"Animal Totem" de Benoît Delépine

Sortie nationale (France) du 10 décembre 2025 : Animal Totem de Benoît Delépine

Pour la première fois seul à la réalisation sans son compère et complice Gustave Kervern, Benoît Delépine n’a rien perdu de son énergie anarchiste, en valorisant la conception du chevalier vengeur face à un monde mercantile méprisant les êtres vivants et les personnes en marge d’une société mercantile autonormée. La fable écologiste proposée plonge dans les inspirations de plusieurs films précédents des coréalisateurs pour faire naître un récit étrange, aux frontières du fantastique, tout en proposant un personnage conjuguant M. Hulot de Tati et James Bond sous les traits toujours inspirant du pince sans-rire aux multiples casquettes Samir Guesmi.

La photographie toujours bien maîtrisée d’Hugues Poulain, chef opérateur fidèle de Delépine et Kervern, se construit ici sur un format inédit : le cinémascope anamorphosé, qui prend tout son sens dans le registre burlesque du film et à plusieurs occasions avec les séquences proposant une subjectivité animale. Si le format est très bien utilisé dans les différentes séquences, n’étant jamais gratuit dans son altérité, en revanche les visions animales manquent de singularité scopique où de son côté le cinéma expérimental a fait preuve de plus d’inspiration.

De ce point de vue, la folie décomplexée d’Avida (2006) s’est largement assagie dans Animal Totem mais le choix de la sobriété par rapport aux outrances précédentes d’acteurs habitués aux excès et débordements baroques, offre ici un nouveau visage de Benoît Delépine qui mérite d’être découvert pour le plaisir du cinéma et de la réflexion citoyenne, avec la complicité d’un casting de multiples seconds rôles qui viennent dans ce road movie incarner les diverses réflexions sur les outrances d’une dynamique mercantile consommatrice du vivant.

L’anarchisme prôné entre humour froid, parfois burlesque est également étayé par une sagesse cinglante au sein des dialogues servis avec méticulosité, faisant du personnage interprété par Samir Guesmi également une version contemporaine de David Carradine, moine shaolin de la série Kung Fu (1972-75).

Animal Totem
de Benoît Delépine
Fiction
89 minutes. France, 2025.
Couleur
Format image : 3,55
Langue originale : française

Avec : Samir Guesmi (Darius), Solène Rigot (Coli), Gérard Boucaron (le chasseur), Patrick Bouchitey (le poète), Jonas Dinal (Tiger King), Mickaël Dourlens (un vigile), Marguerite Ducroquet (la patronne du bar), Richard Dussort (le joueur de billard), Harpo Guit (le jeune policier), Pierre Lottin (le garde du corps), Marion Martel (Zoé), Xavier Mathieu (le conducteur de Tesla), Miss Ming (la vigile), Yolande Moreau (la voix du conte), Olivier Rabourdin (Philippe Ripauillac), Timothée Sens (l’enfant dans l’abribus), Yassir Zihaj (le deuxième garde du corps)
Scénario : Benoît Delépine
Images : Hugues Poulain
Directeur de la photographie animalière : Thomas Labourasse
Montage : Soline Guyonneau
Musique : Sébastien Tellier
Chef opérateur son : Mathias Leone
1^er assistant réalisateur : Arthur Guerrand
2^e assistante réalisatrice : Anaïs Duquenoy
Cheffe décoratrice : Noémie Lettoli
Cheffes costumières : Sylvie Dermigny, Sonia Evin
Cheffe maquilleuse : Gaëlle Mennesson
Scripte : Laura Cordebœuf
Production : Toufik Ayadi, Christophe Barral
Directeur de production : Fabien Morault
Production déléguée : Srab Films
Coproduction No Moey Productions
Distributeur (France) : Ad Vitam
Ventes internationales : Goodfellas