’est le cas souvent dans le quartier, la journaliste, dans ce reportage à la conduite tout à fait orientée met en scène l’expression des passions les plus aisément attisées. De là à conclure que les journalistes ne font qu’activer les pulsions les plus morbides des Bulgares, il n’y a qu’un pas. Un pas sans doute trop vite franchi, dès lors qu’il fait l’impasse sur une globalité de représentations et de discours dont, à quelques mois des élections, les instances politiques, économiques et médiatiques ont tout intérêt à voir resurgir les fantômes.

Au bout de l’ethnicisation

Une réponse inepte consisterait à se satisfaire d’une analyse essentialiste visant, comme on l’entend trop souvent, à fustiger le supposé racisme des habitants des pays de l’Est ou des Balkans. On voit quelle inconséquence ce serait d’en repasser par un essentialisme pour en dénoncer un autre. Si les Tsiganes sont depuis longtemps au bas du bas de la hiérarchie sociale, c’est que la pauvreté les y conduit. C’est elle d’abord, depuis des siècles, qui les caractérise et les signale aux autres : être Tsigane, c’est être pauvre, dans l'imaginaire des non-Roms. La question est bien différente pour les Turcs, issus d’un empire Ottoman qui a dominé pendant cinq siècles sans partage. Ce qui a changé, déjà pendant la période communiste mais surtout avec l’arrivée de la demokratsya — qui n’est autre, sous cette dénomination, que le capitalisme débridé tel qu’il a dévasté les campagnes et les banlieues bulgares sur fond de corruption et d’affairisme sauvage —, c’est le chemin pris par le régime économique global vers le déni social et l’orientation ethniciste du contrôle des populations. Alexandra Nacu[5] l’explique de manière très claire dans sa brillante thèse : il s’agit d’une lente ethnicisation de la pauvreté qui conduit à la hantise de « tomber aussi bas qu’un Tsigane » et de faire d’une classe sociale une « communauté », que l’on appelle maintenant une « minorité ». Des nombreux Roms vivant sans trop de difficultés, on ne parle jamais. Ce processus long et complexe, qui exigerait d’être ailleurs amplement développé, n’est pas le fait des seuls nationalistes et capitalistes bulgares. C’est aussi une histoire européenne. L’occasion a été donnée aux acteurs de la défense des droits des Roms de le remarquer : leur activité au sein des ONG a permis que se distendent les liens et se creuse le fossé entre Roms et non-Roms[6]. La grande majorité des laissés-pour-compte, vivant avec moins de 100 euros par mois, ne sont pas que des Roms et l’ont fait savoir. Des rancœurs en sont nées. Pourquoi aider les Roms et pas les autres ? Pourquoi une politique ethniciste ? Ce travail commun à une Europe tout entière n’est pas sans effet sur l’évolution d’une situation déjà tendue. Le dernier verrou des fantasmes a sauté avec la politique d’expulsion des Roms par la France : le renvoi de ces derniers par « le pays des droits de l’homme » vient, pour la population bulgare qui l’a en admiration, comme une confirmation du nécessaire rejet des indésirables qu’ils sont.

La lente progression de la haine suit la courbe de la lente agonie économique subie par une majorité de personnes délaissées par un capitalisme errant. Si tous les arguments anti-Roms sont totalement infondés, comme le rappelle Tatiana Vaksberg, une des rares journalistes à faire un travail courageux d’analyse et de décorticage des préjugés[7], leur exaltation est à l’image de la violence qui s’éprend des corps nazifiés lors des émeutes. Si les discours et les arguments sont universels (nous ne sommes aucunement indemnes de ces préjugés en France, et singulièrement depuis 2010 et le discours de Grenoble), les effets sont toujours tributaires des contextes sociaux et politiques. En la matière, les discours des responsables politiques bulgares rivalisent en malignité avec ceux que nous avons pu entendre en France. Il devient chaque jour plus évident qu’ils jouent les uns les autres, les uns avec les autres, ensemble, un jeu dangereux, dont les bénéfices politiques d’une occupation des esprits par des simulacres ethnicistes ne sont pas à la mesure des risques qu’ils font encourir aux populations visées. En décembre dernier, suite à des échauffourées entre des jeunes d’un quartier tsigane et des ambulanciers arrivés trop tard, le ministre de la Santé, Petar Moskov[8], a menacé de ne plus envoyer les ambulances dans les quartiers roms et a déclaré publiquement à la télévision : « Si quelqu’un choisit de vivre et de se comporter comme un animal, il reçoit aussi le droit d’être traité comme tel. En vérité, même les animaux sauvages comprennent quand vous voulez les aider et non pas les attaquer… À partir d’aujourd’hui, les équipes d’aide médicale d’urgence entreront dans les quartiers où ces accidents ont déjà eu lieu (attaques d’ambulances) avec la protection de la police ou avec un leader local qui garantira personnellement la conduite des personnes en question[9].» Valeri Simeonov (le leader du Front patriotique) a renchéri dans le registre animalier en croyant bon d’ajouter : « Les Roms sont devenus arrogants, orgueilleux et des humanoïdes féroces, bons à réclamer le droit d’un salaire sans travailler, cherchant des arrêts maladie sans être malades, des aides pour les enfants qui jouent avec les cochons dans la rue, et des bénéfices de maternité pour des femmes qui ont des instincts de chiennes de rue[10]. »

  Les risques encourus, propres à faire revenir à la mémoire les heures sombres de l’histoire européenne, il ne paraît pas que le Premier ministre de la Bulgarie, pays membre, rappelons-le, de l’Union européenne depuis 2007, s’en émeuve outre mesure. Il s’est contenté de déclarer[11] le 16 juin, à propos des émeutes d’Orlandovtsi,que « le feu s’allume vite mais qu’il s’éteint difficilement », et qu’il le dit en tant « qu’ancien pompier » … pyromane sans doute.

Une propagande de chaque jour

La dernière rumeur en date dont font état les journalistes des télévisions privées à dominante nationaliste, depuis le 2 mai, nourrit le fantasme de Roms agressifs qui nécessitent l’armement des Bulgares[12]. Quelques images circulent… Ici, un homme prétend posséder une arme pour se défendre, ailleurs un autre assure en vouloir une pour se prémunir des attaques. Le contrecoup de pareil commérage par les médias, avec celui des politiques, est hélas bien connu : il est alors donné libre cours à la généralisation ethnicisante, contre laquelle se battent quelques-uns[13]. Donner à une petite histoire, un fait divers, une expérience personnelle, une valeur de généralité ethnique ouvre la voie, particulièrement aventureuse, à des interprétations unifiantes, essentialisantes, et à leurs corollaires identitaristes, dont l’intérêt n’est que d’aller au plus court de la compréhension des choses, au mépris de l’histoire et au mépris des hommes.

Face à ce processus propre à déstabiliser toute une région, tout un pays, tout un continent, quelques voix s’élèvent pourtant. Une jeune génération formée dans les universités, ouverte au monde, a mené pendant des mois un mouvement de protestation contre les agissements politico-mafieux en 2013-2014. Méprisés, traités de « protestiri » par les medias, les mauvais manifestants ont mis au jour l’intérêt pour les dirigeants de détourner l’opinion des problèmes de fond : le chômage endémique, la précarité généralisée, la pauvreté chronique, l’inégalité devant le savoir, l’injustice médicale… Certains, comme Iulian Popov[14], osent même dire que la Bulgarie a besoin des Tsiganes. Ces beaux discours n’en sont pourtant pas moins naïfs aux yeux de ceux, comme Stanimir Panayotov, qui font entendre que c’est une logique d’ensemble qui porte avec elle la xénophobie, qui secrète la haine, en ce qu’elle ne peut, cette logique, que rompre avec un certain humanisme[15] : « Le nouveau concepteur à trois têtes de l’espace social  Borisov-Moskov-Simeonov a trouvé chez les Roms, la population la plus aisément sacrifiable sur l’autel du reformisme et de l’anti-communisme. » Il conclut en pointant l’ironie d’une situation qui veut que les « déshumaniseurs » soient eux-mêmes totalement « déshumanisés » par elle.

La peur en partage

Dans son excellent film Just the wind, Bence Fliegauf, réalisateur hongrois, décrit l’ordinaire d’une journée vécue par une famille Rom avant que des voisins de quartier, la nuit venue, ne viennent l’assassiner tout entière, ou presque. Un film-expérience où l’enjeu est de partager au plus près les sensations des personnages, jusqu’à ressentir une peur panique qui nous étreint longtemps après la projection.

Tout dernièrement, lorsque j’ai parlé avec Stefka Stefanova Nikolova, j’ai ressenti dans le ton de sa voix une force, celle que je lui connais bien, et cependant aussi la peur, celle dont elle parle dans un de ses textes (strah). Je lui ai dit que dans le quartier, à Nadezhda, on est quand même en sécurité, on est nombreux, on peut se défendre … avant qu’elle ne m’interrompe : « Oui, mais je sais que s’ils veulent entrer, ils entreront et nous ne pourrons rien. » Me sont alors revenus les mots de cette très vieille femme apparue comme un mirage à Nadezhda en mai dernier, alors qu’elle revenait sur les lieux de son enfance après de longues années : « Je sens quelque chose, comme avant la guerre, comme lorsque Hitler est arrivé au pouvoir. Il va se passer quelque chose. Il va se passer quelque chose », répétait-elle.  


[1] http://vbox7.com/play:e4f547b7ef

[2]Национален фронт за спасение на България

[3] Notons toutefois que s’ils n'ont pas dépassé le seuil aux européennes, ils l'ont bien dépassé aux législatives anticipées d'octobre 2014 faisant 7.3% et devenant ainsi un des 8 partis au parlement, entrant de plus dans la coalition au pouvoir autour de GERB.

[4] Voir notre ouvrage : Mise en scène des Roms en Bulgarie avec Georgui Jetchev et Stefka Stefanova Nikolova à paraître prochainement à ce sujet (Paris, édition Pétra).

[5] Alexandra Nacu, 2006, La construction sociale de la pauvreté en Roumanie et en Bulgarie après 1989, thèse de doctorat en sciences politiques, soutenue à Sciences Po, Paris.

[6] Ainsi que l’évoque Nadège Ragaru (communication orale à l’EHESS, 10 avril 2013). Nadège Ragaru rend compte des effets paradoxaux de certaines tentatives d'aide aux Roms par le secteur ONG, lesquelles ont été utilisées dans le cadre d'une dénonciation de plus en plus fréquente — par certains media — des ONG comme financées par les Américains, salissant l'image de la Bulgarie à l'étranger, et défendant des groupes de "privilégiés". L'effort pour mettre à l'agenda public la question des "discriminations" a pu se prêter à ces grilles de lecture.Voir aussi : Nadège Ragaru, « ONG et enjeux minoritaires en Bulgarie : au-delà de l'"importation/exportation" des modèles internationaux », Critique internationale 2008/3 (n° 40), p. 27-50. Voir aussi : Nadege Ragaru. « Etre rom en Bulgarie: les dangers d'une essentialisation de l'altérite. » Grande Europe, Focus, 2010, 7 p. et « Les productions internationales et locales des frontières ethnoculturelles : les Roms de Bulgarie saisis par les institutions », Ceri, Confluences Méditéranée, n°93, Printemps 2015.

[7]  http://www.dw.de/три-неверни-твърдения-за-гърмен/a-18493531

[8] Déclaration le 7 décembre 2014 transcrite sur la page FaceBook du ministre : (https://www.facebook.com/petar.moskov.5/posts/10205508167963852?fref=nf) Voir aussi l’article de Tatiana Vaksberg (www.dw.de) « Bratata, koito Moskov otvori » ou celui de Antony Todorov : http://e-vestnik.bg/21965/bitov-rasizam-kriptofashizam/.

[9] « Само за последните 24 часа има два нови случая на нападение и побой над лекари от Спешна помощ. Рецидивист от Исперих и група цигани от Радомирско са новите звезди. (…) Ако някой е избрал да живее и да се държи като скот, получава и правото да бъде третиран като такъв. Всъщност дори дивите животни разбират когато искаш да им помогнеш и не нападат. » (http://e-vestnik.bg/21965/bitov-rasizam-kriptofashizam/)

[10] Propos tenus à l’Assemblée nationale (http://www.desant.net/show-news/31998/) : « Безспорен е фактът, че голяма част от циганския етнос живее извън всякакви закони, правила, общочовешки норми на поведение. […] За тях кражбата и грабежът са се превърнали в начин на препитание. Нарушаването на закона – в норма на поведение. Раждането на деца – в доходоносен бизнес за сметка на държавата. Възпитаването на малолетните в просия, проституция, кражба и пласмент на наркотици – в грижа за поколението. […]Защо хората, които по време на социализма – преди 25 години – работеха, пращаха децата си на училище, даваха своя принос в създаването на обществени блага, сега са се превърнали в нагли, самонадеяни и озверели човекоподобни, изискващи право на заплати без да полагат труд, помощи по болест без да са болни, детски – за деца, които играят с прасетата на улицата и майчински за жени с инстинкти на улични кучки. »

[11] https://www.youtube.com/watch?v=awocJUiqgBg

[12] Voir l’article de Tatiana Vaksberg « Гърaмен може да взриви цяла България » http://www.dw.de/гърмен-може-да-взриви-цяла-българия/a-18478101

[13] Voir l’article de Полина Паунова « Проблемът не е Орландовци, а България », http://www.dw.de/a-18519650

[14] Dans l’article de Полина Паунова « Проблемът не е Орландовци, а България », http://www.dw.de/a-18519650

[15] « The new triple-headed social engineer Borisov-Moskov-Simeonov found in the Roma the easiest population to sacrifice on the altar of reformism and anti-communism. », http://www.criticatac.ro/lefteast/bulgarias-creeping-apartheid-i-mobilizing-racism-to-shrink-the-social-state/

Pour poursuivre la lecture voir aussi notre Langues à l'encan, une nouvelle Europe des langues (et d'autres textes sur: https://univ-paris5.academia.edu/CECILECANUT) ainsi que : "La voie périlleuse de l'ethnicisation des Roms" (http://www.lemonde.fr/idees/article/2011/10/11/la-voie-perilleuse-de-l-ethnicisation-des-roms_1585344_3232.html)

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