Cédric Lépine (avatar)

Cédric Lépine

Critique de cinéma, essais littéraires, littérature jeunesse, sujets de société et environnementaux

Abonné·e de Mediapart

3749 Billets

6 Éditions

Billet de blog 4 juillet 2021

Cédric Lépine (avatar)

Cédric Lépine

Critique de cinéma, essais littéraires, littérature jeunesse, sujets de société et environnementaux

Abonné·e de Mediapart

"L’Indomptable feu du printemps" de Lemohang Jeremiah Mosese

Mantoa, la doyenne d’un village parmi les montagnes du Lesotho au cœur de l’Afrique du Sud, se mobilise pour protéger la mémoire de la communauté et les restes des défunts d’un cimetière alors que la construction d’un barrage hydroélectrique doit inonder toute la vallée.

Cédric Lépine (avatar)

Cédric Lépine

Critique de cinéma, essais littéraires, littérature jeunesse, sujets de société et environnementaux

Abonné·e de Mediapart

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Illustration 1
"L’Indomptable feu du printemps" (This Is Not A Burial, It’s A Resurrection) de Lemohang Jeremiah Mosese © Arizona Distribution

Festival International du film de La Rochelle 2021 : L’Indomptable feu du printemps de Lemohang Jeremiah Mosese

Si le Lesotho, monarchie constitutionnelle isolée au cœur de l’Afrique du Sud, est un horizon cinématographique largement méconnu des cinéphiles européens, Lemohang Jeremiah Mosese avec ce troisième long métrage lui offre une présence d’une force émotionnelle et narrative d’une puissance hors du commun qui s’enracine dans la nuit des temps des récits mythologiques de la culture sotho. Le propos politique d’une révolte locale face à la dictature du progrès imposé sans alternative, aurait pu s’apparenter au Bacurau (2019) de Kleber Mendonça Filho et Juliano Dornelles mais au lieu d’user de la dramaturgie du cinéma de genre, Lemohang Jeremiah Mosese choisit de fusionner la forme orale du récit mythologique local avec un narrateur aveugle. Cet homme qui pourrait être un Homère de la culture sotho jouant du lesiba, instrument traditionnel de ce pays, semble invoquer les esprits des ancêtres aptes à transmettre la mémoire autour d’un récit épique, incarné par la doyenne charismatique d’un village. Cette femme fait à la fois face à trois représentations patriarcales du pouvoir que sont le député, le chef du village et le prêtre en réussissant à les tenir en respect en démontrant très simplement l’ineptie de leurs décisions.

C’est aussi en tant qu’artiste visuel éminemment inspiré que Lemohang Jeremiah Mosese s’empare du montage pour créer des liens narratifs d’une puissance d’évocation viscérale alors que chaque plan savamment travaillé s’enracine sans cesse dans la mémoire collective autour de l’incarnation fascinante de l’actrice octogénaire Mary Twala. Le film réussit à faire vivre cette ineffable âme des ancêtres pour laquelle le personnage principal au crépuscule de sa propre vie se mobilise avec une force de conviction inéluctable où la mort n’est rien d’autre qu’une transmission.

Illustration 2

L’Indomptable feu du printemps
This Is Not A Burial, It’s A Resurrection
de Lemohang Jeremiah Mosese

Fiction
120 minutes. Lesotho / Afrique du Sud / Italie, 2019.
Couleur
Langue originale : sotho

Avec : Mary Twala (Mantoa), Jerry Mofokeng (le joueur de lesiba), Makhaola Ndebele (le prêtre), Tseko Monaheng (le chef Khotso), Siphiwe Nzima-Ntskhe (Pono), Thabiso Makoto (Lasaro), Thabo Letsie (Mokolobetsi), Silas Monyatse (Morui), Aleandro Florio (le prêtre évangéliste), Sarah Weber (l’épouse du prêtre évangéliste)
Scénario : Lemohang Jeremiah Mosese
Images : Pierre de Villiers
Montage : Lemohang Jeremiah Mosese
Musique : Yu Miyashita
Décors : Leila Walter
Costumes : Nao Serati
Production : Urucu Media
Producteurs : Cait Pansegrouw, Elias Ribeiro
Coproducteurs : Daniel Caleb, James Matthes
Distributeur (France) : Arizona Films
Sortie nationale française : 28 juillet 2021

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.