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                    Sortie DVD : Mother ! de Darren Aronofsky
Film très angoissant quant à la nature des peurs qui peut entourer le fait d’être mère, jamais atmosphère paranoïaque n’aura autant pris le spectateur à la gorge depuis Rosemary’s Baby de Roman Polanski (1968). Tout le film épouse le regard subjectif d’une jeune femme anonyme dont on ne connaît ni le passé, ni les relations sociales : elle existe entièrement dévouée à son homme de vingt ans plus âgé qu’elle et qui est censé être un génial poète. Dans la lignée mystique de The Fountain, l’aspect biblique grandiloquent de Noé (le film le moins personnel de Darren Aronofsky) en moins, Mother ! se confronte aux grands symboles : les rapports de genre dans le couple, la création biologique face à la création intellectuelle, l’écologie de Mère Terre, etc. Le film est plus ambitieux qu’il n’en a l’air au premier abord si l’on associe le personnage de la mère précisément à la Nature dans son ensemble que l’irresponsabilité totale de cet enfant gâté puéril qu’est l’humanité tend sans cesse à détruire à l’instar de cette maison, double incarnation de Mère Nature. Il faut accepter de se laisser porter par toutes ces grandes figures mythologiques que porte le film pour entrer pleinement dans toutes les préoccupations du cinéaste dont l’univers ne se limite pas à la description torturée du couple. Il faut lâcher prise avec toute dimension réaliste pour entrer dans les affres de l’horreur de la nature humaine que chacun porte en lui et que Darren Aronofsky décrit sans concession. La mère du titre est à la fois cette femme qui va enfanter charnellement le résultat de ses étreintes amoureuses avec son poète, enfermé dans son besoin d’amour mais incapable d’aimer, mais aussi la propre mère de l’artiste en devenir. En effet, la maison que s’acharne à reconstruire la jeune femme constitue le ventre maternel dans lequel l’enfant couvé est choyé en vue d’un accouchement prochain. Le film file la métaphore organique qui fait de la maison le prolongement de la mère et les intrusions et les violences qui sont faites à cette maison sont d’autant plus violentes qu’elles concernent directement l’intégrité de cette entité féminine, entre autres choses figure maternelle. Darren Aronofsky dispose d’un très bon casting en la présence de Jennifer Lawrence (Hunger Games, X-Men), Javier Bardem, Ed Harris et Michelle Pfeiffer ! Ils portent avec une dévotion totale les intentions du cinéaste dans leur propre jeu à un point rare de confiance. L’angoisse ne cesse de suivre un cheminement crescendo jusqu’à une explosion apocalyptique qui fait perdre tout repère. D’aucuns se plaindront des outrances excessives de cette démonstration et pourtant l’ensemble est parfaitement cohérent. Il est vrai que le film souffre de la comparaison avec le film de Polanski qui, cinquante ans plus tôt, était d’une brillante inventivité à explorer ainsi le cœur de la paranoïa. Il manque assurément à Darren Aronofsky plus de temps de réalisation pour laisser décanter l’ensemble des intentions et faire de ce film une œuvre inoubliable. Mother ! n’en marquera pas moins les esprits mais manque de peu toute son ambition intrinsèque que le cinéaste avait su si bien porter dans The Fountain, œuvre injustement incomprise à l’époque.
 
    Mother ! 
 de Darren Aronofsky
 Avec : Jennifer Lawrence (Elle), Javier Bardem (Lui), Ed Harris (l’homme), Michelle Pfeiffer (la femme), Domhnall Gleeson (le fils aîné), Brian Gleeson (le fils cadet), Stephen McHattie (le fanatique), Kristen Wiig (le héraut), Jovan Adepo (l’échanson), Emily Hampshire (l’idiote)
 USA – 2017.
 Durée : 116 min
 Sortie en salles (France) : 13 septembre 2017 
 Sortie France du DVD : 23 janvier 2018 
 Format : 1,78 – Couleur
 Éditeur : Paramount Pictures
 Distributeur : Universal Pictures Vidéo
 Bonus :
 « Mother! la spirale infernale »
 Le maquillage dans Mother!
 
                 
             
            