Agrandissement : Illustration 1
50e édition Festival La Rochelle Cinéma 2022 : Nous étions jeunes de Binka Zhelyazkova
Le principe du matrimoine consiste à (re)découvrir l'histoire de l'art en redonnant leur place toute légitime aux femmes artistes dont l'histoire écrite par des hommes aurait tendance à effacer l'impact. Le festival La Rochelle Cinéma offre cette année l'opportunité en 4 films de fiction réalisés par Binka Zhelyazkova et un film documentaire qui lui est consacrée, de plonger dans l'univers d'une cinéaste singulière dont les récits comme les choix de mise en scène offrent une voix d'une grande perspicacité pour appréhender la Bulgarie sous occupation soviétique au XXe siècle.
Comme au même moment notamment dans le cinéma polonais (cf. Kanal d'Andrzej Wajda) sous le joug du régime soviétique, la production cinématographique privilégie les récits historiques de la résistance nationale contre l'oppresseur nazi. Cela permet de faire consensus sur l'ennemi et de souligner le communisme comme forme héroïque sacrificielle de la résistance. Au-delà de ce contexte idéologique, Nous étions jeunes (A byahme mladi) se concentre avant tout sur la destinée de jeunes gens dont l'innocence dans les prémices de leurs relations amoureuses est tragiquement confrontée à l'activisme politique qui passe par les armes et des vies humaines mises en danger. Dans ce récit, les adultes sont largement mis en arrière-plan, comme si les jeunes gens étaient livrés à eux-mêmes pour atteindre la maturité de leurs prises de décision politiques.
Les personnages féminins sont singulièrement définis comme des membres actifs de l'intrigue qui ne se contentent pas d'être les spectateurs passifs, même dans le cas de la jeune photographe paraplégique sur son fauteuil roulant qui mêle à la fois l'innocence, le regard artistique et le courage face à un danger imminent. L'histoire d'amour est malicieusement et subtilement décrite dans un contexte historique dramatique, sans étouffer le reste de l'intrigue. Binka Zhelyazkova choisit à cet égard de mettre en scène cette relation d'amour par un montage judicieux où les personnages se rencontrent par des moyens détournés éminemment poétiques, comme ce jeu de lumières dans la nuit ou encore leurs ombres projetées qui se frôlent au moment le plus tragique.
La réalisatrice bulgare fait preuve d'une inventivité rafraîchissante tout en enracinant son inspiration dans le néoréalisme italien pour adapter le scénario original de son compagnon Hristo Ganev. Elle affirme ainsi dès le début des années 1960 la force d'une nouvelle vague du cinéma bulgare portée par l'élan de sa jeunesse.
Nous étions jeunes
A byahme mladi
de Binka Zhelyazkova
Fiction
110 minutes. Bulgarie, 1961.
Noir & Blanc
Langue originale : bulgare
Avec : Rumyana Karabelova (Veska), Dimitar Buynozov (Dimo), Lyudmila Cheshmedzhieva (Tzveta), Georgi Georgiev-Getz (Mladen), Emilia Radeva (Nadya), Anani Yavashev (Slavcho), Georgi Naumov, Ivan Trifonov, Dimitar Panov, Ivan Bratanov, Dora Stoyanova
Scénario : Hristo Ganev
Images : Vasil Holiolchev
Montage : Tsvetana Tomova
Son : Nikolay Popov
Musique : Simeon Pironkov
Décors : Angela Danadzhieva, Simeon Halachev
Costumes : Nevena Baltova
Maquillage : Dimitar Koklin
Production : Boyana Film
Distributeur (France) : Malavida
Sortie salles (France) : printemps 2023