26e édition des Œillades, Festival du Film Francophone d’Albi 2022 : Trois nuits par semaine de Florent Gouëlou
L'enjeu placé dans ce premier long métrage de fiction est d'autant plus majeur pour Florent Gouëlou qu'il est imprégné de la philosophie des enjeux au cœur de la mise en scène drag queen qui fut également pour lui une révélation fondamentale comme forme d'émancipation et d'interrogation des rapports de genres. Dès lors, le scénario se charge d'une inspiration autobiographique notable et il est aisé de voir dans le personnage principal joué par Pablo Pauly beaucoup du cinéaste acteur et observateur d'un monde qui le fascine.

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Ses choix de mise en scène sont alors mis en œuvre pour partager son enthousiasme avec le plus grand monde à partir d'une histoire d'amour et de désamour de personnages qui s'engagent et se désengagent au fil de leur prise de conscience émotionnelle. Le scénario de ce point de vue ne déroge pas à des histoires d'amour connues au cinéma et usées à l'excès, en empruntant à la fois la thématique de la solitude urbaine et de la reconnexion de groupe le temps d'un road movie. Priscilla, folle du désert et les premiers films de Pedro Almodóvar ne sont pas loin en guise de références, tandis que Florent Gouëlou s'efforce de prolonger l'ouverture offerte par le cinéma mais avec un ton beaucoup moins irrévérencieux que ses aînés.
Le film reste une belle mise en scène feutrée mais qui ne permet pas à ses personnages de s'épanouir dans leur pleine individualité, Pablo Pauly dans son attitude béate au visage imperturbablement lumineux se révélant malheureusement une erreur de casting alors qu'un acteur à la palette d'émotions plus étendues et complexes aurait été nécessaire. La communauté solidaire de drag queen aurait également mérité un développement personnalisé, notamment Holy Fatma dont l'énergie prodigieuse est cadenassée dans un écrin bien trop sage.
Trois nuits par semaine sait malgré tout mettre en lumière le monde des drag queen pour lutter contre leur invisibilisation et davantage encore contre les préjugés discriminants. Un film plus que nécessaire mais dont les problématiques ont été portées avec un angle plus profond par le biais de l'engagement politique par le chilien Rodrigo Sepúlveda dans son film Je tremble ô matador (Tengo miedo torero).
Merci à la scripte Louise Albon pour sa passion et son implication artistique qui a défendu le film autour d'une magnifique et chaleureuse intervention avec un public conquis lors de la diffusion du film au festival d'Albi.

Trois nuits par semaine
de Florent Gouëlou
Fiction
103 minutes. France, 2022.
Couleur
Langue originale : français
Avec : Pablo Pauly (Baptiste), Romain Eck (Cookie Kunty / Quentin), Hafsia Herzi (Samia), Harald Marlot (Bobel), Mathias Houngnikpo (Kiara Bolt), Holy Fatma (Iris), Calypso Baquey (Cassandre), Jean-Marie Gouëlou (Oncle Jean), Andrea Romano (Hugo), Françoise Lorente (la médecin), Giovanna Magrini (Gabriela), Abdoulaye Traoré (le jeune garçon), Romain Creutzmeyer (l'homme de l'hôpital), Sophie-Marie Larrouy (Bérangère), Yasmina Maïza (Nawal), Florence Bolufer (la patronne du bar), Alexandre Boumbou (le gardien du FJT), Léo Aimé, Raphaël Temim, Alexandre Sigrist, Sonia Hell, Hugues Delamarlière, Marvin Dubart, Selim Ziouane, Sébastien Vion, Clément Peyon, Zacharia Camara, Jean-Baptiste Santens, Florent Gouëlou
Scénario : Florent Gouëlou avec la collaboration de Raphaëlle Desplechin
Images : Vadim Alsayed
Montage : Louis Richard
Musique : Benoît de Villeneuve, Benjamin Morando
Son : Utku Insel
Costumes : Aurélien Di Rico, Clément Vachelard
Casting : Juliette Denis
Scripte : Louise Albon
Production : Yukunkun Productions
Producteur : Nelson Ghrénassia
Producteur associé : Gabriel Festoc
Distributeur (France) : Pyramide
Sortie salles (France) : 9 novembre 2022