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Billet de blog 5 janvier 2025

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"The Mask" de Chuck Russell

Stanley Ipkiss est un employé de banque dont la gentillesse fait de lui la cible privilégiée de personnes abusives à son égard. Alors qu'au cours d'une nuit il se retrouve dans la situation la plus calamiteuse, la découverte d'un masque magique d'origine viking contenant l'esprit farceur du dieu Loki, le conduit à faire vivre une nouvelle identité extravertie.

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Illustration 1
The Mask de Chuck Russell © Warner

Sortie DVD : The Mask de Chuck Russell au sein du coffret DVD comprenant The Mask de Chuck Russell (1994) et Le Fils du Mask de Lawrence Guterman (2005)

The Mask (1994) de Chuck Russell est le film qui élève Jim Carrey au rang de star hollywoodienne comique avec un rôle qui lui va d'autant plus comme un gant que la plasticité de son jeu renvoie immédiatement aux ressorts des personnages des cartoons. L'hommage au génie de Tex Avery est ainsi de tous les plans de manière explicite et fait là aussi une remarquable transition avec la masculinité triomphante des corps bodybuildés des héros de cinéma des années 1980.

Moins régressif que dans Dumb and Dumber (1994) des frères Farrelly, le personnage joué par Jim Carrey est ici un jeune homme candide dans un monde où domine de manière manifeste la cruauté et la criminalité, celle d'une pègre tout droit issue des années 1930 avec la figure iconique d'Al Capone.

Le scénario utilise la référence littéraire du L'Étrange cas du docteur Jekyll et de M. Hyde (Strange Case of Dr Jekyll and Mr Hyde, 1886) de Robert Louis Stevenson qui fut adapté avec le même mode humoristique par Jerry Lewis, autre référence incontournable de Jim Carrey, dans sa parodie Docteur Jerry et Mister Love (The Nutty Professor, 1963). The Mask reprend ainsi la problématique de l'individu introverti qui a recours à un masque pour séduire une femme par ses extravagances, à l'instar également des problématiques amoureuses super-héros qui commençaient sérieusement à faire leur retour dans les années 1990. Car c'est durant cette décennie que les nouvelles avancées numériques ont vu une multiplication de leur usage parmi les plus grosses productions avec l'usage du fameux fond vert où les personnages se voyaient ainsi attribués des performances qui dépassaient leur seules compétences humaines.

Ainsi, The Mask est la parfaite illustration d'une époque où l'humour cartoonesque assumé, dans la continuité de Qui veut la peau de Roger Rabbit (Who Framed Roger Rabbit, 1988) réalisé par Robert Zemeckis, opère toujours avec efficacité trois décennies plus tard. Jim Carrey livre un véritable feu d'artifice de son génie plastique en assumant son corps cartoonesque jusque dans ses multiples mouvements, ses cris, ses bruitages. Le film consacre ainsi la rencontre avec l'acteur, ce qui n'est pas forcément le cas avec Cameron Diaz qui fait sa première apparition à l'écran mais dans le rôle stéréotypé de la belle blonde trophée de l'épanouissement sexualisé du héros. Son rôle est ainsi très limité et le scénario n'est pas dénué de pointes de misogynie avec des personnages féminins systématiquement toxiques pour le héros, qu'il s'agisse de la collègue profiteuse, de la journaliste séductrice vénale ou encore sa concierge acariâtre et castratrice. Le seul personnage féminin positif est celle qui s'exprime peu et se laisse docilement amadouée par l'entreprise de séduction de Stanley Ipkiss / The Mask. Le scénario a beau être efficace, avec le plaisir cinéphilique de plonger dans la course aux multiples références, la trame principale ne va chercher aucune complexité narrative et ne fait preuve d'aucune inventivité de ce point de vue, de même dans les excès grotesque des méchants qui entrent cependant bien dans l'univers cartoon. Quant au chien fidèle du héros qui aura droit aussi à son moment d'extravagance cartoonesque Mask, il est d'autant plus marquant qu'il réapparaît dans la suite moins convaincante Le Fils du Mask (Son of the Mask, 2005) réalisé par Lawrence Guterman.

Illustration 2

The Mask
de Chuck Russell
Avec : Jim Carrey (Stanley Ipkiss / The Mask), Cameron Diaz (Tina Carlyle), Peter Greene (Dorian Tyrell), Peter Riegert (le lieutenant Mitch Kellaway), Amy Yasbeck (Peggy Brandt), Richard Jeni (Charlie Schumaker), Jim Doughan (le détective Doyle), Nancy Fish (Mrs Peenman), Orestes Matacena (Niko), Ben Stein (Dr. Arthur Neuman), Johnny Williams (Burt Ripley, le garagiste), Tim Bagley (Irv Ripley, le garagiste), Reg E. Cathey (Freeze « le Docteur »), Denis Forest (Eddy), Nils Allen Stewart (Orlando), Jeremy Roberts (Bobby, le videur), Eamonn Roche (Mr Dickey), Blake Clark (Murray), Joely Fisher (Maggie), Ivory Ocean (Mitchell Tilton, le maire de Edge City), B.J. Barie (un punk), Bullet Valmont (un punk), Debra Casey (une punk), Max (le chien Milo)
USA – 1994.
Durée : 101 min
Sortie en salles (France) : 26 octobre 1994
Sortie France du coffret DVD : 2 octobre 2024
Format : 1,85 – Couleur
Langue originale : anglais.
Éditeur : New Line
Distributeur : Warner Bros. Home Entertainment France

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