À propos du livre Le Petit Larousse des films
La vertu d’un Larousse est son traitement ample et quasi exhaustif d’un sujet. Comment peut-on traiter du cinéma qui a plus d’un siècle d’histoire et des expériences singulières à travers le monde ? Dans cette ambition de traiter le plus largement possible le cinéma, plus de 3000 films sont ici présentés, classés dans l’ordre alphabétique des titres, accompagnés du titre original, du genre cinématographique, du nom du réalisateur, des acteurs principaux, de la nationalité, de la date de production, de la durée ainsi que d’un résumé de l’intrigue initiale. Les films considérés comme plus importants que les autres ont quant à eux droit à un traitement de faveur où les noms des personnages apparaissent, ainsi qu’une partie de l’équipe technique, la précision quant aux prix dont le film a été distingué et un commentaire signé par un critique de cinéma. Ces textes critiques proviennent de lignes éditoriales et d’époques distinctes, même si l’ensemble doit beaucoup aux archives fournis par l’association Chrétiens-Médias (anciennement O.C.F.C jusque 1982 et à présent devenu Les Fiches du Cinéma). Il s’agit d’une seconde édition, douze ans après celle de 2004, où l’on trouve ainsi de nouvelles notices : celles des films postérieurs à 2004. 26 photos en noir et blanc de films viennent illustrer le passage d’une lettre à une autre de l’alphabet. En fin d’ouvrage, on trouve plusieurs index : des filmographies par genres, par pays, par réalisateurs, par acteurs ainsi que des palmarès des Oscars, du festival de Cannes et des Césars, de leur création jusqu’à la date de publication de l’ouvrage.
Comme on peut s’imaginer, cette masse d’informations est une bien belle manière d’embrasser tout un pan du cinéma. Et pourtant, soyons réaliste, il y a forcément quelques limites à cette entreprise qui ne peut pas prétendre honnêtement à l’exhaustivité. Cette édition répond donc à des choix éditoriaux qui conduit par exemple à faire des Oscars, du festival de Cannes et des Césars, les seuls palmarès dont il faut prendre en compte dans l’histoire du cinéma. Malgré le poids de ceux-ci, ce choix est éminemment discutable, tout comme le choix des index et des films. Certes, ce petit dictionnaire constitue en quelque sorte « une cinémathèque à la portée de tous » comme mentionné sur cet ouvrage… mais en sacrifiant tout une réalité du cinéma qui gagnerait à être mise en valeur. Ainsi, les grands absents sont bien illustrés par ce choix de pays en guise d’index de la géographie des cinémas : Allemagne, Chine/Taïwan/Hong-Kong/Corée, Espagne, États-Unis, Europe de l’Est, France, Israël, Italie, Japon, pays scandinaves, Russie et ex U.R.S.S. Il manque rien moins que plusieurs zones continentales : toute l’Amérique en dehors des États-Unis, l’Afrique, l’Océanie, le Moyen-Orient, tous les pays du sud de la Russie… Les amateurs de ces zones géographiques seront donc bien déçus de constater ces absences. Faut-il être hollywoodien pour être mis en valeur ? L’exemple du cinéaste Alejandro González Iñarritu pourrait le laisse penser : alors que son premier film mexicain, Amours chiennes, un des plus notables de sa filmographie, est absent de cet ouvrage, ses films suivants produits aux États-Unis, ne sont quant à eux nullement oubliés. Ceci est également illustratif d’une situation de la communication générale du cinéma, notamment dans en France, la patrie d’une « certaine » cinéphilie, qui fait la part belle au cinéma consacré et entériné par les grandes firmes du cinéma et des médias de communication. Autrement dit, la place des autres cinématographies est une problématique qui dépasse le choix éditorial de ce Larousse. Néanmoins, il aurait été intéressant de voir figurer en préambule la ligne éditoriale de cet ouvrage pour justifier ce qui a conduit, par exemple, à faire ce choix de films.

Le Petit Larousse des films
Nombre de pages : 1056
Date de sortie (France) : 13 avril 2016
Éditeur : Larousse