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Billet de blog 5 mars 2019

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Randolph Scott, un héros usé seul contre tous

Larry Delong a une vengeance à assouvir : retrouver l'assassin qui a détruit sa famille. Pour cela, il passe sa vie à protéger les diligences avec son arme. Pris dans un guet-apens, il s'enfuit et tente de prévenir la ville qui va être attaquée par une bande de truands mais les habitants, au contraire, le prennent pour un dangereux complice.

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Illustration 1
"Le Cavalier traqué" d'André De Toth © LCJ

Sortie DVD : Le Cavalier traqué d'André De Toth

Cinquième film de la fructueuse collaboration entre l'acteur Randolph Scott et André De Toth, Le Cavalier traqué est, sous ses apparences de série B, assez surprenant. Tout d'abord, parce que le film commence comme une histoire de vengeance avec un personnage principal dialoguant avec le spectateur en voix off comme s'il s'agissait d'un polar. Et en effet, le personnage positif incarné par un Randolph Scott comme à son accoutumée excessivement positif, toujours prêt à aider la veuve et l'orphelin, développe ici une part sombre : celle habitée par la vengeance. C'est d'ailleurs ce qui le conduit à faire les plus mauvais choix. Heureusement, le désir de vengeance des méchants les conduit eux aussi à réaliser leurs plus grandes maladresses, comme abandonner une arme et un cheval auprès de leur ennemi qu'ils sont sensés laisser pour mort ! Tant de maladresses frisent la paresse scénaristique pour sauver à peu de frais le héros du film. Heureusement, le sujet du film se trouve tout autre part, dans un lieu inattendu où le héros lui-même finit par disparaître derrière l'intrigue : la folie de toute une communauté qui, prise de peur, est prête à lyncher un homme sans la moindre forme de procès. Tout le film devient alors statique, dans ce village où un homme seul dans un saloon avec son arme doit faire face à toute une communauté d'hommes apeurés prêts à tirer sur tout ce qui bouge. Ce contexte de la couardise d'une population conduisant à l'intolérance la plus exacerbée n'est pas sans rappeler le climat maccarthyste de l'époque où la folie de la peur du communisme a entraîné le lynchage des personnes les plus progressistes de la société américaine.
L'homme seul contre la communauté devenue folle est le sujet le plus intéressant de ce film et le western n'est plus qu'un contexte bien utile pour interroger l'instauration de la justice dans un pays en pleine construction. La mise en scène et le montage sont loin de la maîtrise d'un autre film conférant au huis clos que constitue Le Train sifflera trois fois réalisé deux ans plus tôt par Fred Zinnemann mais son sujet n'est pas anodin et Randolph Scott signe sa prestation habituelle de héros usé, sans charisme mais tout bonnement humain.

Illustration 2

Le Cavalier traqué
Riding Shotgun
d'André De Toth
Avec : Randolph Scott (Larry Delong), Wayne Morris (Deputy Sheriff Tub Murphy), Joan Weldon (Orissa Flynn), Joe Sawyer (Tom Biggert), James Millican (Dan Marady), Charles Bronson (Pinto), James Bell (Doc Winkler), Fritz Feld (Fritz)
USA, 1954.
Durée : 73 min
Sortie en salles (France) : 16 mars 1955
Sortie France du DVD : 7 février 2019
Couleur
Langues : anglais, français - Sous-titres : français.
Éditeur : LCJ Éditions

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