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Billet de blog 2 mai 2017

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Dracula, tuteur de l’émancipation de la jeunesse de 1968

Trois notables bourgeois de la société victorienne sont prêts à vendre leur âme au diable pour trouver un peu de plaisir sadique dans une société puritaine qu’ils contribuent sournoisement à maintenir. La résurrection de Dracula lors d’une messe noire est pour eux une belle opportunité.

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Illustration 1
"Une messe pour Dracula" de Peter Sasdy © Warner Bros.

À propos du Blu-ray : Une messe pour Dracula de Peter Sasdy

Dans la série des Dracula produit par la Hammer, voici le quatrième film de la saga, vivement encouragé pour ne pas tenir imposé par la Warner, le distributeur américain. De là vient le drame originel du film : Christopher Lee ne souhaitant plus interprété le rôle fétiche de sa carrière qui lui va comme une paire de canines, le projet a commencé en son absence. On ne doit donc pas être étonné que le personnage éponyme soit ainsi autant en retrait. Il est devenu une figure fantomatique qui influence les autres par son pouvoir de suggestion (en l’occurrence l’hypnose) plus qu’il n’agit par lui-même. Ainsi, il est davantage motivé par le devoir de vengeance vis-à-vis d’un simple mortel qui lui a permis de renaître de ses cendres, plutôt que d’assoiffer ses pulsions personnelles.

Ces contraintes d’un scénario bâti sur l’absence initiale de Dracula, donne un nouveau tour qui n’est pas pour déplaire dans le contexte de l’émancipation des mœurs en cette année 1969. En effet, Dracula n’est qu’un prétexte à pousser des jeunes au parricide, vis-à-vis de leurs parents dont l’hypocrisie puritaine n’a d’égal que leur perversité incestueuse. Dracula devient dès lors la réalisation psychanalytique qui permet de tuer le père, afin que la nouvelle génération émergeant mondialement en 1968 puisse commencer à s’épanouir après deux décennies de générations traumatisées par la guerre, droguée à la croissance économique. Symboliquement, il est intéressant de voir à quel point le personnage de Dracula peut être le témoin de son époque, tout simplement parce qu’il est définitivement une incarnation de l’inconscient. Même si les choix de réalisation ne sont ici guère inspirés, que Christopher Lee limite sa prestation au minimum syndical mais avec son charisme habituel, les marques du vampire restent ici encore difficilement oubliables. 

Illustration 2

Une messe pour Dracula
Taste the Blood of Dracula
de Peter Sasdy
Avec : Christopher Lee (Comte Dracula), Geoffrey Keen (William Hargood), Gwen Watford (Martha Hargood), Linda Hayden (Alice Hargood), Peter Sallis (Samuel Paxton), Anthony Higgins (Paul Paxton), Isla Blair (Lucy Paxton), John Carson (Jonathon Secker), Martin Jarvis (Jeremy Secker), Ralph Bates (Lord Courtley), Roy Kinnear (Weller), Michael Ripper (Inspecteur Cobb), Russell Hunter (Felix), Shirley Jaffe (Betty), Reginald Barratt (Vicar), Maddy Smith (Dolly), Malaika Martin (la fille serpent), Keith Marsh, Peter May, Chai Ling
Royaume-Uni – 1969.
Durée : 91 min
Sortie en salles (France) : 7 octobre 1970
Sortie France du DVD : 9 mars 2016
Format : 1,85 – Couleur
Langues : allemand, anglais, français, espagnol - Sous-titres : allemand, anglais, français, espagnol.
Éditeur : Warner Bros.
Bonus :
Bande-annonce

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