« Soudain, mon magnifique soleil se mit, très étrangement, à rayonner en gris. » D’un soleil à l’autre(*) est l’histoire d’une jolie petite fille qui se perd dans sa relation à sa mère. Et se retrouve en construisant sa vie autour d’autres beautés et d’autres repères. Sans explication et sans diagnostic médical, elle est confrontée à tous les ressentis ambivalents des enfants dont un parent est malade : l’amour, l’envie de sauver, la honte, la culpabilité, le rejet de ce parent insuffisamment bon, la culpabilité.

Aurélie Marchal, l’auteure, raconte son vécu. Ses mots, très imagés, sont illustrés par Marie Flusin, qui offre des dessins ancrés dans le concret. Destiné d’abord aux enfants de mère malade psychique, D’un soleil à l’autre revêt finalement une portée assez universelle.
Son livre est thérapeutique.Pour obtenir une reconnaissance de sa souffrance, lui donner un sens et une utilité, Aurélie Marchal l’a transformée en un message d’empathie, de soutien et d’optimiste destiné aux enfants dont la mère est malade : il les encourage à verbaliser, à écouter leurs ressentis, à chercher un refuge affectif ailleurs qu’auprès de leur mère s’ils en ont besoin.
« La meilleure fin possible », celle de la vie
« J’ai écrit en pensant à mes enfants, explique Aurélie Marchal. J’avais acheté pour eux un livre sur les moments difficiles de la vie. L’une des histoires laissait un petit garçon guérir son père dépressif. J’ai été très choquée par cette fin, fausse, qui laisse entendre qu’un enfant peut porter une telle responsabilité. Je me suis interrogée sur la meilleure fin possible à donner à une telle histoire. »
C’est l’une de ses amies qui lui a fait comprendre que la fin adaptée, celle de la vraie vie, Aurélie Marchal la connaissait déjà. Sa mère, bipolaire, l’avait obligée à elle-même trouver des solutions pour grandir. Auprès de sa grand-mère, de son père, de sa famille élargie puis de son compagnon. Si le soleil de sa mère, malade, n’avait pu la réchauffer constamment comme elle l’aurait souhaité, elle avait trouvé ailleurs la chaleur de la vie et la beauté du monde.
D’un soleil à l’autre suit la petite fille qui grandit... un sac sur le dos. Les voyages lui permettent d’alléger le poids du passé. Elle rencontre un homme et fonde une famille. Ses deux garçons respirent la vie.
« As-tu des rêves ? »
Le livre s’achève sur des questions destinées aux plus jeunes lecteurs : « Et toi, que ressens-tu ? Pour quelles raisons ? Qu’est-ce qui te fait du bien ? Qui prend soin de ta maman ? As-tu des rêves ? Lesquels ? Qui pourrait t’aider à les réaliser ? » Autant de questions que l’on oublie souvent de poser aux enfants dont la mère est souffrante.

La mère de la narratrice ne réapparait pas dans les images chaleureuses de la fin du livre. « Je n’ai pas vu ma mère pendant longtemps, je ne peux pas laisser croire aux enfants qu’un jour ils seront apaisés en présence de leur mère. Voir ou ne pas voir leur mère leur appartient, ce choix ne doit pas être jugé. J’ai moi réussi à revoir ma mère après avoir finalisé ce livre», confie Aurélie Marchal.
Si aujourd’hui elle a fait la paix avec son enfance, elle a aussi conscience que sa vie entière est influencée par l’absence, le manque, l’incompréhension. Pour autant, pas question de noircir le tableau. Son écriture poétique sert de support à des dessins tout sauf sinistres. « Le but est de délivrer un message positif et d’espoir. » Les planches sont claires et elles laissent le lecteur, petit ou grand, respirer tranquillement.
Un financement participatif
Auto-édité en format numérique pour le moment, D’un soleil à l’autre attend des fonds en financement participatif, à partir de 5 euros, pour prendre son envol. Il a été relu par des professionnels de l’enfance, qui en ont validé le contenu. Des aperçus sont disponibles sur le compte twitter animé par Aurélie Marchal. Le livre est aussi présenté au prix ORCIP Handicap. La cérémonie de remise de prix aura lieu le 6 juin 2016 à la Maison de la Radio.
(*) D’un soleil à l’autre, texte Aurélie Marchal & illustration Marie Flusin