Inspirante est sans doute le mot qui qualifie le mieux Marie Bernat. Elle qui se veut « créatrice d’opportunités », pour elle et pour les autres. Et qui partage ses réflexions personnelles autant que des informations sur le développement personnel sur un blog très justement intitulé Aime & Ose. Sa sensibilité à l’écoute de soi et à la nature, elle la doit beaucoup à son parcours de vie.
A 32 ans, Marie affirme commencer à vivre sa troisième vie. « Mes vingt-deux premières années ont été beaucoup de souffrances, confie-t-elle. Ensuite, j’ai passé dix ans dans un cocon pour devenir moi-même. Maintenant, je vis. » Ce qui a tout changé : un pré-diagnostic d’autisme, avec l'évocation d'un syndrôme d'Asperger. Lorsqu’elle entend cette éventualité pour la première fois, dans la bouche d’un psychiatre aux urgences psychiatriques proches de chez elle, Marie a 22 ans.
Quatre ans d’errance médicale, à lui chercher notamment un trouble bipolaire inexistant et à lui imposer un hôpital de jour où elle ne sent que de l’angoisse, sont encore nécessaires avant que le diagnostic d’autisme soit enfin posé.
Le diagnostic qui déculpabilise
Un soulagement. « Ca a été déculpabilisant pour moi. Ce n’était pas que je ne faisais pas assez d’effort pour être comme la moyenne, c’était juste que je fonctionnais différemment. Depuis que je sais que mon cerveau fonctionne différemment, et que je travaille pour comprendre mon fonctionnement, tout est devenu vivable », explique-t-elle. Les formes légères d’autisme n’étaient pas diagnostiquées et restent parfois difficiles à observer. Pourtant, il est important d’identifier le trouble.
Marie Bernat a toujours eu « un rapport aux autres douloureux », des réactions impressionnantes face à la frustration, une grande sensibilité. Mais sans savoir à quoi cela était lié, elle ne pouvait qu’en souffrir, en plus de souffrir du regard des autres sur elle. « Maintenant, je sais que mon autisme est une chance. Il est mon intelligence sur tous les plans », assure-t-elle.
S’il l’a parfois éloignée des autres, et même isolée, il lui a aussi permis de développer une capacité à s’écouter et à se respecter dont peu d’entre nous disposent.
« Je suis obligée de m’écouter parce que chez moi, la souffrance s’exprime sans détour. » Quand naît la suspicion de trouble autistique, elle traverse une crise particulièrement douloureuse qui l’a obligée à interrompre ses études en Angleterre, sur le développement durable. A ce moment-là, la grande question pour elle est de savoir « quoi faire de ma vie ».
Elle met à profit son bilinguisme et son attrait pour Internet, devient entrepreneuse dans le e-commerce avec un site d’hygiène féminine. L’aventure dure quatre ans. « J’ai adoré. Mais je ne sortais pas encore de ma bulle à ce moment-là, le développement s’est arrêté et j’ai fermé. »
Oser « montrer sa propre lumière »
Au fil de sa découverte d’elle-même, auprès de professionnels de la santé ou de penseurs, Marie Bernat explore le féminisme, « le féminin », le spirituel. Après une période de dépression douloureuse, cette trentenaire dynamique, jolie brune au sourire aussi lumineux que contagieux, a trouvé sa voie : le développement personnel.
Elle qui a grandi entre catholicisme et méditations, entre culture néo-païenne et retraites à caractère religieux, dans le respect de la nature, creuse désormais son sillon en tentant de créer les opportunités qui permettent à chacun de voir le meilleur –de soi, de la vie. Elle s’y sent pleinement à sa place.
« On a souvent peur de montrer sa propre lumière aux autres : ça pourrait les faire fuir. Mais en réalité, quand on la montre, on autorise les autres à montrer la leur. » En parsemant Internet de réflexions optimistes, en prouvant que l’on peut briller après des souffrances et malgré un diagnostic qui semble isoler du monde, Marie Bernat nourrit l’ego de chacun.
Et n’oublie pas ses proches, encore trop culpabilisés dans les troubles autistiques : « J’ai beaucoup de chance d’avoir ma maman. Toutes les deux, nous nous apportons énormément et nous avançons ensemble, nous avons grandi ensemble. » Leur proximité les a toutes deux sauvées de la douleur qui peut anéantir à la découverte d’un trouble encore stigmatisé.
Aujourd’hui installée dans le Sud-Ouest, Marie reste à l’écoute de ses besoins. Elle se permet de partir en voyage seule, de rencontrer des inconnus et de leur parler d’elle-même, alors qu’il y a encore quelques mois, elle ne sortait même pas de chez elle. Magnifique illustration de son crédo, « aime et ose », qu’elle transmet à travers son blog et sur les réseaux sociaux. Bientôt aussi dans des ateliers, qu’elle met en place en ce moment.