Le projet initial sans cesse interrompu où toute la narration du spectacle va se concentrer pour en analyser l'archéologie consiste à réaliser une réunion autour de sept personnages comme les jours d'une semaine qui ne passent pas. Le texte d'Alexandre Markoff qu'il met lui-même en scène inonde l'ensemble de la pièce avec une succession ininterrompue de vagues de paroles qui font aussi bien vivre les personnages que les confronter entre eux. La nature humaine semble ici avoir horreur du vide avec des personnages qui sans cesse débordent par leurs mouvements, leurs extravagances qui occupent tout l'espace de la scène comme s'il s'agissait d'une respiration naturelle aussi bien qu'une affirmation désespérée de soi.

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Les sept comédiens et comédiennes jouent ensemble plus de sept personnages, embrassant ainsi les tensions sociales d'une époque complexe au bord d'une explosion imminente. Les dialogues sont écrits avec une précision imparable tandis que les corps des interprètes sur scène se mêlent en une fascinante chorégraphie où l'expression du chaos de la confrontation des individualités en souffrance repose sur une saine mise en valeur de chacun et chacune où les personnages évitent brillamment de voler la vedette à un autre.
Ainsi, ce premier épisode de La Chienlit qui s'inscrit dans une série d'histoires indépendantes bien qu'avec une continuité de personnages, se révèle être une parfaite rencontre entre les textes d'un auteur et ses interprètes énergiques plongés pleinement dans leurs rôles avec une énergie confondante. Comment faire société lorsque des personnages ne cessent de se mouvoir sans jamais s'entendre ? Lorsque les représentants politiques n'ont de cesse de mettre en scène leur posture plutôt que de se soucier d'une coconstruction sociale, que le garant du service public vis-à-vis de la jeunesse incarné par un professeur d'histoire-géographie n'exprime que lassitude de sa propre vie de sage garçon non épanouis dans son couple, que des voisins s'invitent pour crier leurs désarrois et leur fermeture complète aux autres, que peut-on attendre de ce monde en tension ? Une explosion soudaine suivie d'une prise de conscience ? C'est là dès lors le cheminement du public plutôt que des personnages qui s'époumonnent sans cesse dans l'expression d'un individualisme stérile.
Un spectacle d'une grande densité écrit avec un grand soin et réinterprété avec conviction profonde par les singularités des artistes sur scène.
La Chienlit
par Le Grand colossal théâtre
TEXTE ET MISE EN SCÈNE : Alexandre Markoff
AVEC : Diane Bonnot, Ivan Cori, Sébastien Delpy, Nicolas Di Mambro, Pauline Jambet, Jeanne Rochette, Sylvain Tempier, Aline Vaudan
COLLABORATION ARTISTIQUE : Patrice Cuvelier
SCÉNOGRAPHIE ET ACCESSOIRES : Natacha Markoff
COSTUMES ET MAQUILLAGE : Magali Castellan
PRODUCTION : Le Grand Colossal Théâtre Avec le soutien de : CNAREP Sur le Pont (La Rochelle CNAREP Ateliers 231 (Sotteville) l’Archipel Scène Conventionnée d’Intérêt National (Granville) Les villes de la Déferlante (Vendée) Le Festival Les 3 éléphants et la Ville de Laval La Fabrique Hameka (Louhossoa) La Vache qui rue (Moirans) Espace B.M.K (Metz) Théâtre Berthelot (Montreuil) Daki Ling (Marseille) CNAREP Le Boulon (Vieux-Condé) Forme fixe, dispositif frontal. Forme fixe, dispositif frontal. Création 2022. Déambulation dans l’espace public. Créa. 2023. Forme fixe, dispositif frontal. Création 2021. CNAREP Ateliers Frappaz (Villeurbanne) Espace Périphérique La Villette (Paris) DRAC Île-de-France DGCA collège Art de la Rue ADAM