Sortie du combo Blu-ray/DVD : Bruno Reidal, confession d'un meurtrier de Vincent Le Port
Si de prime abord cette adaptation d'un crime qui s'est déroulé au début du XXe siècle par son approche psychologique clinique sans artifice n'est pas sans rappeler la démarche de René Allio et de son film Moi, Pierre Rivière, ayant égorgé ma mère, ma sœur et mon frère... (1976), les démarches et objectifs se distinguent, notamment autour des parcours des personnages historiques étudiés qui appartiennent à des périodes distinctes séparées exactement de soixante-dix ans. Il s'agit cependant dans les deux cas d'homicides violents et inattendus de jeunes hommes de la campagne que la France de la Révolution industrielle a complètement oublié pour ne pas dire méprisée.
Si le sursaut de violence de Bruno Reidal tient davantage du parcours psychologique individuel plutôt que d'un acte politique, tout son cheminement vers l'irréparable se trouve conditionné à la fois par une violence de classes, un cadre religieux très strict imposant ses condamnations de la sexualité, une enfance sans affection ni attention où le viol d'un enfant reste invisible pour tou.tes. Malgré toutes ces différentes raisons contextuelles, c'est au public du film qu'il est laissé la responsabilité de juger et comprendre.
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En effet, le film débute par le crime même avant un long flash-back narrant toute l'histoire du jeune Bruno Reidal, essentiellement à l'écrit par ce dernier. Une conscience se fait alors jour pour saisir par le futur criminel les origines de son propre mal et offrir ainsi patiemment au public contemporain des clés de compréhension à un comportement qui effraie encore par une violence qui dépasse à première vue tout entendement.
S'il y a des similitudes entre les films de René Allio et Vincent Le Port, ce n'est pas faute d'inspiration de ce dernier, mais seulement que le cinéma historique et politique français ne s'est encore que trop rarement aventuré en ces contrées à l'image de ces cinéastes. En revanche, malgré une mise en scène qui fait la part belle à une reconstitution historique d'une remarquable sobriété avec un point de vue clinique qui peut parfois flirter avec l'approche de Michael Haneke dans Le Ruban blanc (Das weiße Band, 2009), Vincent Le Port fait entrer davantage de fiction avec notamment le choix de tourner avec des comédiens professionnels dans les rôles principaux interprétés par Dimitri Doré, impressionnant sous les traits de Bruno Reidal et Jean-Luc Vincent d'une grande retenue dans le costume du professeur Lacassagne.
Cette résurgence de la fiction permet ainsi de conserver une pudeur où les premières victimes, qu'ils soient des assassins comme des cadavres, sont avant tout des enfants abandonnés à eux-mêmes. À quel point Bruno Reidal est-il le produit de son époque et met en miroir la société contemporaine du tournage, c'est là une réflexion féconde que le film laisse en partage.
Bruno Reidal, confession d'un meurtrier
de Vincent Le Port
Avec : Dimitri Doré (Bruno Reidal), Roman Villedieu (Bruno Reidal, 10 ans), Alex Fanguin (Bruno Reidal, 6 ans), Jean-Luc Vincent (le professeur Lacassagne), Tino Vigier (Blondel), Nelly Bruel (la mère), Rémy Leboucq (le berger), Ivan Chiodetti (le père), Tristan Chiodetti (François), René Loyon (le supérieur)
France, 2021.
Durée : 101 min
Sortie en salles (France) : 23 mars 2022
Sortie France du combo Blu-ray/DVD : 23 août 2022
Format : 1,66 – Couleur
Langue : français – Sous-titres : SME.
Éditeur : Capricci
Bonus :
Court métrage : La Marche de Paris à Brest (2021, 6’)
Commentaire audio de Vincent Le Port
Discussion publique entre Antoine de Baecque et Vincent Le Port (45’)
Entretien avec Dimitri Doré
Scènes coupées commentées