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Cecilia Suzzoni

Professeur honoraire de chaire supérieure au lycée Henri IV. Fondatrice et présidente d'honneur de l'Association ALLE, le latin dans les littératures européennes www.sitealle.com

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Billet de blog 24 mars 2012

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L'éditorial du journal Le Monde: un équilibre douteux

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Je voudrais dire ma perplexité après la lecture de l'éditorial du journal Le Monde du dimanche 25 mars/Lundi 26 mars, "La présidentielle, le hazard et la nécessité" . Passe sur la maladresse qui associe le "hazard" aux événements tragiques de ces derniers jours (sans doute le souci de donner aux fades remarques qui suivent le sceau d'un titre choc), mais on se demande ce qu'a bien pu faire notre président pour mériter le cortège  de mots flatteurs qui décrivent l' énergie, l' efficacité  le  brio avec lesquels il aurait géré cette situation, ne laissant à son adversaire que le rôle ingrat d'un pâle imitateur... Sans doute des images nous ont -elles échappé, car pour motre part, nous avons vu un président monter dans une voiture, en descendre, serrer des mains, prononcer quelques discours, bref,  faire très excatement ce que l'on aurait attendu du président le moins prestigieux de la planète! Un tel commentaire, quelque peu décalé, témoigne d'un conformisme un peu déroutant et entérine la mythologie de pacotille qui désormais voudrait nous faire admirer, en situation de choc,  le comportement le plus banal .  Doit -on  attribuer cet éloge à la malignité d'un éditorialiste qui s'amuserait à brosser le portrait  d'un président somme toute enfin "normal"?Je ne crois pas que telle était l' intention d'un papier qui se voulait manifestement "grave". Et puis, tout acquis qu'on puisse être à l'image d'un Sarkosy perpétuellement agité (avec en permanence des "pensées de derrière", cependant), je ne vois pas comment notre président, comment n'importe quel président,  aurait pu ne pas réagir avec cette dignité obligée. Reste alors une lecture plus insidieuse, l'éditorialiste aurait -il le souci -partagé par beaucoup en ce moment, semble -t-il-  de redorer le blason du chef de l'Etat? Mais à peine l'hypothèse avancée, on mesure ce qu'elle a d'improbable:  on voit mal comment le président candidat pourrait tirer un parti glorieux d'une "nouvelle donne" offerte par un "hazard" qui a frappé si cruellement, sinon à lui prêter une capacité de réaction, d'analyse et de discours  proprement gaullienne qui n'est justement pas son fort. Reste le plus simple, un éditorial  qui, à vouloir entretenir un subtil (?) équilibre entre les uns et les autres, à jouer un peu commodément du "hazard" et de la "nécessité", ne fait guère avancer la dialectique! On nous invite pour finir à  "Ne pas désespérer de la politique": certes, mais  un peu plus de lucidité et d'imagination -les deux termes ne sont pas incompatibles- nous  aiderait sans doute à y voir plus clair. 

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