Cédric Lépine (avatar)

Cédric Lépine

Critique de cinéma, essais littéraires, littérature jeunesse, sujets de société et environnementaux

Abonné·e de Mediapart

3668 Billets

6 Éditions

Billet de blog 1 mai 2022

Cédric Lépine (avatar)

Cédric Lépine

Critique de cinéma, essais littéraires, littérature jeunesse, sujets de société et environnementaux

Abonné·e de Mediapart

« Chère Léa » de Jérôme Bonnell

Jonas, déboussolé, tente de retrouver sa petite amie Léa avec qui il a rompu récemment mais la communication est difficile. Il s'installe alors pour la journée dans un café en face de l'appartement de Léa afin de lui écrire une lettre.

Cédric Lépine (avatar)

Cédric Lépine

Critique de cinéma, essais littéraires, littérature jeunesse, sujets de société et environnementaux

Abonné·e de Mediapart

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Sortie DVD : Chère Léa de Jérôme Bonnell

Jérôme Bonnell depuis vingt ans de réalisation a su développer un cinéma léger en apparence avec une description fine des affects de ses personnages. Leur psychologie est en effet toujours écrite avec une grande délicatesse et une grande précision, interprétée par des acteur.rices impliquées qui savourent pleinement d'entrer dans la lumière de leurs personnages. Contrairement à ses précédents films, la protagoniste n'est ici pas une femme, mais un homme qui navigue entre trois femmes au final, dans une valse des sentiments et des tensions, que ne renierait par Max Ophüls, qui lui permet peu à peu de s'ouvrir aux existences plurielles qui se déroulent autour de lui.

Illustration 1
"Chère Léa" de Jérôme Bonnell © Céline Nieszawer

Judicieusement, Jérôme Bonnell plante son décor le temps d'une journée dans un café, lieu de rencontres et d'expression effervescente de la sociabilité. Il reprend ainsi les contraintes créatrices du théâtre classique selon Corneille avec ses unités de temps, de lieu et d'action. Cette démarche fonctionne d'autant plus que le cinéaste se révèle un fin portraitiste de chacun de ses personnages qu'il affectionne, qu'ils soient protagonistes ou secondaires. Chaque acteur et actrice donne avec générosité la force de son jeu en toute simplicité et grande conviction.

L'étude du sentiment amoureux trouve ici assurément une filiation dans le cinéma français d'Éric Rohmer mais Jérôme Bonnell y ajoute une dimension élargie des relations humaines qui n'existe pas chez le cinéaste de la Nouvelle Vague dont les individualités sont davantage fermées sur elles-mêmes de manière égocentrique assumée.

Le protagoniste masculin est ici dépeint dans une vulnérabilité extrêmement touchante à l'instar du patron de café jouée magistralement et avec une douce humilité par un Grégory Gadebois prodigieux. Un film lumineux qui réussit à surfer avec souplesse sur les tempêtes de la vie.

Chère Léa
de Jérôme Bonnell
Avec : Grégory Montel (Jonas), Grégory Gadebois (Mathieu), Anaïs Demoustier (Léa), Léa Drucker (Harriet), Nadège Beausson-Diagne (Loubna), Pablo Pauly (Nino), Charlotte Clamens (Mme Valdor), Gaëtan Peau (le fils de Mme Valdor), Jean-François Sivadier (Majoux), Solène Rigot (la jeune voyageuse), Stéphanie Aflalo (la vendeuse de la papèterie), Nadir Legrand (le chauffeur de taxi), Gabrielle Legrand (Chloé), Océane Court-Mallaroni (la serveuse), Ismaël Sy Savané (le gardien), Pierre Johann (le vieux monsieur de l'hôpital), David Sztanke (le médecin), Christophe Ntakabanyura (le client radin), Laura Chetrit (la cliente accablée), Yumi Narita (La femme au téléhone Alexandra Duvivier Alexandra Duvivier (la magicienne), Florian Maviel (le violoniste), Vincent Bramoullé (Paul), Pierre Girard (le cuisinier), Joël Clabault (le client taciturne)
France, 2021.
Durée : 88 min
Sortie en salles (France) : 15 décembre 2021
Sortie France du DVD : 19 avril 2022
Format : 1,85 – Couleur
Langue : français - Sous-titres : français pour sourds et malentendants, audiodescription pour aveugles et malvoyants.
Éditeur : Diaphana

Bonus :
Entretien avec Jérôme Bonnell
Scènes coupées (3’)

Illustration 2

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.