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Billet de blog 8 novembre 2017

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Stacey Steers : une cinéaste animée par l’étrange

L’univers de Stacey Steers navigue dans les eaux d’une psyché troublée à l’instar des expériences des surréalistes où l’omniprésence des insectes révèle une part significative de la bizarrerie de l’âme humaine sur fond d’inquiétante étrangeté.

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Illustration 1
"Night Hunter" de Stacey Steers © Les Films du Paradoxe

À propos de l’édition DVD : Stacey Steers Studio

Les Films du Paradoxe ont d’ores et déjà consacré plusieurs éditions DVD au cinéma d’animation indépendant de part le monde. Ce volume, sous-titré l’animation indépendante américaine volume 1, est consacré à la mise en valeur d’une cinéaste : Stacey Steers. Quatre de ses courts métrages sont ici réunis avec en guise de bonus la vidéo d’une installation : dans une maison de poupée pour enfant, figure la retransposition de l’univers de son film Night Hunter. Cette édition fait suite à l’hommage que le festival de cinéma d’animation d’Annecy a rendu à la cinéaste en 2015 autour de la présentation de ces quatre courts métrages réalisés entre 1990 et 2011. On reconnaîtra dans cet univers cinématographique une recherche propre au cinéma expérimental dont on trouve au générique de Watunna la présence d’une de ses grandes figures en la personne de Stan Brakhage, qui offre sa voix de narrateur à une histoire mythologique issue de la tradition orale des Yekuana, peuple autochtone habitant entre le Venezuela et le Brésil. D’indépendance il en est tout à fait question car à l’instar des œuvres les plus marquantes du cinéma expérimental, Stacey Steers se retrouve sur chacun de ses courts aux différents postes du processus créatif. L’œuvre de Stacey Steers semble à première vue hétérogène par ses thèmes mais traite au final de la mémoire des images et des grandes figures mythologiques à l’origine du monde fantasmagorique, qu’il s’agisse d’un conte indien expliquant l’origine de la création de l’homme et de la vie sur terre, comme de la persona de Lilian Gish, icône du cinéma muet dans Night Hunter. Dans ce film, l’image en mouvements de Lilian Gish semble avoir été directement découpée ou isolée sur une pellicule argentique autour de laquelle figure des traits dessinés de mobiliers d’intérieur et des insectes et animaux inquiétants, traduisant les peurs qui ont dû habiter les rôles de jeune fille orpheline mélodramatique de l’actrice égérie de Griffith. Cette exploration des allégories qui habitent le cinéma muet américain des premières décennies de l’industrialisation du cinéma est encore à l’œuvre dans Phantom Canyon où l’on voit apparaître des insectes, un homme aux ailes de chauve-souris et une jeune femme. L’univers de Stacey Steers navigue dans les eaux d’une psyché troublée à l’instar des expériences des surréalistes où l’omniprésence des insectes révèle une part significative de la bizarrerie de l’âme humaine sur fond d’inquiétante étrangeté.

Illustration 2

Stacey Steers Studio : l’animation indépendante américaine volume 1
Night Hunter (2011 - 16’)
Totem (1999- 11’)
Phantom Canyon (2006 - 10’)
Watunna (1990 - 24’)

Durée du programme de courts : 61 min
Sortie France du DVD : 20 mai 2016
Couleur et Noir & Blanc
Langue : anglais - Sous-titres : français.
Éditeur : Les Films du Paradoxe
Bonus :
Night Hunter House (3’)

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