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Billet de blog 10 septembre 2023

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"Drive" de Nicolas Winding Refn

Dans les rues de Los Angeles la nuit, un conducteur taciturne au volant d'une voiture sème tous ses poursuivants, notamment les forces de police. Cet homme sort de sa réserve lorsqu'il rencontre sa jeune voisine et son fils.

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Sortie de l'édition 4K Ultra HD + Blu-ray - boîtier SteelBook : Drive de Nicolas Winding Refn

Devenu un véritable film culte, Drive marque un tournant dans les filmographies respectives de Nicolas Winding Refn et Ryan Gosling, avec la construction revisitée du héros masculin au cinéma. Cinéphile passionné, Nicolas Winding Refn construit une épure cinématographique à partir de la synthèse de différentes références, du héros silencieux à la manière de Clint Eastwood dont le cigare chez Sergio Leone se transforme ici en cure-dents, ou du fétichisme de la voiture qui épouse les rues de la ville à l'instar de Bullitt de Peter Yates, sans oublier l'homme solitaire issu du Samouraï (1967) de Melville. Le film est tout entier construit sur le principe du fétichisme, qu'il s'agisse des poses successives par le protagoniste, comme des plans extrêmement travaillés. Il en résulte une construction tout en sédimentation, comme si le film valait moins par son histoire originale que par son art de la condensation offrant une synthèse brillante tout autant qu'une épure fascinante. Le protagoniste masculin au corps en apparence, loin des corps de la virilité bodybuildés et hypertestostéronés des Schwarzenegger, Stallone pour les années 1980 auxquelles le film se réfère et offre une alternative à Dwayne Johnson, Vin Diesel et consorts.

Illustration 1
Drive de Nicolas Winding Refn © Wild Side

L'histoire d'amour pudique et tout douceur entre la jeune voisine innocente en détresse et l'homme sans nom mutique, semble rejouer la partition romantique de Rocky de Stallone mais avec une absence totale de vulnérabilité masculine, du moins en apparence. Comme Rocky, le conducteur peut compter sur un entraîneur qui est une figure paternelle protectrice meurtrie par la vie qui projette déjà son propre destin. Ce dialogue extradiégétique avec l'histoire du cinéma de genre est ici au service d'un questionnement profond sur l'image de la virilité autour de la figure du superhéros qui dans son armure (ici une voiture) devient invulnérable.

Pour ne pas se laisser déposséder de cette nouvelle figure de virilité déconstruite, Nicolas Winding Refn a ensuite été encore plus loin dans son film suivant en retravaillant avec Ryan Gosling sur Only God Forgives dont il reprenait pleinement les manettes de la réalisation autour d'un scénario original. Drive est ainsi une prodigieuse déclaration d'indépendance face aux voix tentatrices d'Hollywood d'un auteur européen déjà bien identifié avec ses expériences cinématographiques précédentes qu'il s'agisse de sa trilogie Pusher (1996-2005), Bronson (2008) ou encore Le Guerrier silencieux (2009).

Illustration 2

Drive
de Nicolas Winding Refn
Avec : Ryan Gosling (le conducteur), Carey Mulligan (Irene), Bryan Cranston (Shannon, le garagiste employeur du conducteur), Ron Perlman (Nino, un mafieux juif patron d'une pizzeria), Albert Brooks (Bernie Rose, l'associé de Nino), Oscar Isaac (Standard Gabriel Guzman, le mari d'Irene), Christina Hendricks (Blanche), James Biberi (Chris Cook), Kaden Leos (Benicio, le fils d'Irene et de Standard)
USA, 2011.
Durée : 100 min
Sortie en salles (France) : 5 octobre 2011
Sortie France de l'édition 4K Ultra HD + Blu-ray - boîtier SteelBook : 6 septembre 2023
Format : 2,40 – Couleur
Langues : anglais, français - Sous-titres : français.
Éditeur : Wild Side Video

Bonus :
Commentaire audio inédit de Nicolas Winding Refn
Making of (15’)
« Drive Without A Driver » : entretien avec Nicolas Winding Refn (26’)

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