Sortie DVD de La Fille du 14 juillet, d’Antonin Peretjatko
C’est le 14 juillet et un petit gros à lunettes prônant le changement parade en suivant les pas de son prédécesseur. Entre les chars, Truquette tente de vendre quelques articles de circonstance. Au musée du Louvre, elle rencontre Hector. Avec des amis, ils partent tous ensemble sur les routes de France en vacances.

La Fille du 14 juillet fait partie de ces nouvelles propositions cinématographiques capable d’unir à la perfection cinéma d’auteur et comédie à l’incomparable efficacité. Le sens de l’humour y est très personnel, même si le cinéaste s’attache à une tradition de la fantaisie débridée, dans la lignée des Marx Brothers pour leur art des digressions. Comme on peut le (re)découvrir en bonus, ce sens de l’humour, Antonin Peretjatko l’a brillamment mis en place au fil de ses courts métrages, tous aussi réussi les uns que les autres, où l’on fait connaissance avec une troupe fidèle d’acteurs, en ajoutant la bienheureuse apparition d’Hafsia Herzi dans Paris monopole (2010). Ici, le cinéaste a eu la brillante idée d’associer à son univers Vincent Macaigne, l’un des meilleurs acteurs français qui s’est imposé en 2013. Toute l’énergie du film ne repose pas non plus sur lui, le cinéaste ayant réussi à doser les apparitions de chacun de ses personnages qu’il croque avec de savoureux détails. L’histoire défile à un rythme trépidant au cœur d’une course folle dans une France en pleine crise où l’État français impose à ses concitoyens de sacrifier leurs vacances pour sauver l’économie et sa sacro-sainte croissance. L’humour n’est donc jamais gratuit, à commencer par l’ouverture du film avec le grotesque défilé du 14 juillet où les tristes marionnettes du spectacle du pouvoir paradent sans complexe, inconscients de leur ridicule à perpétuer des traditions multiséculaires qui n’auraient pas déplu à Louis XIV ! La prétendue crise qui n’est pas le lot de tous, est traitée ici avec subtilité. Ce film rappelle au spectateur que le rire est aussi une décontraction de l’intelligence, capable d’appréhender des situations prétendument complexes. C’est l’appréhension de situations sociales qui conduit à la peur et à renoncer à la mobilisation citoyenne et démocratique : l’humour d’Antonin Peretjatko en donne un brillant témoignage.

La Fille du 14 juillet
d’Antonin Peretjatko
Avec : Vimala Pons (Truquette), Grégoire Tachnakian (Hector), Vincent Macaigne (Pator), Marie-Lorna Vaconsin (Charlotte), Thomas Schmitt (Bertier), Serge Trinquecoste (Docteur Placenta), Esteban (Julot), Philippe Gouin (Marcello), Lucie Borleteau (Gretchen), Pierre Méréjkowsky (Chamboule-Tout), Nicolas Maureau (Le lion), Albert Delpy (le patient), Bruno Podalydès (le commissaire), Julia Roman, Marc Faget
France – 2013.
Durée : 88 min
Sortie en salles : 5 juin 2013
Sortie France du DVD : 2 janvier 2014
Format : 1,85 – Couleur
Langue : français.
Boîtier : Keep Case
Prix public conseillé : 19,00 €
Éditeur : Shellac Sud
Bonus :
Un livret avec un entretien du réalisateur et sa bio-filmographie
La quasi intégralité des courts-métrages d’Antonin Peretjatko :
Changement de trottoir (2003, 13’)
French Kiss (2004, 18’)
Paris monopole (2010, 18’)
Les Secrets de l’invisible (2011, 25’)