Cinémondes, 18e du Festival International du film Indépendant de Berck-sur-Mer 2022 : Aya de Simon Coulibaly Gillard
Après avoir été présenté pour la première fois en juillet 2021 à Cannes au sein de la sélection ACID, Aya de Simon Coulibaly Gillard s'apprête à sortir en salles en France ce mercredi 12 octobre 2022 après avoir effectué une tournée mondiale des festivals en faisant un crochet par le festival de Berck sur Mer en présence du réalisateur.

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Avec une effervescente et généreuse disponibilité aux récits qui l'entoure, Simon Coulibaly Gillard a construit son récit en collaboration avec la protagoniste qui joue son propre rôle même s'il est conduit à se révéler à l'écran sous la forme d'un personnage de fiction : Aya. Ce personnage devient peu à peu le portrait à la fois d'une île en train de disparaître en même temps que l'insouciance de sa propre enfance qui s'enfonce dans les eaux troubles de la mémoire. Magnétique, Aya représente à la fois l'énergie résiliente de l'adolescence qui sait garder la tête haute face à un avenir incertain et un dialogue toujours extrêmement nourri avec sa mère dans une mise en miroir incessante de l'une à l'autre.
Le cinéaste en neuf mois de tournage en équipe réduite a nourri son récit autant que sa protagoniste du partage de son regard, de l'énergie de la population locale pour faire face à une catastrophe inéluctable pour au final accoucher d'une œuvre cinématographique capable de mettre en relation différentes interprétations au-delà de son île.
Aux frontières entre la fiction, le documentaire et le film de famille, Aya propose un voyage inédit à travers la subjectivité aux élans oniriques de son personnage éponyme dans un récit qui fait de l'économie de moyens une source essentielle pour construire son histoire, s'éloignant du spectaculaire d'une catastrophe naturelle pour s'approcher du sujet autobiographique de l'adolescence appréhendée comme le deuil de l'enfance. La volonté vive d'Aya de s'enraciner dans son lieu d'origine trouve alors un écho vif dans la disparition du cimetière. L'évacuation forcée des restes des ancêtres est alors d'autant plus nécessaire pour que les histoires des vivants puissent se poursuivre ailleurs.
Avec des partis pris formels exigeants, le cinéaste bien qu'inspiré sans cesse par le réel et les hasards qui n'en sont jamais pour qui veut bien s'en laisser inspirer pour partager des histoires, ne laisse ensuite rien au hasard dans sa construction méticuleuse. En communion aussi bien avec l'entourage humain local où il est entré avec la responsabilité d'un membre de la famille qu'avec la nature elle-même où la lumière naturelle a aussi guidé autant qu'inspiré le tournage, Simon Coulibaly Gillard offre avec Aya une merveilleuse démonstration que le cinéma peut aussi être un artisanat humble à l'immense créativité par les ressorts de ses savoir-faire multiples pour rencontrer et faire accoucher le réel de l'imaginaire qu'il porte naturellement.

Aya
de Simon Coulibaly Gillard
Fiction
90 minutes. Belgique, France, 2021.
Couleur
Langue originale : avikam
Avec : Marie-Josée Degny Kokora (Aya), Patricia Egnabayou (Patricia), Junior Asse (Junior), Mariam Traore (Coco)
Scénario : Simon Coulibaly Gillard
Images : Simon Coulibaly Gillard
Montage image : Marie-Hélène Mora, Bertrand Conard, Simon Coulibaly Gillard
Montage son : Clément Chauvelle
Son : Simon Coulibaly Gillard
Mixage : Anton Vodenitcharov
Étalonnage : Reda Berbar
Production : Michigan Films (Sébastien Andres et Alice Lemaire) et Kidam (François-Pierre Clavel et Alexandre Perrier)
Coproduction : RTBF, France Télévisions, CANAL+ Afrique, Shelter Prod, Dérives
Distributeur (France) : La Vingt-Cinquième Heure
Sortie salles (France) : 12 octobre 2022
Ventes internationales : Taskovski Films