"Sur mes lèvres" de Jacques Audiard

Sortie du combo Blu-ray + DVD : Sur mes lèvres de Jacques Audiard

Pour son troisième long métrage réalisé à présent il y a près de 25 ans, Jacques Audiard continue à s'affirmer dans la tradition du polar mais en y mêlant une histoire intimiste où la relation entre un homme et une femme afin de réaliser un vol d'argent devient une métaphore visuelle et sensitive pour une relation d'amour où tous deux sont amenés à se connaître peu à peu. Ainsi, l'histoire amoureuse intimiste se noue étroitement avec le polar, tout en désamorçant sans cesse les attentes codifiées de l'un et l'autre genre. C'est là aussi un style de narration, éminemment construit sur une cinéphilie particulièrement dense, que Jacques Audiard n'a cessé de développer dans ses films des deux décennies suivantes.

La rencontre ici repose sur deux personnalités antagonistes, dont les origines sociales n'étaient pas censées les faire se rencontrer, compte tenu de leurs codes et leurs valeurs qui ne sont pas de prime abord à l'unisson. Et pourtant, le handicap de la jeune femme semble l'isoler à ce point de son milieu social que la venue inattendue d'un homme sortant des normes acceptables par son groupe, la conduit à nourrir à son égard une véritable fascination. Le regard de Carla sur le tatouage de Paul par exemple est répété à plusieurs reprises et vient signifier l'attraction quasi exotique pour une représentation alternative de la norme qu'elle représente par son travail dans une agence immobilière.

La mise en scène du film est tricotée avec subtilité pour partager au mieux la sensibilité de l'héroïne bien plus intéressante que le héros secondaire, à l'instar d'Emmanuelle Devos par rapport à Vincent Cassel qui a tendance à surjouer à la manière stéréotypée de l'Actor's Studio. Heureusement, le metteur en scène parvient à faire sortir de lui des moments de vulnérabilité qui forment la véritable saveur de son personnage.

Pendant ce temps, alors qu'un couple se forme, deux autres couples marqués par l'usure du temps sont questionnés avec un dénouement singulier comme un étrange passage de relais d'une génération à l'autre.

Cette édition Blu-ray/DVD est particulièrement riche de nombreux témoignages de l'équipe du film, notamment le chef opérateur, le coscénariste, le compositeur de la musique ainsi que Jacques Audiard lui-même, avec de plus les commentaires audio de Jacques Audiard d'un côté, et ceux de Vincent Cassel et Emmanuelle Devos de l'autre.

Sur mes lèvres
de Jacques Audiard
Avec : Vincent Cassel (Paul Angeli), Emmanuelle Devos (Carla Behm), Olivier Gourmet (Marchand), Olivier Perrier (Masson), Olivia Bonamy (Annie, l'amie de Carla), Bernard Alane (Morel), Céline Samie (Josie Marchand), Pierre Diot (Keller), François Loriquet (Jean-François), Serge Onteniente (Mammouth), David Saracino (Richard Carambo), Christophe Vandevelde (Louis Carambo), Bô Gaultier de Kermoal (le barman), Loïc Le Page (Quentin), Nathalie Lacroix (l'employée de l'ANPE), Laurent Valo (le jeune sourd du café), Christiane Cohendy (Mathilde, la belle-sœur de Masson), Isabelle Caubère (Jeanne), Chloé Mons (Boubou), Patrick Steltzer (le haleur), Philippe Wintousky (le chef de chantier), Gladys Gambie, Maurine Nicot et Keena (des danseuses)
France – 2001.
Durée : 115 min
Sortie en salles (France) : 17 octobre 2001
Sortie France du combo Blu-ray + DVD : 26 mars 2025
Format : 1,85 – Couleur
Langue originale : français - Sous-titres : français, anglais.
Éditeur : Pathé
Bonus :
Commentaire audio de Jacques Audiard
Commentaire audio de Vincent Cassel et Emmanuelle Devos
Entretiens autour du film avec Jacques Audiard, Tonino Benacquista et Mathieu Vadepied (2025, 39’24”)
Scènes inédites :
Le kebab, avec commentaire audio optionnel de Jacques Audiard (1’12”)
La cuisine, avec commentaire audio optionnel de Jacques Audiard (1’31”)
Confession Masson 1 (0’59”)
Confession Masson 2 (0’53”)
Billet d’avion (0’55”)
Dans l’avion (1’04”)
Fin alternative, avec commentaire audio optionnel de Jacques Audiard (2’11”)
Interview de Tonino Benacquista (2002, 20’29”)
Interview d’Alexandre Desplat (2002, 14’22”)